Bientôt les vacances! On va enfin parler d’autre chose que de Zygel sur ce blog !
Justement, Zygel (Zyzie pour les bloggeuses impertinentes) , Professeur d’improvisation au Conservatoire, comme on le sait a fait sa derniêre leçon à la Mairie du 20e (juste avant les élections) sur ce thême.
Je résumerais ses propos en disant que l’improvisation, ça ne s’enseigne pas!
Un peu court quand même, ce résumé? Alors improvisons un billet sur ce thême.
D’abord il faut savoir que la musique a commencé par l’improvisation et oui, l’homme a chanté l’amour, la guerre, la vie avant même de savoir lire et écrire (les oiseaux aussi, d’ailleurs).
Aujourd’hui encore, les compositeurs de chanson populaire n’écrivent pas leur partition, ils la font « relever » uniquement quand la chanson « marche » ; c’est le propre de la musique populaire que de « marcher » ou non quand la chanson marche, on la trouve à l’étalage des librairies musicales (c’est comme nos compositions qui ne sont pourtant pas populaires, remarque personnelle, pas de Zygel) Plus généralement, mis à part la musique « savante » occidentale, les musiques ne sont jamais écrites.
C’est pourquoi, le vrai talent est de savoir improviser : ça ne s’apprend pas, et c’est pas donné à tout le monde. Zygel l’a appris en étant gamin. Comme il voulait lire ses BDs et que son père voulait qu’il fasse son piano, il a concilié les deux activités à l’insu du père (non musicien) en pianotant les BDs sur le pupitre…Joli, n’est-ce pas?
Personnellement j’ai appris à improviser à force de jouer d’oreille les musiques des autres. Et chaque improvisateur a surement sa propre méthode.
Au delà des anecdotes, Stéphane Grappelli qui jouait au Gaumont Palace place Clichy (magnifique cinéma !), Florent Schmitt qui payait 20000 euros la répétition d’orchestre pour la Générale du film muet Salambo, les improvisations de Fauré très bien écrites, etc., j’ai appris quand même, par exemple, que le terme de « Cadence » du concerto vient du fait que le soliste doit jouer entre les deux accords finaux de la cadence qui termine l’œuvre, à partir du premier pour arriver sur le second (ça s’appelait aussi point d’orgue du latin punta organum, ce qui n’a rien à voir avec l’orgue, l’instrument).
Intéressant était également la comparaison entre la musique de jazz et la passacaille (ou la chacone) de la musique classique : dans les deux cas, on improvise sur une grille d’accords.
En fait, le plus intéressant pour un fan de Zygel comme moi étaient ses impros « libres » jouées en séance, avec son compère Berrod (orthographe?) à la clarinette SIb et à la clarinette basse : c’est là qu’on se rend compte qu’il fait (qu’il compose?) de la musique vraiment moderne, au delà des impros sur une thème proposé par le public à sa demande (l’horreur : obligé d’improviser sur le thème de la cuisine chinoise, ou du boudin. Ça lui apprendra à solliciter le public!)
Mais la véritable improvisation de la journée fut après la séance, cette promenade de retour à travers le Pêre Lachaise et cette photo d’une visiteuse (et bloggeuse!) de cimetiêre en pleine action entre les familles Gazel(le) et Cerise….tout un programme ! non loin des tombes de Chopin et Petrucciani.
Tres interessant ce compte rendu sur la conférence de Zygel. Une amie m’a fait découvrir ses leçons de musique et elles sont vraiment passionantes. Je regrette de ne pas être allé a celle-ci car je devais preparer un examen…
L’article sur l’improvisation est également très intéressant.
Merci à tous
Et donc.l’improvisation comme la composition s’apprennent et quand dans cet article cité plus haut nous entendons Naji Hakim dire :
"j’ai toujours aimé jouer au piano des chansons, des cantiques, des hymnes, des musiques de danse. Cette joie de reproduire s’est progressivement transformée en désir de création (composition, improvisation) – momentanément freinée pendant mes études d’écriture au conservatoire. " … cela nous confirme dans notre idée qu’il y a un risque chez bien des "créateurs en herbe" " de se voir freiner" dans leur élan créateur et d’étouffer leur spontanéité… Enfin parions que leur passion pour la musique sera toujours la plus forte… Comme l’envie de respirer pour un oiseau, ressortant vite la tête hors de l’eau…
Au fait, Naji Hakim, organiste virtuose, improvisateur compositeur est également ingénieur. Des qualités et compétences qui décidément semblent souvent marcher de …concert !
