> Un beau billet d’Yves Rinaldi

Dans cet autoportrait de ses débuts à Arte Povera, Penone se photographie portant des verres de contact miroitants et réfléchissant la lumière qui recouvrent l’iris et la pupille. Rendu ainsi physiquement aveugle par cet pellicule de verre, l’artiste dépasse les contingences de la réalité visuelle extérieure pour mieux retrouver une forme de regard intériorisé qui se veut forcément plus authentique, en même temps qu’il affirme que le regard qu’un artiste porte sur le monde est comme un miroir, exacerbé par sa sensibilité, du monde lui-même. Cette dialectique du regard alterné entre l’artiste et le monde n’est pas nouvelle et se rencontre dans bon nombre d’autoportraits célèbres dont celui, fameux, de Nicolas Poussin et daté de 1650, conservé au Louvre, qui fascina tant les artistes et les philosophes du XXe siècle. Il est probable que Giuseppe Penone s’en est souvenu lorsqu’il conçut cette photographie, transposant le contenu discrètement allégorique du tableau de Poussin au niveau de la surface « miroitante » de ses propres yeux.
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