Ecouter la 10e symphonie de Beethoven ?

On aimerait bien pouvoir l’écouter, cette 10e symphonie. Malheureusement Beethoven est mort en n’en laissant que des fragments épars, des idées préparatoires, telles les 11 premières secondes.

Et pourtant, écoutez  ces 115 secondes de musique :

C’est extrait d’un concert donné début septembre à Lausanne par l’orchestre suisse Nexus. La partition a été écrite par AIBeethoven, une intelligence artificielle du type  deeplearning. Florian Colombo chercheur à l’EPFL   l’a entrainé sur les quatuors de Beethoven pour créer les partitions de  tous les instruments de la symphonie, et la partition finale n’a fait l’objet d’aucune modification a postériori. 

Que faut-il en penser? Ce court extrait est suffisant pour y reconnaitre  le style des quatuors de Beethoven. La composition est bien ficelée ainsi que l’instrumentation et l’orchestration, AIBeethoven a bien travaillé. Mais cela reste une musique d’imitation, sans innovation stylistique, sans le génie créateur de Beethoven.

Pour en savoir plus sur ce projet, lire ici l’article du magazine Sciences et Avenir.

5 réflexions sur « Ecouter la 10e symphonie de Beethoven ? »

  1. Bonjour,

    Pour élargir un peu la discussion, l’examen des carnets d’esquisses de Beethoven révèle pour ses œuvres les plus connues un principe créatif assez unique : les idées se propagent librement d’un projet à l’autre, et de la manière la plus imprévisible

    Par exemple, des thèmes pour l’Eroïca se juxtaposent avec des esquisses pour des thèmes de la future Cinquième Symphonie, il y a même quelques notes pour un finale choral de la Pastorale

    Autre constante assez remarquable : les symphonies se développent en général dans l’opposition de deux projets totalement simultanés, et… radicalement différents, la Quatrième et la Cinquième se développent conjointement dans deux directions opposées, de même, et à un degré encre plus accentué pour la monumentale Septième, et la « régressive » Huitième avec un insolite retour au menuet comme troisième mouvement (même Berlioz en fut déçu, presque interloqué)

    Dans le choix des thèmes, pas d’a priori non plus : la petite danse qui n’avait pas mérité de numéro d’opus va se retrouver en Finale du ballet les Créatures de Prométhée, avant de triompher dans le quatrième mouvement de la Symphonie Héroïque, on retrouve là la prodigieuse aptitude au développement, qui permet de varier à l’infini les possibilités expressives issues d’un matériau très simple, voire basique

    Tout cela pour dénier objectivement à toute machine le pouvoir d’en faire autant, l’incertitude de l’improvisation est un chemin réservé à l’Humain, puisqu’il faut de l’émotion pour défricher l’inconnu, et l’affirmation de la liberté transgressive de l’Artiste pour « pousser le thème dans toutes ses modulations, le perdre, puis le poursuivre, et enfin le retrouver, le modifier sans cesse, pour en faire une symphonie »

    Ce qui frappait les contemporains de Beethoven, aussi bien dans son jeu pianistique que dans son orchestration, c’était le caractère absolument imprévisible de ce qu’il faisait du thème initial, et les transitions dynamiques inattendues, contrairement à Mozart ou Haydn, qui, d’une manière ou d’une autre passaient un temps important à la préparation, Beethoven pouvait démarrer toute une symphonie avec seulement quatre notes qui explosaient dès leur première occurrence

    Pourquoi je n’essayerai même pas d’écouter une musique crée à l’aide d’une machine, fut-elle biberonnée à une source magistrale ?

    Tout simplement, parce qu’il n’y a rien d’humain dans cette démarche, et que de ce fait, elle m’intéresse à peu près autant que ma première chemise…

  2. Le musicologue britannique Barry Cooper a réalisé une « reconstruction » de cette symphonie posthume de Beethoven, qui a été gravée, et… copieusement éreintée
    à l’époque par la critique (en effet, la partie lente n’était qu’un plagiat assez maladroitement orchestré du mouvement central de la célèbre sonate « Pathétique)

    Ce dont on est à peu près sûr, c’est que Beethoven a joué le premier mouvement en entier au piano, et qu’il était effectivement composé d’une introduction lente, suivie d’un vigoureux allegro en mi b majeur (la tonalité « héroïque ») avec reprise finale de la partie lente

    Comme je suis curieux, j’ai retrouvé les copies du carnet d’esquisses de Beethoven sur le site consacré à ce compositeur, qui proviennent du musée Beethoven Haus de Bonn, et qui ont pu être rattachées à ce projet de symphonie, et ne reculant pas devant le sacrilège, je me suis amusé à les compiler en vrac pour piano, histoire de me faire une idée de ce que ça aurait pu donner :

    https://www.free-scores.com/partition?p=aYnvfJsBrf

    Je n’ai pas eu le culot de référer à une hypothétique 10e Symphonie, mais ce que j’ai retenu, outre la tonalité, c’est un retour vers le style héroïque des débuts de Beethoven, que je ne sais plus quel musicologue avait affublé de l’appellation « Deuxième manière », pour la distinguer de la première, encore redevable à Haydn et Mozart, et de la dernière, celle où les bien pensants furent persuadés de la folie de l’auteur, puisqu’ils ne comprenaient plus rien à ses derniers quatuors

  3. Il s’agit des premières mesures, de la main même de Beethoven, pour le Scherzo en ut mineur, citant le rythme dit « du Destin » de la 5ème Symphonie écrite dans la même tonalité … Toutefois, les esquisses laissées par Beethoven spécifient TRES CLAIREMENT un « PRESTO » … c’est-à-dire un tempo TRES rapide à l’exemple du Scherzo de la 7ème Symphonie … Ici, le temp se traîne comme ce n’est pas possible !!!

  4. Vraiment bluffant pour le style…certaines envolées s’interrompent sans rappel, mais une musique de fond ‘à la manière de’ créée de cette manière ferait son effet.

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