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Fazil Say

A la lecture d’un compte rendu du concert de Fazil Say au Festival d’Auvers-sur_Oise, je me suis souvenu d’un concert du 12/11/2006 de l’O.N.F. consacré aux musiques américaines, dirigé par Kurt Mazur, avec Fazil Say au piano. Voici un extrait du billet que j’ai fait à cette occasion concernant la prestation de Fazil Say :

Hier (12/11/2006), on ne peut pas dire que le pianiste Fazil Say, (un surdoué comme on en voit peu) nous interprétait du Gershwin, non. En fait il se jouait du piano (comme on se joue de quelqu’un) avec la complicité de Gershwin. Très vite, on a compris que c’était pour lui l’occasion d’entamer une conversation avec son piano comme on le fait avec son voisin de table à  la terrasse d’un bistro; ils se sont raconté l’histoire de Rhapsody in blue. Pendant que le piano lui disait quelque chose dans les aigus, le pianiste le regardait affectueusement, le menaçait du doigt en souriant de la main gauche, et le piano de lui répondre immédiatement dans les graves; alors le pianiste balayait tout le clavier d’un revers de ses mains de prestidigitateur pour signifier que graves ou aigus, telle n’était pas la question. Et le piano de lui répondre d’une petite voix plaintive. Alors le pianiste tendait son bras vers le premier violon, derrière lui, la prenant à  témoin de sa bonne foi, et cette dernière, une jeune femme compréhensive de lui répondre immédiatement en musique avec tout l’orchestre. C’était fascinant. D’aucun me diront que c’est là  le cinéma habituel d’un grand concertiste. Je ne crois pas, ce dialogue était trop naturel, trop évident. Et l’orchestre, et la salle?
Avant l’entracte le public en délire avait ovationné ce pianiste génial, l’implorant de revenir encore et encore nous refaire un tour de sa magie musicale – et il obtempéra, bien sûr avec une improvisation sublime sur le thème de Summertime, façon à  la fois très jazz (c’est aussi un excellent pianiste de jazz) et très classique. Pour finir il se fit pousser amicalement dans les coulisses par le maestro, ne sachant plus comment résister à  ces ovations répétées. La scène se renouvela en fin de concert.

(Le billet entier est à lire ICI)

21e Victoires de la musique classique

Un peu moins « plan plan » que d’habitude, ces victoires ? Peut-être.
En tout cas elles étaient agréablement animées par un Louis Laforge en pleine forme. Il parait qu’il faut de tels show pour que le public de la Télévision reste enchainé à son écran quand l’heure est à la musique classique… Les statistiques d’audience donnent 1,3 millions de téléspectateurs, soit 6% de part de marché, face aux 6 millions de téléspectateurs de TF1. C’est mieux que rien, évidemment. Il est vrai que cela reste une des rares occasions de voir de la musique classique sur l’une des principales chaines de télévision et à une heure de grande écoute qui plus est. Mais pour le mélomanes qui ne peut se rendre au concert, internet, le « 2e écran » est quand même beaucoup plus riche d’occasions d’écouter de la « grande musqiue », dans d’excellentes conditions. Par exemple avec ArteLive. Continuer la lecture de 21e Victoires de la musique classique

