Philippe Deleplace : Quatuor de bois – II- Analyse

Cher Philippe,

J’ai écouté attentivement le 2e mouvement de ton dernier ouvrage intitulé «  Jeux  de quartes » pour quatuor de bois et l’ai trouvé très intéressant, bien que d’un abord difficile  en première écoute.

La rythmique à quatre temps fait l’unité de la pièce, avec un caractère primesautier délibéré qui évoque  la légèreté et l’insouciance d’une jeunesse joueuse.

Sans partition, je me suis amusé à rechercher (c’est une gageure !) les tonalités utilisées dans cette pièce largement atonale. Le début en fa  enchaîne rapidement les modulations pendant les 30 premières secondes, plus ou moins à la quarte  (d’où le nom de la pièce ?). Mais à partir de 29′ , la tonalité reste globalement en sib, ce que confirme la pirouette tonale de la fin.

Je me suis demandé comment tu composes (chacun a son style, sa méthode…). Ecris- tu  sans te poser trop de question sur la forme, comme un Dusapin, dans la foulée d’une inspiration qui dicte le style ? Ou au contraire,  écris-tu « sous contrainte »,  comme Messiaen ou Boulez (chacun avec sa méthode) ? Essaies-tu d’éviter  les consonances, les idées mélodiques,  les résonances lointaines des musiques néo-classique que l’on trouve chez un Karol Beffa ? La question se pose, à l’écoute de ta musique.

Je profite de ce billet pour présenter tous mes voeux à mes fidèles lecteurs : que cette année soit plus riche d’oeuvres musicales et artistiques, avec moins des  problèmes que nous vivons malheureusement au quotidien.

Jean-Louis Foucart

L’oreille absolue n’existe pas

Je recycle deux billets du 17 décembre 2007 et 1er juillet 2010  sur cet éternel objet de discussions pour les  musiciens : 

BONNE LECTURE !

1861 -La terrible Première de Tannhäuser à Paris

Pauvre  Richard Wagner ! En ce 20 mars 1861, avec la première de son Opéra Tannhäuser à Paris, il n’était pas à la fête. Voici ce que publiait Le Figaro du 10 janvier 1861 :

On répète toujours, à l'opéra, la partition de M. Wagner. Mais on ne l'a pas encore comprise. Ni les chanteurs, ni l'orchestre  n'entendent une note de ce grimoire germanique.  A défaut du mérite de la clarté M.Wagner a cependant celui de la franchise, -une franchise brutale.

Et voici ce qu’ajoutait Le Charivari le 5 mars 1861 :

La musique de richard Wagner s'appelle musique de l'avenir.On m'a affirmé qu'on n'y jouait pas de tam-tam. Cette musique doit être bien peu harmonieuse, il est vrai qu'on y entend un chœur de chien. C'est étonnant mais je n'ai pas de bonne idée de cet opéra. Pour mon compte je n'aime le chien que rôti.

Voici enfin ce qu’en pense le Figaro au  lendemain de la générale :

La cabale de Wagner
" Nous voilà quittes enfin du Tannhäuser, tombé de façon à ne plus se relever. Encore s'il s'était fait siffler! On pourrait crier à la cabale; n'a pas, après tout, des ennemis qui veut! Mais la pièce a fait rire, chose terrible; mais elle a fait bailler, malheur irréparable! On reprend la femme qui vous a trahi. Revient-on à l'homme qui vous assomme?"