Beau film sur Ligeti, hier soir sur Arte. L’homme se présente avec pudeur et gentillesse et beaucoup d’urbanité, « bien que je sois terriblement agressif, au fond de moi » nous dit-il.
La raison? Les terribles évênements personnels qu’il a vécu.
Le nazisme d’abord, en 1944-45 à Bucarest, la déportation et la mort à Matahausen de son pêre et de son frêre (sa mêre reviendra, miraculée); les « terroristes » communistes ensuite, qu’il subit à Budapest où¹ il est allé étudié à l’Académie Franz-Liszt, une école de rigueur, avec l’espoir (forcément contrarié!) de rencontrer son Dieu, Bartok. « Trouver un chemin qui venait de Bartà³k et conduisait vers »… Vers il ne sait pas quoi, et il ne le saura jamais car c’est la quête qui l’intéresse finalement plus que le systême de composition. Je ne sais jamais où¹ je vais quand je commence une nouvelle œuvre nous dit-il.
Aprês la répression de la révolution tranquille de 1956, il fuit Budapest et la Hongrie avec pour seuls viatiques une partition de sa « Sonate » (?) pour pouvoir apporter la preuve qu’il écrit de la musique, et une brosse à dent « sans dentifrice » (le dentifrice portait malheur, pour passer en douce la frontiêre); il tente de rejoindre Stockhausen en son studio de musique électronique de la radio de Cologne car il en avait entendu presque par hasard une œuvre électro-acoustique qui l’avait séduit.
C’est là qu’il rencontre aussi la clique des dodécaphonistes bien connus, Luciano Berio, Pierre Boulez, Luigi Nono, etc, Rétrospectivement, il parle d’une « secte » qui s’était volontairement et totalement coupée du public des mélomanes. On sent qu’il n’a pas une appréciation três flatteuse de cette époque et de cette musique là . Pour sa part, il reste trois ans à Hambourg et met rapidement à profit ce qu’il apprend dans ce studio d’électro-acoustique (découpage des sons electro-acoustiques, assemblage, mises en boucles, inversion des bandes, etc.) pour utiliser ensuite non plus les sons électro-acoustiques (« il n’aime pas trop les hauts parleurs ») mais les sons de l’orchestre. Il les combine, les superpose, les oppose en un multitude d’éléments indépendants qui finissent par se rassembler en une « toile » (en référence aux araignées dont il a horreur depuis la plus tendre enfance), en espaces acoustiques « immobiles » d’une poésie et d’un rayonnement sublimes.
Au passage il nous parle aussi de Paul Klee qui a beaucoup influencé sa conception de la musique « immobile ».
Décidément…Oui, il faut que je vous parle de Paul Klee, des rapports de sa peinture à la musique(*). Dês que j’aurai terminé l’excellent bouquin de Hajo Duchting sur le sujet, mettant à profit les prochaines vacances 🙂 (*) C’est fait ! Voir ici.
le pauvre, pas gaté ! du nazisme au communisme ! 🙁
heureusement qu’il y a la musique 🙂