La peur du mot : Le compositeur face au texte

Une triple alternative Qu’il écrive des mélodies ou qu’il compose sur un livret d’opéra, le musicien se voit généralement confronté à trois types d’attitudes dans le rapport que sa musique établira au texte :

  • le mot asservit sa musique. Le compositeur renonce à la primauté du son. La force du texte s’impose à lui.
  • La musique recouvre les mots. Le texte est comme une table qui serait totalement dissimulée par une grande nappe et réduite au rôle de simple support au couvert musical.
  • La musique met le mot à nu. Elle féconde les mots pour les transmuer en voix : elle les fait chanter. Car le chant, libérant la parole de sa fonction agissante, instaure la gratuité du mot, son « inutilité » fonctionnelle. La musique devient ici l’instrument de cette libération : on ne parle plus pour agir lorsque l’on chante ; on parle pour faire « chanter » les mots, pour en révéler toute la force poétique et la richesse polysémique, sources de sensations.

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