Les confidences de Pascal Dusapin sur sa musique sont finalement assez rares; son art de composer, sa recherche de la forme restent un mystère pour bien des musicologues. Aujourd’hui Il nous fait quelques révélations. Loin de composer « à l’instinct » comme on lui en prête parfois la démarche, « au crayon », « à la table » comme il l’affiche habituellement (voir ici quelques exemples), il parle de « logiciel », « structure », « étais », « contraintes » dans un interview de Pierre Gervasoni au journal Le Monde. En voici quelques extraits.
Créer la première (et la plus grande) bibliothèque de partitions numériques du monde : c’est le défi que s’est lancé une entreprise basée à Berlin, « Enote », alliance d’un chef d’orchestre et d’un informaticien. Leur objectif : faciliter la vie des musiciens et des musiciennes du monde entier avec la « partition du 21e siècle ».
L’idée de cette nouvelle application (téléchargeable ici) est de se baser sur une intelligence artificielle capable de lire une partition dans les moindres détails, quels que soient l’instrument, la taille de l’orchestre, et de la retranscrire sous un format plus adapté aux écrans. C’est là que réside la principale innovation : en convertissant une partition papier dans un format natif, il devient possible de la transformer directement dans l’application : « Vous pouvez changer la taille du texte, mais aussi le style de partition : certains musiciens aiment voir la musique dans un certain style. La partition peut être personnalisée, ou transposée dans une autre tonalité, en un clic – ce qui, avant, pouvait prendre des heures, voire des jours, à la main« , explique Boian Videnoff.
Jusqu’à 150 000 partitions dans l’application ?
Même avantage pour les chanteurs, ou les pianistes qui parfois les accompagnent : gagner du temps et éviter du stress. « Chaque musicien, dans une partition d’orchestre, peut retrouver sa partie. On a une bibliothèque de métadonnées qui permet de naviguer dans un mouvement, voire à une mesure en particulier », détaille le chef d’orchestre, qui note aussi que cette bibliothèque numérique devrait permettre aux musiciens et aux musiciennes de retrouver des partitions rares, des éditions anciennes, sans prendre le risque de les abîmer.
À l’heure actuelle, l’application, qui est en version beta publique (et sur liste d’attente), propose 3 500 œuvres, et pratiquement autant sont ajoutées chaque semaine. D’ici à la fin de l’année prochaine, les concepteurs de l’application promettent qu’elle en contiendra plus de 150 000.
Est-elle crédible cette étude de scientifiques britanniques rapportée et publié ce jour par le magazine Sciences et Avenir , étude menée sur des enfants de six mois?
Sept personnes sur 10 sont insensibles aux tonalités majeures et mineures dans un morceau de musique. Chez les 3 personnes sur 10 qui peuvent reconnaître ces tons, cette capacité serait totalement innée. C’est ce que tend à prouver une étude menée sur des enfants de six mois.
Chaque morceau de musique est différent. Le rythme, la mélodie, l’harmonie, le timbre offrent des possibilités de combinaisons musicales pour tout mélomane. Le ton, ou la tonalité d’un morceau cependant, serait pour certaines personnes indiscernable. Ou plus exactement, seule une minorité de personnes seraient capables d’identifier si une gamme ou un accord est “majeur.e” ou “mineur.e”. Cette faculté serait en réalité totalement innée. C’est une hypothèse qu’ont décidé de vérifier des scientifiques de l’université de York, au Canada, dans leur étude publiée dans The Journal of the Acoustical Society of America.