Pour en revenir à l’improvisation, je me souviens d’un livre plutôt agréable à lire et instructif : "l’improvisation musicale, essai sur la puissance du jeu " ( Actes Sud) de Denis Levaillant , dans lequel l’auteur, pianiste compositeur et improvisateur, nous fait part de ses convictions en la matière et mais aussi nous partage ses conversations avec quelques grands noms de la musique…Il aborde même « l’improvisation collective » ( je n’ai pas dit l’hystérie collective) On peut en avoir une petite idée là :
vulcain.lamediatheque.be/… tout en bas vous pouvez en écouter un exempled’impro collective.
M.
Sylvie ! quelle mine d’or cet article ! Merci beaucoup.
Cet article est tout à fait remarquable ! J’en recommande vivement la lecture.
Merci Sylvie !
Alors improvisons…
une interview de Naji Hakim sur l’improvisation :
http://www.najihakim.com/writing...
Bien musicalement à toi,
Sylvie Jamet blogueuse & accordéonaute
Bonne idée.
Tirez les premiers, Messieurs les Anglais !
Alors, qui d’entre nous enregistrera une de ses improvisations pour la poster sur ce site ? Chiche ?
En sortant de la « leçon d’improvisation », donnée par Jean-François Zygel ce 7 juin 2007, dans la célèbre salle des Mariages, de la Mairie du XX e arrondissement de Paris, tous les auditeurs et mélomanes présents n’avaient certes pas encore en mains tous les éléments techniques pour entamer sur -le-champ une carrière d’improvisateur, mais plutôt redécouvert une pratique musicale attrayante et quelque peu délaissée
Premier moment, premier scoop improvisé en effet : Zygel décide de donner la parole à son cher publicChacun peut poser les questions qui lui vient à l’esprit ! Voilà donc la marque d’un maestro ! Zygel prenant le risque de confier un peu au "hasard" sa leçon habituellement bien programmée et sur-contrôlée
Intéressantes ces improvisations dans l’ensemble ? Oui, bien sà»r, on ne peut le nier ! Mais ce sont les improvisations libres qui furent les plus réussies à mon avis. La toute dernière surtout avec la clarinette basse jouée par Philippe Berrod, fut la plus riche (clarinette basse échangée contre la clarinette en si bémol jouée dans les premiers morceaux).
Les improvisations réalisées avec panache et humour sur des thèmes culinaires proposés par le public ( « cuisine chinoise en bande dessinée » et « boudin ») même si elles furent alléchantes et accueillies avec enthousiasme étaient légèrement plus « "télé"…"phonées" » .
Dans l’improvisation libre, très contemporaine, et concluant la leçon, la grande clarinette basse était tenue fermement par un musicien dansant et inspiré, tandis que JFZ s’ingéniait sur son clavier et hors du clavier, penché parfois sur le grand corps du piano au-dessus des cordes, pour en pincer ( ou frapper ?) quelques -unes, tour à tour Le piano percussif revenant à la mode n’est-ce pas rythmes, motifs, accords, silences, tout sonnait contemporain
Juste avant JFZ proposait de nous faire entendre un enregistrement assez ancien de Jean Wiener et d’un de ses compères pianistesimprovisant une manière de rag-time sur le thème d’une valse chopinesque en ut # mineur, si je me souviens bien
Evoquant également les liens entre musique et cinéma muet, il fut question aussi des improvisateurs pianistes, remplaçant parfois. l’orchestre ( trop onéreux).
Après avoir rappelé que le jazz était fondé aussi sur un système de grilles d’accords finalement et sur la variation tout comme la chaconne et Passacaille en musique classique, il précisa aussi que les pianistes classiques avaient souvent utilisé les thèmes d’opéra dans leurs concerts d’improvisation
Franz Liszt fit de célèbres paraphrases de concert, dont celles sur « God save the queen »
[n’est-ce pas Haendel qui avait composé la mélodie du « God save the king ? » ]
Selon le professeur Zygel , pour bien improviser « il faut là¢cher prise », il s’agit de pratiquer un langage parlé, oui c’est un art de la conversation On sait ce qu’on va dire dans l’ensemble, grosso modo, mais sans en avoir écrit précisément les mots, improviser en musique c’est un peu le même processus.
