Anne GOLHEN interprète cette 2e Danse des Ménades, légère, aérienne, dans cette vidéo réalisée lors du concert de MusiComposer en l’Église du Bon-Secours en septembre dernier.
Bonne écoute !
Anne GOLHEN interprète cette 2e Danse des Ménades, légère, aérienne, dans cette vidéo réalisée lors du concert de MusiComposer en l’Église du Bon-Secours en septembre dernier.
Bonne écoute !
Comment prendre connaissance et interpréter une œuvre musicale ? Faut-il y aller « à l’instinct » en essayant simplement de respecter au plus prés les indications figurant sur la partition ?
Faut-il au contraire à l’instar des grands interprètes approfondir la composition dans son contexte : projet du compositeur, circonstance de son travail (vie matérielle et affective), influences musicales du moment, contraintes (notamment d’instrumentation) ou au contraire facilités dont il a pu momentanément bénéficier, etc.
Sidonie Blaise dans un article du Monde approfondit le sujet en analysant le livre « Interpréter. Pour une théorie de la reproduction musicale » (*) du philosophe Theodor W. Adorno (1903-1969) . Voici quelques extraits de cet article :
Dans cet essai, qui réunit en particulier des notes sur Frederick Dorian, Wagner, Bach, Beethoven, Berg ou Schoenberg, le philosophe de l’école de Francfort, également pianiste et compositeur, fonde sa réflexion sur le fait que « la musique n’est pas un langage », mais une « langue sans intentions ». Il se propose ainsi d’élaborer une théorie de l’interprétation qui soit spécifique à cet art (…) Face à l’écueil d’une interprétation musicale « historiciste » (qui respecterait scrupuleusement la lettre de la partition), le philosophe prône une interprétation dans l’esprit de l’œuvre, qui consiste pour le musicien à l’analyser et à la comprendre comme un tout avant de la jouer avec sa gestuelle et son corps propres – pensons à la forme et à la force des mains du pianiste, qui structurent son style (**).
Opposé à toute pensée relativiste, selon laquelle l’interprétation dépendrait de chaque musicien, Adorno esquisse, par une fine dialectique, une théorie générale. L’interprète, dans sa subjectivité même, doit viser un juste accord avec les notations et la gestuelle suggérée par ces notations afin d’éclairer la cohérence de l’œuvre. Ainsi, « l’objectivité de la reproduction présuppose la profondeur de la vision subjective, sous peine de n’être que le décalque rigidifié de la surface ».
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(*)Interpréter. Pour une théorie de la reproduction musicale
(Zu einer Theorie der musikalischen Reproduktion. Aufzeichnungen, ein Entwurf und zwei Schemata),
de Theodor W. Adorno,
édité par Henri Lonitz, traduit de l’allemand par Martin Kaltenecker, Philharmonie de Paris Editions, « La rue musicale », 448 p., 17 €.
(**) Cette remarque sur la gestuelle d’une oeuvre me rappelle cette anecdote que m’a raconté Florentine Mulsant « Quand j’ai montré ma partition à Demarquette, il m’a dit : Dans cette tonalité tu ne me facilites pas l’interprétation, en la baissant d’un demi ton je pourrais utiliser la » corde à vide » ce qui serait beaucoup plus simple ».
Ou cette autre du pianiste Eric Heidsieck : « Chez Ravel ou Chopin, on sent le pianiste car il compose en facilitant le passage du pouce dans les montées rapides ».
Bonnes fêtes à tous !
Et pour ceux qui aiment ma musique voici mon petit cadeau de fin d’année, mon dernier ouvrage de 2023, la video du 3e mouvement Climat III de ma Suite symphonique Climats.
Comme précédemment, la partition défile au rythme de la musique (casque et écran requis)
Et aux autres, à tout ceux qui aiment la Grande Musique Classique je recommande le dernier enregistrement des Clefs de l’orchestre de Jean-François Zygel avec l’analyse de Schéhérazade de Nikolai Rimski-Korsakov, une heure et demi de plaisir, disponible jusqu’au 09/04/2024 !
Bonne écoute, bonnes fêtes et à bientôt sur mon blog !
Voici l’actualité d’une pianiste que l’on aime bien ici
Avant de rejoindre le festival Piano aux Jacobins dans quelques jours, Vanessa Wagner vient de se produire au festival Berlioz Côte Saint André.
Pierre Gervasoni écrit dans Le Monde du 3 septembre à propos de ce « concert mémorable » :
» La pianiste débute son récital par Liszt qu’elle interprète avec une qualité de déploiement tellurique puis rayonnant conforme à l’idéal du musicien démiurge(…)
Après avoir hypnotisé l’auditoire par cette Invocation, Vanessa Wagner l’a régalé par la restitution exquise de 3 Romances sans Parole.
La pianiste témoigne d’une stupéfiante assurance, quelle soit confrontée aux tempêtes interstellaires de Liszt ou aux orages très localisés de Mendelssohn la soliste maîtrise parfaitement l’art du changement climatique(…)
Authentiquement inspirée par chaque vignette des Saisons de Tchaikovsky, Vanessa Wagner conjugue fermeté du trait et sensibilité de la couleur (…)
Un parcours ouvert sur l’infini au point que le clavier et l’église semblent trop étroits pour accueillir la constellation d’étoiles qui filent sous les doigts de Vanessa Wagner. Un concert mémorable «
(Tout sur Vanessa Wagner sur son site perso ICI)