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La musique de Ravel, rien que sa musique

Il est rare de visionner un documentaire musical d’une telle qualité !
Ce documentaire Ravel en mille éclats de François-René Martin et Gordon  » est un bijou ». tant par sa beauté formelle que par ses choix musicaux. Il nous révèle la vie de Maurice Ravel (1875-1937) au cours d’une déambulation poétique dans les lieux emblématiques du compositeur à travers sa musique, dirigée notamment par Klaus Maïkelä et jouée par l’Orchestre de Paris et de merveilleux interprètes tels les pianistes Bertrand Chamayou et Célia Oneto Bensaid,  les sopranos Sabine Devielhe et Marie -Laure Garnier, le quatuor Modigliani, la violoniste Raphaëlle Moreau, le chœur Accentus et sa cheffe  Laurence Equilbey.

Arte propose  ce documentaire sur son site jusqu’en 31/03/ 2026. Voir la présentation ci-dessous et l’analyse que Télérama lui  consacre dans le numéro 3920 du 1 au 7 mars 2025.

 
 
 
 

Interpréter une œuvre musicale

Comment prendre connaissance et interpréter une œuvre musicale ? Faut-il y aller « à l’instinct » en essayant simplement de respecter au plus prés les indications figurant sur la partition ?
Faut-il au contraire à l’instar des grands interprètes approfondir la composition dans son contexte : projet du compositeur, circonstance de son travail (vie matérielle et affective), influences musicales du moment,  contraintes (notamment d’instrumentation) ou au contraire facilités dont il a pu momentanément bénéficier, etc.

Sidonie Blaise dans un article du Monde  approfondit le sujet en analysant  le livre « Interpréter. Pour une théorie de la reproduction musicale » (*) du philosophe Theodor W. Adorno (1903-1969) . Voici quelques extraits de  cet article :

Dans cet essai, qui réunit en particulier des notes sur Frederick Dorian, Wagner, Bach, Beethoven, Berg ou Schoenberg, le philosophe de l’école de Francfort, également pianiste et compositeur, fonde sa réflexion sur le fait que « la musique n’est pas un langage », mais une « langue sans intentions ». Il se propose ainsi d’élaborer une théorie de l’interprétation qui soit spécifique à cet art (…) Face à l’écueil d’une interprétation musicale « historiciste » (qui respecterait scrupuleusement la lettre de la partition), le philosophe prône une interprétation dans l’esprit de l’œuvre, qui consiste pour le musicien à l’analyser et à la comprendre comme un tout avant de la jouer avec sa gestuelle et son corps propres – pensons à la forme et à la force des mains du pianiste, qui structurent son style (**).

Opposé à toute pensée relativiste, selon laquelle l’interprétation dépendrait de chaque musicien, Adorno esquisse, par une fine dialectique, une théorie générale. L’interprète, dans sa subjectivité même, doit viser un juste accord avec les notations et la gestuelle suggérée par ces notations afin d’éclairer la cohérence de l’œuvre. Ainsi, « l’objectivité de la reproduction présuppose la profondeur de la vision subjective, sous peine de n’être que le décalque rigidifié de la surface ».
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(*)Interpréter. Pour une théorie de la reproduction musicale
(Zu einer Theorie der musikalischen Reproduktion. Aufzeichnungen, ein Entwurf und zwei Schemata),
de Theodor W. Adorno,
édité par Henri Lonitz, traduit de l’allemand par Martin Kaltenecker, Philharmonie de Paris Editions, « La rue musicale », 448 p., 17 €.

(**) Cette remarque sur la gestuelle d’une oeuvre me rappelle cette anecdote que m’a raconté Florentine Mulsant « Quand j’ai montré ma partition à Demarquette, il m’a dit : Dans cette tonalité tu ne me facilites pas l’interprétation, en la baissant d’un  demi ton je pourrais utiliser la » corde à vide » ce qui serait beaucoup plus simple ».
Ou cette autre du pianiste Eric Heidsieck : « Chez Ravel ou Chopin, on sent le pianiste car il compose en facilitant le passage du pouce dans les montées rapides ».

Bonnes fêtes avec Climat-III, J.F. Zygel et Rimski-Korsakov

Bonnes fêtes à tous !

Et pour ceux qui aiment ma musique voici  mon petit cadeau de fin d’année, mon dernier ouvrage de 2023, la video du 3e mouvement Climat III de ma Suite symphonique Climats.


Comme précédemment, la partition défile au rythme de la musique (casque et écran requis) 
Et aux autres, à tout ceux qui aiment la Grande Musique Classique je recommande le dernier enregistrement des  Clefs de l’orchestre de Jean-François Zygel avec l’analyse de Schéhérazade de Nikolai Rimski-Korsakov, une heure et demi de plaisir, disponible jusqu’au 09/04/2024 !

Bonne écoute, bonnes fêtes et à bientôt sur mon blog !