Dutilleux ne mérite pas une plaque mais un Boulevard

Pas d’hommage officiel à Henri Dutilleux à son enterrement en 2013, et aujourd’hui on lui offre une plaque en plastique sur son ancienne maison en signe de reconnaissance… Voilà le résultat de vulgaires querelles politiques et surtout d’une méconnaissance crasse des nouveaux élus de la capitale dans le domaine musical. Lamentable ! 🙁

=> Il faut tous signer la pétition!

Voici les faits relatés dans un article du Monde:

Depuis lundi 16 mars, une pétition circule sur les réseaux sociaux pour défendre le compositeur Henri Dutilleux (1916-2013) contre des accusations de collaborationniste, portées à l’occasion d’une demande de plaque commémorative. Christophe Girard, maire (PS) du 4e arrondissement de Paris, est la cible des internautes. Ouverte par un blogueur local (« L’indépendant du 4e ») affilié depuis peu au parti centriste Force européenne démocrate, qui a mis en ligne samedi 7 mars un long billet sur le sujet, la boîte de Pandore numérique exhale des relents politiques qui ne datent pas d’hier.
En novembre 2013, Jean-Pierre Plonquet (candidat UDI aux municipales dans le 4arrondissement de Paris) milite en faveur d’une soirée d’hommage à Henri Dutilleux et, en accord avec la famille, souhaite que l’on pose une plaque commémorative au domicile du compositeur, 12, rue Saint-Louis-en-l’Ile. Christophe Girard, son futur vainqueur (de quelques voix) aux municipales, adhère au projet, tant pour le concert d’hommage que pour la pose de la plaque. Conformément à la procédure, le Comité d’histoire de la Ville de Paris est saisi de la demande et, le 21 juillet 2014, émet un avis sous l’autorité de sa présidente, Danielle Tartakowsky.

« Cet hommage est justifié »

« Je tiens à noter des faits de collaboration avec le régime de Vichy », indique-t-elle de prime abord. « Henri Dutilleux, alors qu’il était chef de chant de l’Opéra de Paris, a composé la musique du film de propagande Forces sur le stade (1942). » Et de citer, mot pour mot mais sans les guillemets, une phrase empruntée à un livre de référence sur le sujet, Les Documenteurs des années noires, de Jean-Pierre Bertin-Maghit (éditions Nouveau Monde) : « Film de propagande réalisé en direction des patrons d’usine pour les inciter à construire des terrains de sport près des lieux de travail des ouvriers. » Plus loin, Mme Tartakowsky estime que « l’implication d’Henri Dutilleux dans une politique active de collaboration n’est pas autrement documentée » et qu’« il ne semble pas, jusqu’à preuve du contraire, avoir directement nui ou pourchassé des persécutés ». En conséquence, elle considère que « cet hommage est justifié » et conclut enproposant quatre lignes susceptibles de figurer sur la plaque.

Après plusieurs relances de Jean-Pierre Plonquet, durant l’hiver 2014-2015, Christophe Girard communique aux élus la position du Comité d’histoire qui, le 2 mars, est commentée lors du conseil d’arrondissement par son adjointe Karen Taïeb, également conseillère de Paris. Mme Taïeb relaye aussi les « recommandations du cabinet d’Anne Hidalgo et de son adjointe chargée de la mémoire, Catherine Vieu-Charier, qui étaient de ne pas procéder pour le moment à la pose de cette plaque », ainsi qu’il est précisé au cabinet de Christophe Girard. Ce dernier en prend acte.

« Qu’on ne traite pas Dutilleux de collabo ! »

M. Girard met en évidence le contexte actuel – « les attentats de janvier, le plan Vigipirate renforcé devant les synagogues » – pour expliquer sa décision de renoncer à la pose de la plaque. Provisoirement. « J’aurais attendu quelques années pour réaliser un projet qui m’est cher », ajoute-t-il, soucieux « qu’on ne traite pas aujourd’hui Dutilleux de collabo ! » Or, la rumeur s’est répandue, par l’intermédiaire, selon lui, de M. Plonquet, qui aurait immédiatement tweeté l’info. Ce que réfute l’intéressé : « Une cinquantaine de personnes assistaient à ce débat », se défend M. Plonquet, qui certifie, comme M. Girard, que son attachement à Henri Dutilleux est avant tout d’ordre musical.

Reste le débat de fond sur la participation d’Henri Dutilleux à un film commandé par les services du maréchal Pétain. A la différence du Comité d’histoire de la Ville de Paris, qui n’a pas jugé sur pièce, nous avons visionné Forces sur le stade. Que voit-on dans ce documentaire d’une quinzaine de minutes, initialement intitulé Travail et grand air ? Des images incitant de manière de plus en plus insistante à entretenir son corps par la pratique du sport. Qu’entend-on ? Une musique de circonstance. Solennelle (quand les portes du stade Jean-Bouin s’ouvrent avec des sonneries de trompettes à l’antique), ludique (quand des enfants s’élancent sur une variation d’Il court, il court, le furet), hollywoodienne (pour la fin qui superpose des images d’ouvriers au travail et de sportifs en action).

« Combines et tripotage – comme toujours »

Le commentaire, en voix off, est édifiant : « Il faut faire épanouir sur le stade les forces de travail afin qu’elles assurent ensuite, dans tous les domaines, la force de la France. » Mais, comme d’usage à l’époque, le compositeur a enregistré sa musique sans entendre le « speaker ». Sa partition servira, fin 1944, de bande-son aux Actualités du Comité de Libération du cinéma français. Pétainiste puis gaulliste, Dutilleux ? Question hors de propos. En décembre 1941, le courrier du musicien en villégiature à Nice est intercepté et quelques lignes sans équivoques au sujet de régime de Vichy sont soulignées par la censure : « Combines et tripotage – comme toujours. »

Sans le reconnaître ouvertement, Dutilleux se reprochera toute sa vie d’être apparu au générique de Forces sur le stade. Au milieu des années 1990, il répond à une commande du Boston Symphony Orchestra en lien avec les commémorations du 50anniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale, en plaçant au cœur de l’œuvre (The Shadows of Time, 1997) un épisode vocal « dédié à Anne Frank et à tous les enfants du monde, innocents ». La pièce marquera un tournant humaniste dans sa production.

    • Pierre Gervasoni
      Journaliste au Monde

Les réactions des lecteurs du Monde :

– Le nombre de plaques  »François Mitterrand » à déboulonner !

– Décision idiote, totalement anachronique et qui ne repose sur rien de concret. Comment une telle sottise a-t-elle pu être possible. Incompétence crasse.

– Cette décision d’Hidalgo est complètement lamentable. On peut penser ce qu’on veut de Delanoë mais il était décidément d’un autre niveau.

– On croit vraiment rêver en lisant les commentaires de cette Mme Tartakowsky,du théodulesque « comité d’histoire de la Ville de Paris »: « l’implication d’ Henri Dutilleux dans une politique active de collaboration n’est pas autrement documentée » et qu’« il ne semble pas, jusqu’à preuve du contraire, avoir directement nui ou pourchassé des persécutés « Vraiment? Il n’est pas non plus avéré qu’il ait violé des petites filles ou détroussé des vielles dames (jusqu’à preuve du contraire bien entendu!).

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