(Voici un excellent article du journal , le genre d’article qui remonte le moral ! 🙂
Des sacs poubelle verts, orange ou bleus permettent de séparer biodéchets, matières recyclables et ordures résiduelles.
Depuis quelques jours, en Moselle, le site de production de biogaz Méthavalor injecte du biométhane, produit à partir de la dégradation de déchets organiques, dans le réseau de gaz naturel. Mine de rien, il s’agit d’une grande première en France : situé dans la commune de Morsbach, à l’entrée de Forbach, ce centre de valorisation biologique par méthanisation est capable à la fois d’injecter du gaz dans le réseau – ce que fait déjà depuis 2011 le centre de valorisation organique de Lille Métropole – et de produire de l’électricité ou de la chaleur à partir de ce même biogaz extrait de la fermentation des déchets.
Cette double valorisation ne se pratiquait pas jusqu’alors en France. Mais un décret et deux arrêtés ministériels, parus le 28 février, permettent désormais de bénéficier simultanément de tarifs d’achat pour la production de gaz et pour celle d’électricité à partir de biodéchets. » Le nouveau cadre tarifaire permettra l’émergence de nouveaux projets de méthanisation et l’utilisation de nouveaux gisements de déchets comme source de production d’énergie « , s’est réjouie Delphine Batho, la ministre de l’écologie, lors de la présentation du nouveau dispositif réglementaire.
» Digesteurs »
Selon GRTgaz, principal gestionnaire de réseaux de transport de gaz naturel en France, le biométhane – le biogaz purifié et débarrassé de la plus grande partie de son gaz carbonique – pourrait représenter en 2020 de 1 % à 2 % du gaz consommé en France. Un plan national de soutien à la méthanisation des déchets agricoles a été présenté fin mars par le gouvernement.
Dans ce contexte, les performances de Méthavalor vont être observées de près. Le centre de valorisation biologique, qui a commencé à fonctionner en 2011, a déjà reçu la visite de nombreuses collectivités locales, françaises mais aussi étrangères. Sa capacité de traitement est de 40 000 tonnes de biodéchets par an, collectés sur un bassin de 385 000 habitants.
Ce gisement devrait produire 5,5 millions de m3 de biogaz, dont 800 000 m3 de biométhane, ainsi que 8 000 tonnes de compost et 10 000 m3 d’engrais liquide. L’électricité produite devrait correspondre à la consommation de 3 000 foyers, la chaleur à la consommation d’eau chaude de 2 400 foyers.
Le coeur de l’usine, que neuf personnes suffisent à faire tourner, est constitué par trois » digesteurs » d’une capacité de 1 500 m3 chacun, dans lesquels les déchets organiques passent trois semaines à une température de 55 0C. Les gaz émis sont envoyés soit vers un moteur, pour y être brûlés et transformés en chaleur ou en électricité, soit vers un épurateur développé par Air Liquide, pour leur donner une qualité équivalente au gaz naturel. La chaîne de production génère aussi du compost, qui va sécher et maturer avant d’être proposé à des agriculteurs.
Dans le centre de tri adjacent est testée une autre innovation. Des camions y déversent des sacs poubelle verts, orange et bleus. Verts pour les biodéchets, orange pour les recyclables, bleus pour les ordures résiduelles. De puissantes spires séparent les sacs, qui sont ensuite triés grâce à un système optique provoquant l’ouverture de trappes en fonction de la couleur.
C’est ainsi que le Sydeme (Syndicat mixte de transport et de traitement des déchets ménagers de Moselle-Est) a peut-être résolu la quadrature du cercle : la méthanisation exige en effet une collecte séparée des biodéchets, ce qui effraye de nombreuses collectivités locales, pour des raisons logistiques mais surtout financières. Or le système en cours de généralisation dans les 291 communes regroupées dans le Sydeme permet de collecter trois flux de déchets en une seule tournée de benne à ordures.
» Le principe, c’est d’aller chercher les biodéchets dans les cuisines, explique Charles Stirnweiss, président du Sydeme et ancien maire de Forbach, qui porte le projet Méthavalor depuis une quinzaine d’années. Il faut que tout cela ait du sens pour les gens. Et cela en prend quand ils voient des bus de Forbach roulant au biométhane sur lesquels est inscrit : « Nous roulons avec vos biodéchets ». « La flotte de véhicules du Sydeme a déjà été convertie.
Apaiser les craintes
Pour apaiser les craintes suscitées par la méthanisation, notamment celles d’explosions ou de nuisances olfactives, des visites d’installations existant à l’étranger ont été organisées. Les organisations locales de défense de l’environnement et des consommateurs ont été associées au projet. » Honnêtement, il est assez exemplaire, reconnaît Helmut Birtel, vice-président de l’Adepra, une de ces associations. Et il ne faut pas oublier que nous sommes en pays minier. Le méthane existait au fond de la mine, on est habitué à vivre avec. «
Méthavalor a justement été construit sur un ancien terrain des Houillères de Lorraine. » Nous sommes une terre d’énergie, restons-le avec les énergies nouvelles « , proclame Charles Stirnweiss, qui porte la bonne parole de l’économie circulaire tout en insistant sur le rôle social du Sydeme. Fin 2013, devrait entrer en service à Forbach une unité de fabrication des sacs poubelle, aujourd’hui importés d’Asie. » On délocalise des emplois du Vietnam pour les ramener chez nous « , se félicite l’ancien maire.
Gilles van Kote
Biodéchets Les déchets organiques ou fermentescibles sont aisément biodégradables. Composés des déchets verts de jardin, de cuisine et de certains papiers (essuie-tout, mouchoirs, etc.), ils représentent près de la moitié des poubelles des ménages français.Méthanisation Il s’agit d’un processus biologique de décomposition de la matière organique par des micro-organismes et des bactéries en l’absence d’oxygène. Mené dans des digesteurs, il produit un biogaz riche en méthane, mais aussi un compost et des effluents liquides qui peuvent être utilisés comme amendements pour des terres agricoles.
Biogaz Composé essentiellement de méthane et de gaz carbonique, il est produit par la fermentation des matières organiques. Il peut être brûlé pour produire de l’électricité et de la chaleur (cogénération) ou purifié, puis injecté dans le réseau de gaz naturel ou utilisé en carburant pour des véhicules.