Je me présente : je m’appelle Pascal Dusapin. Je suis compositeur depuis l’âge de 18 ans. Un journaliste du Monde dans un interview d’avril 2009 a écrit : “On dit qu’il est le plus connu et le plus joué en France et à l’étranger après Henri Dutilleux ». Le « on » était un peu téléphoné, je l’avoue, mais c’était nécessaire. Je plaidais alors la cause de l’autodidacte, du « bon sauvage » de la musique contemporaine que je prétendais être. Ce dernier week-end, j’ai pris la plume moi-même, toujours dans le Monde pour renouveler ce portrait. J’aime bien ce journal, il est très lu par mes commanditaires. J’ai besoin de publicité pour vivre, on va bientôt jouer ma musique à Pleyel – hélas avec celle de Dutilleux et Ravel – il me faut donc faire un peu de teasing, attirer les foules. Le thème de mon article était tout choisi en ce mois de septembre qui se veut le mois de la musique contemporaine. Je l’ai intitulé « Musiques sans frontières », au pluriel, par référence à la « WordMusic ». Oui, j’aime les anglicismes, on me reproche d’ailleurs d’en avoir émaillé mon article… mais ne suis-je pas un artiste international ? J’ai quand même sous-titré l’article « Au-delà des étiquettes et des chapelles, le paysage musical contemporain est une nébuleuse passionnante et mondiale« , histoire d’être bien compris. Car l’article fait une pleine page du journal, mais si vous avez lu le titre et le sous-titre, inutile -entre nous- de lire le reste : j’ai laïussé un maximum, mon contrat de pigiste prévoyant une page entière.
Ah non, pardon ! Lisez aussi la présentation que le journal a faite de moi, avec ma photo, car elle renouvelle le portrait par trop misérabiliste de mon interview de l’année dernière. Jugez-en tout de suite, d’ailleurs, car vous ne trouverez pas ces lignes dans les archives du Monde.fr :
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