Des canyons aux étoiles de Messiaen, expliqué par Zygel

Hier soir, il ne fallait pas manquer l’émission Les clefs de l’orchestre de Jean-François Zygel sur la 5.  Il nous présentait une œuvre symphonique d’Olivier Messiaen Des canyons aux étoiles écrite en 1973 à l’occasion du bicentenaire des États-Unis.
Autant son émission grand public La boite à musique sur la 2 me laisse de plus en plus froid (je ne suis pas  la cible), autant ces Clefs de l’orchestre sont passionnantes.

On aime ou on n’aime pas Messiaen, ses références mystiques – ici, comme d’habitude, elles abondent –  et ses chants d’oiseaux – cette fois, ils  sont surtout américains.
Pour ma part, point trop n’en faut ! Pourtant je suis admiratif de cette musique à nulle autre pareille; ce chant du cor dans la 6e partie; ce piano, ces xylorimba, glockenspiel qui font chanter les oiseaux, et ces instruments bizarres imitant le vent ou le bruit du ressac,  et ces 48 musiciens du Philarmonique dirigé par Jean Deroyer, tous me transportent, – serait-ce au paradis comme le suggère Messiaen ?

Le Brice Canyon
Brice Canyon

Zygel pédagogue s’est fait un peu technique pour nous parler des couleurs des canyons Zyon et Brice   qui inspirèrent Messiaen. Il était tombé en extase devant la beauté du Brice Canyon  et sa couleur rouge-orangée (j’en ai moi-même gardé un souvenir fulgurant  lors d’un voyage aux USA dans le temps).  On sait que Messiaen  « voyait » les sons en couleurs, dans des correspondances synesthésiques mystérieuses; il a donc tout naturellement « traduit »  les couleurs somptueuses de ces canyons en notes, avec, par exemple un Mi rouge-oranger qui domine dans la partie 7.
Messiaen a également composé les motifs mélodiques de la partie 3 en associant des notes aux lettres des mots araméens « mene, teke, l peres »  extraits du livre de Daniel, l’ouvrage biblique dont il s’est également inspiré. On reconnait la note « e » qui revient 5 fois dans ce motif.
Zygel  nous a parlé aussi de la musique de piano « caractérisée par ces  notes dans l’extrême aigu et l’extrême grave, ses nombreux   arpèges et l’utilisation de la résonance ». J’ai un regret : pourquoi ne nous a t-il pas parlé aussi de l’harmonie, de ces accords aux notes conjointes délicieusement dissonantes ?
A lire, une courte présentation  de cette émission par Renaud Machard (mon critique musical préféré du Monde), et une analyse en anglais de cette oeuvre.

On trouvera  ICI les vidéos des 12 parties de l’œuvre (1H30 en tout). Pour ma part  ce sont la première partie :

et la dernière que je préfère :

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