Et la cadence ? C’ était une « fantaisie » laissée au soliste entre 2 points de cadence ! Mozart lui, préférait les écrire
Un point éclairci par Zygel : le « Punctum organi » signifiait le Passage d’organum, que l’on a maladroitement et un peu vite traduit par « point d’orgue » ( l’organum étant une pièce vocale de musique religieuse entre le 11 e et 13 e siècle, la coda venait à la fin du conduit syllabique, chanté par plusieurs voix, à un moment donné une voix soliste « prenait » la teneur, la mélodie principale)
Autrefois, l’improvisation permettait de varier les morceaux musicaux dans la musique religieuse où¹ les thèmes étaient obligés, ainsi Jean-Sébastien Bach improvisait très souvent. L’improvisation est tout à fait fonctionnelle à l’orgue, indispensable à la bonne marche de services liturgiques, on ne sait jamais précisément le temps exact d’une séquence précise
( offertoire, communion) et celle-ci peut s’avérer plus longue que prévue Il est donc nécessaire parfois d’improviser.
Répondant à une suggestion du public : celle d’improviser sur le thème d’un prélude de Chopin ( le prélude à la goutte d’eau ) Zygel s’exécute aussitôt, seul au piano, non sans avoir lancé, « oui mais à la manière de Beethoven ! »Ce qui fut dit fut joué !
Le fin mot de l’histoire pour le maestro, sera que l’improvisation est "un art du vivant, une revanche de la vie sur l’écrit" Il ajoutera que c’est le domaine du fugitif et de l’éphémère, un art véritable du spectacle, une revanche des forces vitales !
[ Quelqu’un s’est interrogé pendant cette leçon sur l’étymologie du mot
« improviser » tout le monde a du regarder dans les dictionnaires depuis ! Comme on l’avait pensé à ce moment là , l’étymologie latine est la plus évidente : improvisus, im- provisus (de providere : prévoir , de pro et videre) Mot dérivé aussi de l’ italien « improvvisare » = qui arrive de manière imprévue. A noter que "l’œuvre d’improvisation" se disait autrefois « improvisade » mot qui a était remplacé par « impromptu ». Le nom même « improvisation » apparaît chez Mme de Staà«l en 1807(pour aller plus loin veuillez consulter vos dicos dont le « Dictionnaire Robert, historique de la langue française par Alain Rey ) ]
On aurait pu évoquer aussi la place de l’improvisation dans certaines musiques contemporaines ( musique aléatoire, ou au hasard contrôlé, musique intuitive, en citant John Cage, Stockhausen, Mauricio Kagel, et même Boucourechliev) ou encore certaines musiques extra -européennes de l’Inde, fondées sur un système complexe de rà¢gठ, qui invite à l’improvisation des interprètesMais on ne peut pas tout évoquer en 1 h 30 !
Dans la soirée , Jean-François Zygel devait récidiveret improviser une autre leçon avec l’excellent pianiste Antoine Hervépeut-être en aura-t-on des échos sur ce blog par quelques heureux auditeurs ?
En tous cas de nouvelles « boù®tes à musique » de JFZ ont été déjà annoncées pour les prochains mois…alors il y aura matière à parler de l’art musical Zygélien cet été? Sans parler des comptes rendus de ses "leçons" données au Chà¢telet, dont « celle de Bartok » que personne n’a encore évoquée !
Mazurka
<Jean Armand> j’ai eu le bonheur de chanter à la Trinité dans le choeur grégorien féminin de Paris – Naji Hakim improvisait après chaque pièce de grégorien que nous chantions, c’était sublime. Un grand moment de musique inoubliable ; nous étions dirigées par Ian-Eck Tulve, un jeune estonien qui est retourné dans son pays d’origine…
Tu me l’as rappelé en évoquant Naji Hakim.
Pour la cadence de soliste, c’est en général entre les deux accords de la cadence qui précède la réexposition, pas de la cadence qui termine le mouvement.
Cette idée que c’est à la fin d’une phrase que l’on peut ornementer le plus est très vieille. Je lis, dans le "Guide pratique d’analyse musicale" de Naji Hakim, à l’article "clausule" :
"1. Formule ou période conclusive dans le chant grégorien.
2. Ornementation improvisée des cadences dans la musique instrumentale de la Renaissance."
La cadence est le moment où¹ la tension retombe, et donc généralement celui où¹ elle est la plus élevée. Il est logique de vouloir prolonger ce moment.
Un fantôme, une apparition ?
Un toit tranquille où¹ marchent les colombes (le cimetière marin un peu révisé)…
En ce qui concerne l’impro du boudin c’était très très réussi et ça a beaucoup plu au public !
Précisions : les blogueuses admiratrices l’appellent "notre Zy" ET le compère clarinettiste s’appelle Philippe Berrod.
Très enlevé ce billet, yopla les gens, allez danser maintenant…..
Castafiora la bailadora