De l’orchestre symphonique comme modèle de la propagation de la technologie dans le monde

Le savoir-faire [technologique] collectif est une capacité à réaliser des actes qui ne peuvent être réalisés par un individu seul, comme de jouer une symphonie ou de livrer le courrier : un violoniste isolé ou un postier isolé ne peuvent le faire seuls.

De même, une société ne peut pas imiter l’idée d’Amazon ou d’eBay si un grand nombre de ses clients n’ont toujours pas accès à Internet, aux cartes de crédit et aux services de livraison. En d’autres termes, les nouvelles technologies nécessitent la présence de technologies déjà diffusées précédemment.

C’est pourquoi les villes, les régions et les pays ne peuvent absorber la technologie que de manière graduelle, en générant de la croissance par une forme de recombinaison du savoir-faire déjà en place, avec peut-être l’addition de quelques composantes. Un violoncelliste peut compléter un quatuor à cordes, mais on ne peut passer du quatuor à cordes à l’orchestre philharmonique du jour au lendemain, parce cela nécessite trop d’instruments encore absents et surtout trop de musiciens qui auraient la maîtrise de ces instruments.

Le progrès avance en se déplaçant vers ce que le biologiste et théoricien américain Stuart Kauffman (université du Vermont) appelle  » le possible adjacent « , qui implique que la meilleure manière de trouver ce qui serait envisageable pour un pays est de commencer par développer ce qui y existe déjà.

La politique peut effectivement freiner la diffusion de la technologie ; mais dans une large mesure, la technologie ne se diffuse pas du simple fait de sa propre nature.

par Ricardo Hausmann

Traduit de l’anglais par Frédérique Destribats

Project Syndicate, 2014. www.project-syndicate.org.

© Le Monde

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