On se rappelle de la publicité que Nietzsche, d’abord grand admirateur, puis contempteur de Wagner fit à Georges Bizet, en déclarant :
Sa musique me paraît parfaite. . . elle est aimable, elle ne transpire pas. . . elle est riche, elle est précise. . . elle construit, elle organise, elle a une fin : par là même elle s’oppose au polype de la musique, la « mélodie continue ».
Et c’est vrai qu’au delà du procédé de la modulation « franche » (par différence avec la modulation « préparée ») qu’il a largement utilisé, en rupture avec les Wagner et autres compositeurs de l’époque, Bizet fut d’abord le roi de l’orchestration. Exemples (. . . )
Musique légêre : Il l’obtient en entrecoupant les basses de silences. Musique colorée : Il utilise systématiquement les vents et leurs timbres si particuliers pour colorer sa musique, là où¹ les cordes (ou le piano) ne font entendre qu’ une harmonie de sons. Musique claire : Bizet confie chaque élément musical, mélodie ou accompagnement à un seul groupe instrumental Ainsi, la mélodie sera t-elle confiée aux bois (flà»te) et l’accompagnement aux cordes (pizzicati). En cela, en bon tenant de l‘orchestration « à la française », il s’oppose à la musique allemande de l’époque, pà¢te sonore indifférenciée d’un Brahms ou d’unWagner. Musique dansante, pittoresque par une utilisation astucieuse des percussions pour la rythmique. Mais sa science de l’orchestration ne s’arrête pas là : pour obtenir le rendu convaincant de son fameux carillon dans Carmen, il en fabrique le son en mêlant :
– les harpes, qui font l’attaque de la note
– les violons qui en constituent la matiêre
– et enfin les cors qui donnent la nécessaire résonance. Bizet, un orfêvre de l’orchestration, malheureusement mort trop tôt (36 ans) aprês son seul chef d’œuvre, Carmen.