Extrait du papier de François Ekchajzer, critique à Télérama :
« …alors bien sur, Zygel n’est ni un manchot ni un inculte, et l’émission recèle quelques explications intéressantes et quelques beaux moments, comme par exemple lorsque joue le cornettiste Médéric Collignon. Mais pourquoi tant de conformisme? »
Et voilà ! Les seuls mots positifs d’une critique qui n’a qu’un but : dézinguer une émission de Zygel particulièrement réussie, tant dans l’animation – qui n’avait rien de conformiste- que dans les interventions des différents protagonistes – qui n’avaient rien de convenues. Il est vrai que je ne regarde pas Pascal Sevran ni La Chance aux chansons, des émissions que Zygel s’efforcerait de challenger, d’après François Exagère Ekchajzer, qui n’a vu que la surface des choses dans cette émission réalisée pour les vrais mélomanes avides de découvertes musicales, justement.
La meilleure preuve en est la critique de Renaud Machart :
Hugues Aufray brille chez Jean-François Zygel
Le chanteur populaire, invité dans » La Boîte à musique », montre sa grande connaissance de la musique classique.
Les émissions du pianiste et improvisateur Jean-François Zygel, devenues rituelles sur France 2 chaque été depuis dix ans, ont repris. Avec quelques différences : en raison des Jeux olympiques de Rio (du 5 au 21 août), les cinq numéros de » La Boîte à musique, les défis de Zygel « , sont diffusés depuis début juillet ; plutôt que dans un studio de télévision, c’est dans un lieu parisien extérieur, le Studio de l’Ermitage, à Ménilmontant, et en public, que ces émissions ont été tournées (mais, comme on se trouve du côté du foyer-bar, le lieu finit par ressembler à un décor de plateau) ; la durée de l’émission a été réduite de quelque vingt minutes, ce qui est parfait, attendu que » La Boîte à musique » avait parfois tendance à traîner en longueur (l’intérêt étant en partie lié à la qualité et à l’expertise des invités, même si les nuls font parfois aussi bien le spectacle que les forts en reconnaissance de thème).
Après un premier morceau – un extrait de Scaramouche, de Darius Milhaud, arrangé pour les trois guitares du Trio Alborada –, Jean-François Zygel demande à Hugues Aufray, l’un des trois invités, ce 29 juillet, avec la chanteuse Pauline Croze et la cantatrice Isabelle Druet : » Vous connaissez Darius Milhaud ? « Qui lui répond : » Oui ! « Mais Zygel enchaîne, sans lui laisser le temps de développer et, qui sait, de dire qu’il avait passé de nombreuses années à observer les œuvres du compositeur aixois marquées par l’avant-garde des années 1960, ou étudié en profondeur ses deux quatuors qui, superposés, forment un octuor…
Exception culturelle
Il est cela dit vraisemblable qu’Hugues Aufray n’ait pas répondu autre chose que » oui « et d’ailleurs, il aura, comme Pauline Croze, bien du mal à identifier précisément, un peu revisitées par les trois guitares, des » scies » telles La Lettre à Elise, de Beethoven, La Truite, de Schubert, et l’Ave Maria, de Schubert – Aufray se trompe, mais par lapsus et avec élégance en croyant reconnaître l’Ave Maria, de Bach-Gounod. Le chanteur se rattrape cependant brillamment avec le test suivant, et reconnaît les quatre thèmes de jazz entonnés par le trompettiste (et vocaliste virtuose !) Médéric Collignon. Qui joue d’ailleurs du cornet à pistons en expliquant, en trois sons et en trois mots, ce qui fait la différence entre la trompette, le cornet et » son cousin le bugle « .
Ce sont ces séquences pédagogiques qui font le prix d’une émission comme celle-ci, au cours de laquelle Jean-François Zygel, devant le clavier de son piano, explique ce qu’est une pédale harmonique, en donnant trois exemples, l’un à la basse, l’autre au médian et le troisième à l’aigu. Même s’il arrive à ce fort en thème de se tromper, comme lorsqu’il dit que » Carmen, de Bizet, est presque une comédie musicale, car chaque air est une danse « – or les songs des comédies musicales ne sont pas toujours des airs à danser…
Mais ne mégotons pas devant une émission qui peut raisonnablement être considérée comme une exception culturelle… Et profitons des jolies séquences musicales dont la version, sous forme de mélodie française classique, du Petit Ane gris, d’Hugues Aufray, chantée de manière bouleversante par Isabelle Druet avec un arrangement somptueux de Zygel. Aufray a les larmes aux yeux (nous aussi) et confirme que, décidément, il connaît son affaire en comparant cet arrangement à ceux du folkloriste Joseph Canteloube.
Renaud Machart