(Article paru dans le New York Time du 25 juillet, trad. JLF) DONGGAOCUN, Chine – Peut-être la chose encore plus difficile à supporter pour les oreilles qu’un parterre de violonistes débutants s’essayant à jouer « Mary Had a Little Lamb » est-elle d’entendre ces mêmes novices jouer sur des crincrins désaccordés.
Cours de violon à Donggaocun La ville située à environ une heure de voiture du centre-ville de Pékin fabrique des instruments à cordes. Stop ! hurle Chen Yiming à ses élêves enthousiastes, à¢gés de 8 à 47 ans. Pouvons-nous s’il vous plaît faire attention à nos instruments et nous assurer qu’ils sont bien accordés?
Aprês une courte pause pour opérer les ajustements, la cacophonie reprend.
La fiêvre du Violon a frappé ce morne canton rural avec ces centaines d’habitants, jeunes et moins jeunes, maniant l’archet depuis que Donggaocun tente de se positionner comme la capitale des instrument à cordes de la Chine. Connue d’abord pour son abondante récolte de pêches, la ville, à environ une heure de voiture du centre ville de Pékin est devenue l’un des endroits réunissant le plus grand nombre de fabricants de violoncelles, altos, violons et contrebasses à bon marché dans le monde. L’année derniêre, les 9 usines et 150 petits ateliers de la ville ont fabriqué 250.000 instruments, la plupart d’entre eux se retrouvant aux mains d’étudiants des éats-Unis, de Grande-Bretagne et d’Allemagne. Les édiles ont tablé sur la production mondiale par Donggaocun de 30 pour cent des instruments à cordes dans le monde, même si une autre ville du sud de la Chine, Xiqiao, a les mêmes visées, légêrement plus crédibles.
Selon Feng Yuankai, de l’Association des instruments de musique de Chine, Xiqiao, dans la province du Jiangsu, est toujours le premier producteur, mais Donggaocun, qui a ouvert sa premiêre usine en 1988, est en train de rattraper. “Même avec le ralentissement économique, leur production s’accroù®t de plus en plus rapidement », a t-il dit, ajoutant que Donggaocun a moins de 20 pour cent de part de marché du « violon pas cher » en Chine.
Un classement contesté, qui, malgré le récent effondrement des commandes, n’est pas prês de casser l’ambition de Donggaocun de devenir la Mecque du violon chinois. Quand elle ouvrira cet été, la Cité de l’Instrument comprendra un musée des « violons célêbres du monde », une salle de concert de 500 places, une fontaine musicale et ce que le maire adjoint décrit comme un « village du folklore. »
Ensuite, il y a eu ce printemps annuel du festival des fleurs de pêchers, qui proposait un spectacle de violon avec 1000 violoneux tenant la scêne. Même si, en fait, prês de la moitié des instrumentistes – ceux qui étaient trop verts pour jouer en public – ont été invités à s’abstenir de jouer, le concert a été un tour de force auditif. Depuis 2006, le département local de l’éducation a permis de former 40 enseignants au violon afin que toutes les écoles de Donggaocun et des communes voisines puissent offrir de la musique. Les violons non seulement sont devenus un moteur du développement économique, mais ils ont aussi magnifié le sentiment que les gens ont de leur ville, a dit Wang Junying, le chef du département de la communication. “Ils nous ont aidé à devenir un lieu de culture élégantâ€, dit Mme Wang. Les travailleurs de la Beijing Hongsheng Yun Violon Instruments Company sont largement d’accord. La plupart des employés de l’usine travaillaient dans le même bà¢timent, une usine à papier émettant de fortes fumées nocives. Mais, dans leurs efforts pour nettoyer l’air de Pékin pour les Jeux olympiques d’été en août dernier, les autorités ont fermé l’usine et investi de l’argent public dans la production de violons. Bien que 200 travailleurs aient perdu leur emploi lorsque l’usine de papier a fermé, les deux douzaines de personnes qui ont été embauchés par l’atelier de violon gagnent prês de deux fois plus qu’avant.
Parmi les avantages de ce lieu de travail, il y a les instruments mis librement à la disposition des enfants des employés. « Les violons ont fait de nous des riches, et ils ont suscité notre conscience artistique », dit Zhao Gangcai, qui assemble les violons six jours par semaine et dont la fille de 13 ans a récemment commencé d’en jouer. « Ses camarades de classe pensent que c’est cool, et maintenant, ils veulent apprendre, eux aussi. »
Certains des musiciens les plus prometteurs de Donggaocun se retrouvent dans les classes de Mme Chen, 28 ans, une femme d’une patience infinie qui a commencé à jouer du violon en même temps qu’elle commençait à parler. Même si elle ne prend pas les réticents et ceux qui ont les doigts trop courts, elle a une poignée d’adultes dont le zêle seul supplée à leur réel manque de talent. Peu d’étudiants font le poids face à Wei Song, 47 ans, enseignante retraitée d’une école maternelle qui a abandonné l’accordéon pour le violon aprês que son mari et son oncle aient commencé à fabriquer des instruments à cordes. Elle pratique une ou deux heures chaque jour, et plusieurs de ses amis, également des retraités, ont également le dada du violon, même s’ils n’osent pas jouer ensemble. « Le bruit serait insupportable », dit-elle en riant. “Mon seul but est de jouer une belle chanson quand je l’entends et de me rendre heureuse ». Mme Chen a des objectifs plus nobles. Elle espêre que Donggaocun devienne à son tour une usine à talents, même si, remarque t-elle, les petits génies de la musique apparaissent généralement dans les familles culturellement préparées, au demeurant três rares dans ce canton essentiellement rural de 33.000 à¢mes. “Je veux que cet endroit produise des musiciens de classe internationaleâ€, dit-elle.
En attendant, elle travaille avec sa fille d’un an. Il y a quelques semaines, elle a délicatement placé un violon dans les mains de la petite fille, et les résultats ont été encourageants.
“Elle sait le tenir maintenantâ€, dit Mme Chen. “Je prend cela comme un bon signe.†jlf> Les commentaires sur nos billets sont maintenant (et provisoirement) « modérés », du fait de spammeurs indélicats. Pour autant, n’hésitez pas à déposer les vôtres ! 🙂