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Concerto pour piano et orchestre N°2

Bonnes fêtes à mes chers lecteurs ! 
Aujourd’hui, petit cadeau de Noël, un cadeau modeste mais qui m’a demandé pas mal de travail. Voici mon 2e Concerto pour piano et orchestre symphonique (en « formation Mozart »).

Cliquez sur ce fichier audio , un fichier compressé en format  .flac. Il offre un bien meilleure restitution que le MP3. En écoute directe avec Firefox, ou en téléchargement.

Les partitions sont visibles ici.

Bonne écoute et n’hésitez pas à me faire vos remarques et critiques en commentaire ci-dessous.

PS :  Mon 1er concerto est à écouter sur le site Musicarmonia avec les critiques que l’on peut y lire.

Jean-Louis Foucart

Ecouter la 10e symphonie de Beethoven ?

On aimerait bien pouvoir l’écouter, cette 10e symphonie. Malheureusement Beethoven est mort en n’en laissant que des fragments épars, des idées préparatoires, telles les 11 premières secondes.

Et pourtant, écoutez  ces 115 secondes de musique :

C’est extrait d’un concert donné début septembre à Lausanne par l’orchestre suisse Nexus. La partition a été écrite par AIBeethoven, une intelligence artificielle du type  deeplearning. Florian Colombo chercheur à l’EPFL   l’a entrainé sur les quatuors de Beethoven pour créer les partitions de  tous les instruments de la symphonie, et la partition finale n’a fait l’objet d’aucune modification a postériori. 

Que faut-il en penser? Ce court extrait est suffisant pour y reconnaitre  le style des quatuors de Beethoven. La composition est bien ficelée ainsi que l’instrumentation et l’orchestration, AIBeethoven a bien travaillé. Mais cela reste une musique d’imitation, sans innovation stylistique, sans le génie créateur de Beethoven.

Pour en savoir plus sur ce projet, lire ici l’article du magazine Sciences et Avenir.

André Manoukian : Sur les routes de la musique

Voici un livre très intéressant pour les mélomanes, écrit par un musicien que j’aime beaucoup. J‘en ai extrait, ci-après, quelques passages particulièrement  pédagogiques, mais le livre entier mérite  la lecture !

