Cité de la Musique – 26 février 09 – Webern, Berg, Debussy, Stravinski

Aujourd’hui je passe la parole à  Arthur Hà¢as qui nous raconte un concert à  la Cité de la Musique.

à” le bô concert ! Au programme : Anton Webern: Cinq Piêces op. 10
Alban Berg: Altenberg Lieder
Claude Debussy: Jeux
Igor Stravinski: Le Sacre du printemps A la baguette, Michel Tabachnik, aux commandes du Brussels Philharmonic. Autant le dire de suite ; j’ai a-do-ré ! M. Tabachnik se présente sous la forme d’un petit bonhomme passablement dégarni, au visage rond, infiniment souriant et sympathique. Une fois sur l’estrade, il se révêle appartenir à  la race des chefs-sauteurs (à  ne pas confondre avec les haricots du mexique 😉 ). Sa gestuelle est ultra ample, sa baguette décrivant de larges arabesques. Tout son corps vibre, tangue, ondule, trépigne parfois. L’ensemble donne une sensation três chorégraphique (ce qui tombe bien, vu les deux œuvres longues programmées), três fluide et tendre pour les Jeux de Debussy, et totalement hallucinante pour le Sacre de Stravinski… Chaloupements des hanches, arabesques encore, puis tout à  coup mouvements hargneux de la baguette, pantomimes sombres et inquiétantes, bref tout l’univers de cette œuvre grandiose rendue visuellement aussi. Aussi… Ha oui, parce qu’il y a la musique aussi ! Les cinq piêces op. 10 d’Anton Webern, três belles et extrêmement délicates. Un seul regret ; le fait que ces œuvres, écrites pour un petit effectif, aient été jouées avec les interprêtes dispersés dans la salle selon la disposition classique d’un orchestre symphonique (le celesta tout loin, les percussions tout au fond…). On eà»t aimé une disposition plus compacte (et pourquoi pas une salle plus petite). Les Altenberg Lieder d’Alban Berg sont assez similaires, pour ce qui est de la durée et de la délicatesse, avec pourtant un effectif tout à  fait symphonique et quelques passages tout à  fait tonitruants. Peut-être un peu trop fort par moment (la cantatrice donnant presque l’impression de mimer le chant, tant on avait du mal à  l’entendre dans les moments fortissimo d’orchestre… il faudrait voir la partition). Três beau cependant, l’interprétation paraissant « évidente » pour des piêces qui n’en ont pourtant pas l’air ! Les Jeux de Claude Debussy, tout en finesse (et tout en fitness pour le dirigeant, voir mes remarques plus haut 🙂 ). Enfin LE Sacre. Haaaa. Il faut dire que je réalisais ce soir là  un rêve de 30 ans, cette œuvre ayant été mon premier grand choc musical (en tout cas pour la musique classique, nous reparlerons de Pink-Floyd et Hendrix un autre jour). Je ne l’avais jamais entendue sur scêne. Quel choc ! C’est décidément superbe, et une fois de plus j’ai eu confirmation que l’enregistrement ne rend compte que três imparfaitement des œuvres orchestrales. Il faut dire qu’on est dans une écriture qui utilise les effets orchestraux avec un grand savoir-faire et une grande diversité, les atmosphêres se succédant à  un train d’enfer, et allant des moments les plus légers et charmants aux plus violents déluges sonores et rythmiques. Il m’a semblé que M. Tabachnik empoignait ce monument de façon endiablée, en le jouant à  une vitesse insensée. J’ai donc décidé de chronométrer la seconde partie, et en fait elle a été jouée en 17 minutes, c’est à  dire pareil que dans l’interprétation de Karajan… de la subjectivité de la musique… Peut-être était-ce à  cause de la direction, três énergique, d’une mise en place ultra-rigoureuse malgré une fluidité et une cohérence que j’ai trouvé parfaites. Et tout cela dirigé sans partition s’il vous plait ! En tout cas j’ai la sensation, moi qui ai somme toute assisté à  peu de concerts, d’avoir participé à  un três beau moment, avec une três belle formation, une três belle direction, et de la três belle musique. Encore bravo à  la Cité de la Musique. — Arthur P.S. Ha oui, j’ai aussi vu pour la premiêre fois de ma vie un contrebasson. C’est três impressionnant, et en même temps moins « tape-à -l’oeil » qu’un tuba, avec ses jolis coudes en bois. J’apprends de plus que c’est l’instrument le plus grave de l’orchestre, sa note la plus grave étant le Si bémol en dessous du Mi de la contrebasse (http://fr.wikipedia.org/wiki/Contrebasson). Comme quoi on ne nous dit rien ;-).

7 réflexions sur « Cité de la Musique – 26 février 09 – Webern, Berg, Debussy, Stravinski »

  1. Et voici les références pour l’enregistrement des œuvres de Webern : Intégrale Webern par Boulez (London Symphony Orchestra) et le Juilliard String Quartet chez Sony (réédition d’un enregistrement de 1969/1970).

  2. Emilie,
    je vais me renseigner sur le mode opératoire pour insérer des exemples sonores (Jean-Armannnnnnd !).

    Quant aux enregistrements pour les œuvres de Webern et Berg, à  vrai dire je ne sais pas. J’avais déjà  pu entendre les pièces de Webern lors de mon cours de musique hebdomadaire, mais n’ai pas noté les références. Je me renseigne c’est promis.

  3. Oui, bien sà»r, (je suis un étourdi), le hip-hop est acceptable seulement dans le 19e et sur la dalle de la Défense… Mais Pleyel ou la Cité, n’est-ce pas la même maison? 🙂

  4. Ce serait plutôt du hip-hop à  la "Cité " ( de la musique ) JLF…pas à  Pleyel.

    A bien y regarder, tous ces compositeurs appartiennent au siècle précédent et entrent maintenant dans le grand répertoire très "classique". ( Hors-classe)

    musique et vitesse:

    On va de plus en plus vite dans les interprétations, parce qu’on privilégie la violence de l’expression à  la musique elle-même.
    " Le public adore être bousculé, surpris , emporté …" ( c’est une réflexion d’un compositeur, je ne sais plus qui…) Le chic c’est d’allier vitesse et expression,
    c’est ce que les musiciens ont réussi à  faire ce soir là , semble t-il.

    est-ce un hasard si les chef d’œuvres de Stravinski ont été essentiellement pensés pour des ballets ?

    merci beaucoup pour le compte-rendu Arthur, manque juste des exemples sonores…même si les œuvres sont archi-connues, quels enregistrements des Berg et Webern conseilles -tu ?

  5. Merci à  Arthur H. pour cette chronique imagée et pleine de finesse(s) qui stimule notre imagination : le haricot mexicain sautant et dansant sur l’air du Sacre…
    Quelle chorégraphie, en effet ! Du hip-hop à  Pleyel? 🙂

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