Moi qui ne suis pas un fondu de lyrique, voici pourtant une voix, un air qui me donnent des frissons quand je l’écoute.
Marie-Aude Roux en parle si bien dans son excellent article publié dans le Monde 2 du 2 juin 2007.
« Un opéra doit faire couler les larmes, causer l’horreur et amener la mort grâce au chant », écrit Bellini en 1834, trois ans après la création de Norma à la Scala de Milan. Quelle cantatrice digne de ce nom n’a rêvé ces larmes, cette horreur et cette mort ? Maria Callas plus que toute autre. Combien de films, de spots publicitaires, de génériques et jusqu’aux cartes postales musicales proposées sur le Net, ont repris, reprennent, reprendront, le fameux Casta diva de la Callas ? Cette priêre à la Lune, c’est l’hymne incontesté de la Divina.
Callas chante sa première Norma le 30 novembre 1948 au Mai musical florentin. Elle l’accompagnera jusqu’à la fin, le 29 mai 1965, au Palais Garnier. Ce rôle, inspiré du mythe de Médée, où¹ la grande prêtresse gauloise éprise de Pollione, proconsul romain dont elle a eu deux enfants, trahit la cause des siens et provoque également la chute de son amant infidêle avant de s’immoler par le feu, elle l’aura chanté quatre-vingt-neuf fois. Puissance dramatique hors du commun, beau chant voluptueux, le premier témoignage discographique de 1950 à Mexico, paru chez Melodram CDM, est une révolution — legato somptueux, rondeur du son, perfection technique et des aigus à damner un tribun romain.
En 1952, dans un live à Covent Garden, son fameux Casta diva touche à la grà¢ce pure, se joue de la tessiture meurtriêre et semble flotter au-dessus de son chant (Sakkaris Records). Deux ans plus tard, le premier enregistrement gravé pour EMI confère au rôle une richesse d’interprétation inédite. Callas vient de perdre trente kilos en un an et sa voix n’a pas bougé. Le 29 octobre 1956, elle a fait ses débuts au Metropolitan Opera de New York dans Norma. Mais c’est dans le live de la soirée d’ouverture à la Scala de Milan, le 7 décembre 1957, que Callas chantera sa Norma de légende (Gala GL). Un miracle fusionnel entre théà¢tre et musique, des moyens vocaux superlatifs et un don de soi absolu, qui ne se renouvellera pas. L’année suivante, à Rome, en présence du président de la République italienne, Callas, malade, quitte Norma à la fin du premier acte. Scandale. Deux ans plus tard, c’en est fait. Et la seconde intégrale de 1960, toujours pour EMI, malgré la profondeur de l’interprétation, accuse une usure vocale três perceptible.
C’est à Paris, en 1964, que la Callas aura chanté sa derniêre Norma dans une mise en scêne de Franco Zef¬Firelli. L’enregistrement de la derniêre représentation est poignant — aigus métalliques, notes omises et vocalises savonnées. Callas terminera la premiêre scêne de l’acte Il quasiment dans le coma. Une derniêre Tosca à Londres, le 5 juillet1965, et elle quittera la scêne pour toujours. Lui resteront les larmes, l’horreur, la mort.
MARIE-AUDE ROUX
Et voici donc cet enregistrement historique, Casta diva enregistré en 1952 par le Choeur et l’orchestre de la Scala de Milan dirigé par Tullio Serafin (disque EMI)
J’aimerais juste signaler que la soirée live de la Scala c’était le 07 Décembre 1955.
Je veux emmener ma femme à notre premier opéra, et j’hesitais entre la norma et roméo et juliette. Mais cet air m’a vraiment transpercé et fais remonter des larmes du plus profond de mon être. Merci pour ce bout de paradis, nous irons voir la norma!
Site(ou blog …) découvert ce jour ….où¹ des voix qui se sont tues …. nous manquent ….Merci pour le "casta diva", mille et mille fois écouté …Certaines arias …sont presque des ….prières ……
Lorsqu’on a atteint de tels sommets dans une vie d’artiste, et de diva, comme Maria Callas, il est difficile de se maintenir sur cette ligne de crête éternellement… Le sublime ne serait-ce pas d’avoir chanté malgré tout, maladie douleurs et faiblesses comprises, jusque dans ces moments là ? … C’est vrai, on a presque l’impression d’assister sinon à une mort en directe, du moins à un affaissement ou à une extinction lente d’une étoile jadis brillante et imposante…Ce chant déchirant et tellement humain , tellement poignant, ne laissera personne insensible, pour une fois le coeur aura eu raison des oreilles …absolues !
Je ne peux pas m’empêcher de penser à la fin tragique de cet éminent organiste
à Notre Dame de Paris, Louis Vierne…C’est évidemment un tout autre contexte ( car pour Callas ce n’était que le début d’une lente agonie bien sà»r,) …Louis Vierne , lui, mourra subitement, en 1937, à sa console prestigieuse de la Cathédrale de Paris, alors même qu’il débutait une de ses célèbres improvisations pour le concert du soir, cette fois-ci sur "Alma Redemptoris Mater"…On dit que c’est une même note qui se fit entendre longtemps sous les voûtes de l’édifice…Y a t-il un seul organiste qui n’est pas rêvé d’une mort aussi sublime ?
Pour en revenir au chant,on peut dire que Louis Vierne fut aussi un passionné de l’art vocal, il est l ‘auteur non seulement de mélodies (inspirées de poètes tels Baudelaire,Verlaine, Hugo…) mais aussi de poèmes symphoniques "pour voix et orchestre".
Merci à JLF de nous avoir fait partager ce "moment lyrique" poignant et l’excellent billet musical de Marie-Aude Roux .
M.
Alors, on continue à parler d’opéra après Zygel ?
Sublime Callas, c’est grà¢ce à elle que j’aime l’opéra. Elle a vraiment changé la face de l’Opéra le son de l’Opéra, la diction de l’Opéra, le jeu, la passion,…….
Castafiora aussi à cause de Casta Diva !
Merci Jean-Louis, je vais me l’écouter sur un CD car le son de mon ordi est très laid.