  • Aux États-Unis dans les années 50 il n’était pas possible pour les noirs de s’aventurer dans la musique classique. Nina Simone qui rêvait de Bach, Brahms et Chopin fut interdite de conservatoire. Pour vivre elle jouait du piano dans un bar. Un soir le taulier l’apostropha : si tu ne chantes pas je te vire. Alors elle se mit à chanter, comme personne peut-être.
    Le fait d’être noir enlevait au compositeur le droit d’écrire pour les violons. En fait tout ce qui touchait à la musique classique était réservé aux blancs. Ainsi Duke Ellington associait aux cuivres quatre flûtes doublant la mélodie pour donner l’illusion d’entendre des violons.
  • Mozart tapote sur le clavier du clavecin de son père. Celui-ci lui demande : que fais-tu? Le bambin de trois ans répond : « je cherche les notes qui s’aiment ».
  • Dans la musique indienne on joue les notes qui font mal: on joue une fondamentale sur une corde et sur l’autre corde un demi-ton au-dessus et on insiste longuement par exemple un ré bémol sur un do. C’est une torture chez nous, c’est interdit, c’est la punition. En Inde on éprouve la douleur. En appuyant sur cette dissonance, en la faisant durer, on l’épuise, on l’apprivoise, on finit par l’aimer, on est presque déçu quand la douce torture prend fin, que le ré bémol se pose sur le do.
    ‐ Dans la musique indienne il faut passer par le bas (le son grave) pour aller vers le haut ( le son aigu) il faut redescendre avant de remonter. Il est présomptueux d’aller directement au sommet : Do Fa Ré Sol Mi La…
  • Les premiers chants religieux sont des textes que l’on étire sur une seule note et que l’on va rythmer, avant de faire petit à petit des nœuds autour de ce fil tendu et d’introduire des inflexions qui vont donner naissance à des mélodies. Le chant grégorien est une ligne horizontale sur laquelle viennent se poser les mots du texte: on l’appelle la corde de récitation ou de cantillation.
  • Le tempérament en musique
    Deux musiciens étrangers peuvent dialoguer musicalement sans connaître leurs langues respectives à condition qu’ils accordent leur instrument de la même manière.
    C’est le travail colossal que va accomplir Jean-Sébastien Bach avec une œuvre magistrale qui servira de référence : le clavier bien tempéré. Le tempérament dont il est question c’est une convention d’accord adoptée au 17e siècle. En effet les divisions de la gamme en intervalles égaux est une construction humaine artificielle. Selon qu’on choisisse une tonalité ,disons Ré, c’est le Ré qui donne le La si je puis dire. Car les autres notes de la gamme vont être accordées en fonction. Si le taux choisi est Mi, alors l’accord des autres notes sera relatif aux Mi et ainsi de suite. En décidant d’adopter un tempérament égal entre toutes les notes, plus aucune d’entre elles n’impose sa loi, et on peut transposer les mélodies dans n’importe quel ton : elles auront toujours le même caractère. Il devient donc possible de moduler bien plus facilement et librement. D’une certaine manière ce procédé, cette uniformisation des intervalles!, d’abord critiquée par certains musiciens – car à quoi bon choisir une tonalité en particulier si elles expriment toutes le même sentiment ? -, va permettre d’explorer beaucoup plus de tonalités à l’intérieur d’un même morceau et de le rendre plus varié, d’y intégrer des changements contrastés de couleur. C’est pourquoi le tempérament donne la possibilité à deux musiciens de deux régions différentes de communiquer plus facilement.

L’électronique musicale classique en déshérence

En 2021, les plus grands violonistes du monde se réjouissent de pouvoir jouer sur les 500 stradivarius que les siècles nous ont légués. Ils jouent la musique ancienne mais aussi la plus contemporaine.

En 1970, quelques petits génies sous la houlette de Pierre Boulez à l’IRCAM ont voulu révolutionner l’instrumentation musicale avec une musique dite « mixte ». Elle mélangeait des sons analogiques puis numériques à ceux des stradivarius et autres instruments classiques de l’orchestre contemporain. Mathématiciens devenus informaticiens autant que compositeurs, ils ont inventé de nouvelles machines à l’IRCAM, des synthétiseurs « à leur sauce », fabriquées à l’unité, soucieux de trouver « leur son » et d’interpréter eux-mêmes leurs œuvres, lors de rares concerts. Non contents, ils inventaient aussi, chacun dans son coin de nouvelles notations musicales aux graphismes plus ou moins abscons, soucieux que ces musiques soient jouées plus tard au plus prés de l’interprétation initiale. Ces partitions sont autant d’œuvres d’art accompagnées de modes d’emploi complexes, œuvres difficiles d’accès, comme souvent dans l’art abstrait.

Hélas, ces compositeurs et interprètes du siècle dernier ont vieillis pendant que leurs machines hors d’usage prenaient la poussière dans les caves de l’IRCAM. Trop peu d’enregistrements de certaines de ces œuvres permettent aujourd’hui d’en prendre connaissance. Leurs partitions parfois éditées à l’époque sont devenues introuvables ou inexploitables au grand désespoir de leurs auteurs, de leurs ayant droits et des éditeurs.  Tel est l’impitoyable destin de cette musique classique électronique, inventée par des apprentis sorciers insouciants de l’avenir.(*)
Autant de soucis que l’usage des stradivarius épargnent aux musiciens et mélomanes de notre 21e siècle.

(*) Voir l’enquête de Pierre Gervasoni dans Le Monde du 7 mai.