La rue débouche sur une vaste esplanade en bordure du lac Massaciuccoli, un grand lac bleu comme le ciel de Toscane, qui s’étend jusqu’aux lointaines montagnes.
A gauche, à l’écart, derrière l’école de voile, un ensemble d’immeubles, grand jeu de cubes de couleur bleu où l’on distingue des gradins et des échafaudages : c’est le théâtre en plein air où l’on joue cet été La Bohème, Madame Butterfly, Turandot, Tosca… A droite une vieille tour crénelée derrière un kiosque à musique : La Torre del Lago. Elle a donné son nom à ce village où vécut Giacomo Puccini.
Derrière, au coin de la rue, une belle villa protégée d’une solide grille métallique offre aux regards indiscrets son jardin luxuriant : c’est la villa qu’a fait construire le Maître en 1899. A l’époque, les flots du lac battaient la grille. C’est ici qu’il composa nombre de ses œuvres, Manon Lescaut en 1893, La Bohème en 1896, Tosca en 1900, Madame Butterfly en 1004, La Fiancée de l’Ouest en 1910, La Rondine en 1917, Il Tritiico (le tryptique) en 1918. Une villa que son fils Antonio a transformée en musée à la mort de son père, aménageant le salon en chapelle funéraire pour recueillir la dépouille du Maître, de sa femme et la sienne.
Une vieille dame à l’allure très patricienne, Simonetta Puccini, la petite fille du Maestro nous y accueille aimablement. Elle a créée une fondation pour l’entretien de cette maison musée. Sous son regard attentif, nous passons religieusement d’une pièce à l’autre, admirant la décoration évidemment très datée « 1900 » de cette maison bourgeoise : rien n’a changé dans ce bureau du Maestro,
avec sa table à composer et son piano. De même dans ce cabinet consacré à sa collection de dix fusils, soigneusement rangés dans le râtelier (c’était un grand chasseur).
Partout, dans ces petites pièces et dans les couloirs, sur les meubles et dans les vitrines sont exposés bibelots, statuettes et souvenirs divers. Des photos tapissent les murs, exposées comme des ex-voto – photos des grands interprètes, souvenirs de spectacles, du séjour à New York, photos et maquettes des trois grands yachts à vapeur qu’il a possédés (car il était devenu riche !), de ses treize voitures, photos familiales de jours paisibles passés en été sous la véranda à lire le journal. C’est la maison confortable d’un homme né en 1858 dans une famille aisée de musiciens, qui fit de brillantes études au conservatoire de Lucques puis de Milan, un homme des années 1900 à qui la vie a souri en lui apportant rapidement la gloire et la prospérité.
La visite se termine par le garage, aujourd’hui aménagé en boutique de souvenirs ; on y trouve cartes postales et CDs réalisés à partir d’archives familiales, ce qui nous permet de partager ici l’émotion de quelques uns des enregistrements sonores de cette belle époque de la musique d’opéra. On admire habituellement le génie mélodique de Puccini; à la réécoute, je trouve cette musique très Wagnérienne dans son harmonie chatoyante.
Voici chanté par :
– Beniamino Gigli (1918) : Tosca, E lucevan le stelle E_lucevan_le_stelle
– Claudia Muzio (1917) : La Boheme, Si mi chiamano mimiSi mi chiamano mimi
– Enrico_Caruso (1904) : Tosca, Recondita ArmoniaRecondita Armonia
– Giacomo Lauri-Volpi (1934) : Manon Lescaut, No_pazzo_son Manon_Lescaut- No pazzo son
– Jussi Bjorling (1937) : La Fiancée de l’ouest, chella mi credaLa Fiancee chella mi creda
– Mario Del Monaco (1948) :Turandot, Nessun dormaTurandot Nessun dorma
– Pavarotti (1994) : Turandot, Nessun dorma
– Renata Thebaldi (1949): Manon_Lescaut, I, quelle trine morbidequelle trine morbide
– Tancredi Pasero (1927): La-Boheme, Vecchia Zimarra,Vecchia Zimarra
– Roseta_Pampanini (1927): Madame Butterfly, Un bel di, vedremo,Un bel di, vedremo
– Renata Thebaldi, dans la même aria: (1949)
– Tosca. Callas,Gobbi – Covent Garden 1964 Un film de Franco Zefirelli :