Archives de catégorie : Ecrits et littérature

La nature des choses, les choses de la nature

Devinette

Nombreux sont les romanciers contemporains,  mélomanes célèbres ayant écrit sur la musique. Plus rares sont ceux qui ont montré leur sensibilité et une réelle érudition musicologique. Alors, qui a écrit ce dialogue réunissant un étudiant et son professeur de piano? 🙂

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– Vous êtes un intellectuel: vous faites des notes,  pas des sons. Vous pensez les hauteurs et la phrase, vous ne pesez ni le timbre ni la couleur.
– C’est-à-dire ?
– Vous êtes outillé pour Bach. Normal chez un cérébral. Bach concevait la musique indépendamment des sons, grâce à quoi on l’interprète sur des instruments variés. Des mathématiques musicales. Le clavier bien tempéré ne demeure t-il pas aussi magistral au clavecin, au piano, à l’accordéon voire au xylophone ? Bach, l’Himalaya de la musique, dominait un désert de timbre. Bach a fini sa vie aveugle mais il a composé dès le départ comme un sourd.
– Un sourd Bach ?
– Le plus grand sourd que la terre ait porté. Un pur génie sourd. Admettez que Chopin se montre un musicien plus entier que Bach : il élabore autant le timbre que la mélodie et l’harmonie.
– Vous plaisantez ? il n’a écrit que pour le piano.
– Preuve qu’il créait totalement ! cela sonne ainsi qu’il l’a entendu. Il possédait le souci exhaustif des éléments qui construisent la musique

Il maniait les timbres comme Rembrandt les pigments sur sa palette. Bach pratiquait le dessin, Chopin la peinture.

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« Pour chanter ça, il faut placer la voix derrière les yeux. »

Les confidences de Pascal Dusapin   sur sa musique sont finalement assez rares; son art de composer, sa recherche de la forme restent un mystère pour bien des musicologues.  Aujourd’hui Il  nous  fait quelques révélations. Loin de composer « à l’instinct » comme on lui en prête parfois la démarche,  « au crayon », « à la table » comme il l’affiche habituellement  (voir ici quelques exemples), il parle de « logiciel », « structure », « étais », « contraintes » dans un interview de Pierre Gervasoni au journal Le Monde. En voici quelques extraits.

L’installation sonore pour la  panthéonisation de Maurice Genevoix  Continuer la lecture de « Pour chanter ça, il faut placer la voix derrière les yeux. »

La guitare électrique ne fait plus recette

Voici un article du Monde qui me fait bien plaisir : je ne suis plus tout seul à préférer la guitare acoustique à la guitare électrique: les jeunes générations sont également rétives aux « effets baveux », finies les années soixante dix !

Le Washington Post le signalait en  2017 en titrant sur  » la mort de la guitare électrique « . L’instrument fétiche des années 1960 et 1970 ne fait plus recette et la mention de Jimi Hendrix, Eric Clapton, Jeff Beck ou Jimmy Page auprès des moins de 30  ans suscite une réponse embarrassée :  » Ils jouent dans quel club ? «  Comme le chantait Bob -Dylan (note aux moins de 35  ans : Prix Nobel de littérature, mais aussi musicien à succès jadis), les temps changent. La guitare électrique est passée de mode parce que la musique a évolué et que le rock, qui en avait fait son arme de guerre, est une musique de vieux. C’est ce que pense une autre superstar du genre, Paul McCartney (bassiste d’une formation de musique rythmée du nom de Beatles).  » Aujourd’hui, c’est la musique électronique qui est en vogue et les gamins écoutent d’autres sons. Ils n’ont plus de guitar hero comme vous et moi « , expliquait-il au Washington Post.

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Anagrammes à quatre mains – Karol Beffa

J’étais hier soir au théâtre du Rond Point, à Paris, pour voir le spectacle de François Morel, composé sur des textes et sketchs de Raymond Devos. Un spectacle gentillet, loin de la prestation étourdissante de cet artiste complet qu’était Devos, tel que je l’ai vu il y a… longtemps.

A la sortie, la librairie du théâtre m’a donné à voir le dernier livre  Anagramme à quatre mains que publie Karol Beffa et Jacques Perry-Salkow. Quel bonheur que ce petit livre éblouissant d’une intelligence espiègle, mêlant le génie de l’auteur d’anagrammes à l’humour du musicologue ! 

Le jeune Lully engagé comme garçon de cuisine à la cour de France, son premier emploi

Je ne résiste pas à en publier un extrait ( exemple en gras) concernant Lully, le surintendant de la musique royale remarqué dans sa prime jeunesse par le Duc de Guise qui, de passage à Florence cherchait « un joli petit italien » pour sa nièce (voir ci-conte la statue d’Adrien Gaudez du jeune Lully exposée au Petit Palais ).

Arrivé en France en 1646, mort à Paris en 1687, le musicien servit le roi pendant près de quarante décennies. Ses succès lui valent de fortes inimitiés. Toujours en butte aux jalousies et aux intrigues courtisanes, ainsi passa la quarantaine d’étés de Monsieur Lully.