Musiques américaines à la Salle Pleyel

jlf> Recyclons ce souvenir d’un bon concert du 12/11/2006 Samuel Barber (adagio pour cordes), Georges Gershwin (Rhapsody in blue, puis Porgy and Bess en deuxiême partie), Charles Ives (Three places in New England) par l’Orchestre National de France et son chef, Kurt Mazur, avec Fazil Say au piano, tel était le programme de ce samedi soir à  Pleyel.
Inutile de dire que les places se revendaient trois fois leur prix au marché noir, sur le trottoir. :-/
L’avantage avec un tel programme, c’est que l’on connaît les musiques par coeur, et donc, dans une salle à  l’acoustique excellente comme Pleyel, on peut concentrer son attention sur l’interprétation, la gestuelle des solistes et plus généralement sur la vie de l’orchestre.
Ainsi, hier, on ne peut pas dire que le pianiste Fazil Say, (un surdoué comme on en voit peu) nous interprétait du Gershwin, non. En fait il se jouait du piano (comme on se joue de quelqu’un) avec la complicité de Gershwin. Très vite, on a compris que c’était pour lui l’occasion d’entamer une conversation avec son piano comme on le fait avec son voisin de table à  la terrasse d’un bistro; ils se sont raconté l’histoire de Rhapsody in blue. Pendant que le piano lui disait quelque chose dans les aigus, le pianiste le regardait affectueusement, le menaçait du doigt en souriant de la main gauche, et le piano de lui répondre immédiatement dans les graves; alors le pianiste balayait tout le clavier d’un revers de ses mains de prestidigitateur pour signifier que graves ou aigus, telle n’était pas la question. Et le piano de lui répondre d’une petite voix plaintive. Alors le pianiste tendait son bras vers le premier violon, derrière lui, la prenant à  témoin de sa bonne foi, et cette dernière, une jeune femme compréhensive de lui répondre immédiatement en musique avec tout l’orchestre. C’était fascinant. D’aucun me diront que c’est là  le cinéma habituel d’un grand concertiste. Je ne crois pas, ce dialogue était trop naturel, trop évident. Et l’orchestre, et la salle?
Avant l’entracte le public en délire avait ovationné ce pianiste génial, l’implorant de revenir encore et encore nous refaire un tour de sa magie musicale – et il obtempéra, bien sûr avec une improvisation sublime sur le thème de Summertime, façon à  la fois très jazz (c’est aussi un excellent pianiste de jazz) et très classique. Pour finir il se fit pousser amicalement dans les coulisses par le maestro, ne sachant plus comment résister à  ces ovations répétées. La scène se renouvela en fin de concert.
Le vieux chef (quatre vingt printemps) conduit sans baguette, de tout son corps, caressant les cordes de ses doigts, ou les pétrissant à  pleines mains pendant l’adagio de Barber.
Pour la suite symphonique Porgy and Bess, en fin de deuxième partie, l’exercice est plus long, 24 mn en principe, et plus sportif; on le voit ployer sa longue silhouette vers les cordes, lancer une main énergique vers les cuivres, se dandiner pour marquer le rythme, taper du pied comme le faisait un Berstein pour signifier l’arrêt.
A son tour ovationné longuement, applaudi par un orchestre qui d’évidence lui voue une grande admiration, ils rejouent ensemble les deux derniers thèmes, 10 mn de plus, puis ils subissent encore force rappels. Visiblement fatigué, le grand vieil homme en queue de pie se ploie alors vers le premier violon et une discussion de quelques secondes s’engage, pendant que les acclamations continuent de plus belle. Et finalement, la minuscule violoniste prend affectueusement mais fermement par le bras le grand vieil homme et le reconduit à  petits pas vers les coulisses tandis que l’orchestre se lève comme un seul homme. Attendrissant et beau comme une fête qui se termine! Voir ainsi l’orchestre vivre est une dimension supplémentaire à  l’écoute de la musique, et je ne comprend pas comment on peut s’ennuyer pendant un concert, sauf à  ne pas être mélomane. Dans l’enseignement musical, la vidéo apporte d’ailleurs cette dimension nouvelle que n’a pas le CD ou le mp3.
Le jour où¹ nous autres, pauvres petits amateurs professionnels de la composition nous aurons la possibilité de voir notre musique jouée sur un écran par quelque sortilège informatique, ce jour là  sera aussi un grand jour pour nous, un vrai progrès. Je note enfin qu’un conformation d’orchestre avec les contrebasses au fond à  gauche, à  la place habituelles des cors, ceux-ci étant à  droite devant les autres cuivres, et derrière les violoncelles, cela sonne bien au premier balcon. Au parterre, coté droit, on se plaint évidemment d’entendre trop fort les cuivres. A étudier.