Bloody Daughter de Stéphanie Argerich

Drôle, étrange mais émouvant ce documentaire autobiographique en forme de confession d’une fille qui retrace sa vie de famille avec sa mère, la pianiste Martha Argerich (cf. le récent concert). Je ne saurais mieux en parler qu’en reprenant l’article qui m’a donné envie de le voir, signé Pierre Rubenach dans Le Monde d’hier.


C’est Bloody Daughter, sur Arte, à 22 h 45, qui a retenu toute mon attention. D’abord parce que ce documentaire est consacré à la pianiste argentine Martha Argerich – disons-le d’emblée, sans crainte du superlatif : l’une des plus grandes. Ensuite, parce qu’ il arrive auréolé du FIPA d’or 2013 dans la catégorie musique et spectacle et du prix Italia 2013 du meilleur documentaire télévisuel, dans la catégorie musique et arts. Enfin, et c’est l’essentiel, la réalisatrice, Stéphanie Argerich, est la troisième fille de l’artiste.

Petite, elle suit sa mère en tournée, vivant le destin de ces enfants de la balle, partagée entre sentiments d’abandon et d’admiration : elle confie ainsi avoir mordu un fan par jalousie, tout en étant fière de voir la foule réclamer des autographes.  » Ma mère est un être surnaturel. Bref, je suis la fille d’une déesse « , pense-t-elle. La beauté féline de l’artiste participe sûrement de ce sentiment, tantôt tigresse au regard pénétrant, tantôt noble matou qui n’aime guère être sorti du lit.

Un quotidien glané par la fille de l’artiste depuis qu’on lui a offert une caméra d’un retour de tournée. De cette habitude jamais perdue, les images constituent le film. On y voit les doutes de la musicienne, ses joies, ses angoisses avant le concert, minée par le trac :  » Je crois que j’ai de la fièvre. Je n’ai pas envie de jouer. C’est affreux de devoir jouer « , maugrée-t-elle – trente ans que c’est la même chose, s’amuse Jacques Thelen, son agent.

Avec le temps, la future réalisatrice ne se contente plus de saisir l’instant, elle interroge, cherche des réponses, sur sa famille, sur son art.  » Comment t’expliquer ? Je ne peux pas te dire, répète la pianiste, comme un leitmotiv. Ça ne sert à rien d’en parler. C’est au-delà des paroles.  »

par Pierre Rubenach

© Le Monde

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