7 personnes sur 10 sont incapables de reconnaître les variations de tonalité
Les chercheurs ont d’abord rapporté les résultats de précédentes expériences au cours desquelles des participants devaient identifier la tonalité de différents brouillages sonores, c’est-à-dire des séquences de sons qui s’enchaînent très rapidement. Les 50 brouillages présentés étaient composés de 32 tons purs successifs soit une seule note qui s’étendait sur 65 millisecondes. Chaque brouillage exprimait soit une tonalité majeure soit une tonalité mineure. Ce sont justement ces tonalités que les 293 volontaires devaient identifier à l’écoute des brouillages. Cette expérience a été réitérée trois fois entre 2013 et 2018, par des équipes différentes qui ont cependant toutes obtenu des résultats similaires : 70% des participants parvenaient à correctement identifier la tonalité d’un peu plus d’un brouillage sur deux (55%) et les 30% restants ne faisaient aucune erreur. De cette répartition, les chercheurs ont déduit que 70% de la cohorte ne pouvait pas distinguer les tonalités à l’oreille et que les 55% de réussite étaient à créditer à des réponses données au hasard. Une chance sur deux …
Les scientifiques ont formulé deux hypothèses pour tenter d’expliquer l’écart entre les oreilles sensibles et celles qui ne parvenaient pas à distinguer les tonalités. Première explication logique : l’entraînement. Il paraît évident à première vue que les volontaires qui dans leur vie ont pratiqué des activités musicales sont plus sensibles aux variations de tonalités. Cependant, les 30% de personnes qui ont su déterminer sans faute si les brouillages étaient majeurs ou mineurs n’avaient pour un grand nombre reçu aucune formation musicale. Et inversement, beaucoup de mélomanes et musiciens entraînés peinaient à répondre sans avoir recours au hasard. Selon une autre hypothèse avancée par les chercheurs, la vitesse des séquences de sons brouillées aurait pu induire en erreur certains participants, et favoriser ceux qui avaient une meilleure capacité à extraire les informations qui se succédaient rapidement. Cette hypothèse a également été rejetée : les résultats étaient les mêmes lorsque l’expérience était répétée en ralentissant les enregistrements.
Une capacité finalement innée
Construisant leur étude sur la base des précédentes et des conclusions qui avaient pu en être tirées, les chercheurs de l’université de York ont mené une expérience identique sur trente enfants de six mois. Le but ? Mettre une dernière hypothèse à l’épreuve : le caractère inné de la sensibilité aux tonalités majeures et mineures. « À six mois, il est très peu probable qu’aucun de ces enfants ait reçu une formation musicale formelle« , déclare Scott Adler, professeur associé au département de psychologie de la faculté, qui ajoute : « oui, les parents jouent de la musique pour les enfants. Tous les enfants de la civilisation occidentale entendent de la musique, mais ils ne reçoivent pas de formation musicale spécifique. Cette capacité à décomposer la musique est donc due à un mécanisme inné« . Face l’impossibilité de recueillir verbalement les réponses des bébés, les chercheurs ont imaginé un dispositif selon la tonalité majeure ou mineure de la séquence de son présentée signalait l’endroit (droite contre gauche) où une image allait ensuite être projetée. En suivant cette méthode, « ce que nous avons mesuré au fil du temps, c’est la façon dont les enfants ont appris l’association entre la tonalité qu’ils entendaient et l’endroit où l’image allait apparaître. S’ils pouvaient distinguer la différence de ton, à l’entente des notes principales par exemple, ils faisaient un mouvement de l’œil vers l’endroit où se serait trouvée l’image avant même que celle-ci n’apparaisse, car ils pouvaient le prévoir. C’est ce que nous avons mesuré« , déclare Scott Adler. Et comme chez les adultes, un peu plus d’un tiers (33%) enfants sont parvenus à distinguer sans commettre d’erreur les tonalités majeures et mineures. Il n’y a donc pas de processus qui permette d’acquérir cette capacité au cours de la vie, témoignant ainsi de la qualité inné de ce “don”.
« Il existe un lien entre la musique, le traitement de la musique et les capacités mathématiques, ainsi que le langage, donc on ne sait pas si ces choses sont liées à ces capacités. Cependant, lorsque les gens parlent aux bébés, ils changent l’intonation de leur voix et la hauteur de leur voix, de sorte qu’ils passent du majeur au mineur. C’est en fait un élément important pour l’apprentissage du langage par les bébés. Si vous n’en avez pas la capacité, cela pourrait affecter votre capacité à apprendre une langue« , explique Adler.