« POCHETTE SURPRISE » – La Leçon de Musique de Jean-François ZYGEL a 10 ans

(Je laisse la plume à Castafiora, notre talentueuse chroniqueuse)
Paris, le 23 mars 2007 – Par Castafiora (vous pouvez m’appeler Bianca !)

Une soirée exceptionnelle a été organisée pour fêter les 10 ans de La Leçon de Musique de Jean-François Zygel au Théâtre National de la Colline, Paris 20me.

Nous sommes 600 privilégiés à attendre les surprises que nous réserve notre cher « Maître » de Musique. J’ai l’impression de connaître tout le monde tellement je suis habituée à aller l’écouter (et le voir) à la Mairie du XXème, à Boulogne (pour l’année Mozart), au Conservatoire de Paris (rue de Madrid) pour une audition avec ses élèves d’écriture, à l’Archipel…..

Je suis assise au milieu de 4 splendides femmes (qui connaissent Zygel personnellement), la soixantaine épanouie, Benjamin, le fils de l’une d’elle, Nima Sarkechik, le pianiste virtuose aux yeux de braise qui a interprété Liszt à la Leçon sur le Scherzo…… (il m’a écrit son nom sur un papier avec un petit mot gentil car je n’avais pas bien compris comment il s’appelait !). Je suis bien, le sourire aux lèvres, les narines et les oreilles bien ouvertes (eh oui, mon odorat est très important).

Jean-François entre en scène, lutin au sourire fin et énigmatique, aux yeux rieurs qui cachent un professionnalisme, une concentration, une maîtrise de la situation, des musiciens, des spectateurs qui ne cessent de m’étonner.

Il commence par une improvisation puis se dirige vers nous pour évoquer ces 10 années de « Leçons ».

C’est Joseph Zimet – un jeune élève de Jean-François – qui a imaginé ces Leçons, il monte sur scène, engage un dialogue très court avec Zygel puis c’est le tour de l’incontournable Maire du XXème arrondissement, Michel Charzat (éternelle reconnaissance à lui) qui ne nous dira que quelques phrases courtes et qui extraira quelques questions du Questionnaire de Proust auxquelles Zygel répondra avec son piano. A la question : « Quel compositeur auriez-vous aimé être ? » je crois reconnaître un pastiche de Bach (Johann Sebastian) – tiens, tiens…!

Les musiciens se succèderont pour notre plus grand plaisir, nous entraînant dans une farandole de délices divers et variés :

  • François Salque, violoncelliste, interprètera un extrait d’une composition de Zygel et interviendra régulièrement tout le long du concert ;
  • Jive, « jongleur » – je dirai plutôt : danseur, mime, magicien – traversera la scène plusieurs fois, accompagné par d’autres musiciens ;
  • Jean Boucault et Johnny Rasse, libérés de leur cage, nous enchanteront avec leurs chants d’oiseaux ;
  • Thomas Bloch nous étonnera avec son cristal Baschet et ses ondes Martenot ;
  • La mezzo lyrique Isabelle Poinloup se transformera en chanteuse de jazz déchaînée et interprétera « Fais-moi mal, Johnny » de Boris Vian avec Philippe Berrod en Johnny clarinettiste doux et charmant qui deviendra un très méchant Johnny ;
  • Antoine Hervé, pianiste qui a usé ses fonds de culotte avec Zygel au Conservatoire et qui a fait son chemin dans le jazz et le « démontage » de piano, improvisera d’abord tout seul (on commencera à percevoir quelques notes de « Happy birthday to you ») et sera rejoint par un Jean-François félin qui arrivera à pa(ttes)s de velours pour s’installer à côté de lui pour un quatre mains – mains qui iront farfouiller les cordes du piano pour rechercher le petit gingle « Happy birthday….. » ;
  • Et Talila, la chanteuse qui représente la culture de Jean-François, celle qui chante en yiddish des chansons que les grands-mères du petit Zygel aimaient tant. Talila va également lire un texte sur son enfance, avec ses parents qui achètent un piano qu’ils placeront à côté de la machine à coudre. Piano que Talila n’arrivera pas à apprécier car elle préfèrera le chant mais que son grand frère s’appropriera pour le bonheur de toute la famille….. Jean-François écoutait attentivement ce beau texte et jubilait, il me semblait qu’il revivait un peu son enfance, sa culture, l’accent de ses grands-mères….. qui lui disaient qu’il faisait de la « grande musique »….

Jean-François présent sur tous les tableaux, tantôt à son cher piano à queue, tantôt à son Glockenspiel, tantôt sur son tabouret, à observer tout ce qui se passait avec un plaisir évident.

Nous avons même eu droit à un morceau de film muet de René Clair (1924) que Jean-François mettait en musique QUAND……………….. UNE ALARME S’EST DECLENCHEE et nous avons tous été évacués dans la rue. Je croyais à une farce de notre Maître lutin mais non, c’était vrai. Je suis donc sortie et eu l’immense chance de passer 10 minutes avec le plus beau, le plus charmant des musiciens……. Jive – le magicien, le danseur, le mime….. – je l’ai un peu interviewé…… encore un bel être humain…. Un artiste simple, humble très talentueux et très original….

Il y aurait bien des choses à dire sur ce moment magique qui a duré deux bonnes heures mais il me faut conclure par le final :

Tous les musiciens étaient réunis autour de Jean-François, tous chantaient, jouaient, dansait (au singulier : parce qu’il n’y en a qu’un qui dansait), pépiaient (les zoizeaux), et de temps en temps, on distinguait « happy birthday » jusqu’au moment où Talila a sussuré – à la Marilyn – « Happy birthday, Mr President ».

Mais Jean-François Zygel ne pouvait pas nous laisser partir sans avoir le dernier mot : Après avoir spécifié que ce n’était pas son anniversaire mais celui de La Leçon, il a raconté l’histoire de Humpty Dumpty qui dit à Alice (au pays des merveilles) qu’un cadeau de non-anniversaire était bien plus intéressant qu’un cadeau d’anniversaire car c’est presque tous les jours notre non-anniversaire…………….

Un magnifique cocktail nous attendait mais je n’ai vu aucun des musiciens alors je suis partie en dansant dans la rue………….

Merci à Jean-François Zygel pour cette merveilleuse soirée, merci à ses musiciens, merci à Joseph Zimet pour avoir « inventé » ce concept, merci à Michel Charzat – quelle chance ils ont dans le XXème d’avoir un pareil maire- et merci à tous ceux qui ont organisé cette soirée vraiment exceptionnelle.

Jean-François Zygel a reçu la médaille de citoyen du vingtième arrondissement de Paris des mains de son maire que je renomme, Michel Charzat.

(…et merci mille fois à Bianca Castafiora pour nous avoir fait partager cette soirée magnifique avec ce talent et cet enthousiasme ! ) 🙂

9 réflexions sur « « POCHETTE SURPRISE » – La Leçon de Musique de Jean-François ZYGEL a 10 ans »

  1. Oh, Merci Mazurka pour ce grand com’ si vivant et si drôle !
    Alors, j’essaie de répondre à  tes questions :
    1° je n’ai pas vu la salle se vider car j’ai attendu le dernier moment croyant à  une farce mais tout s’est fait très rapidement à  cause des "gentils videurs" et de toutes les sorties prévues dans cette belle salle du théà¢tre de la Colline. Par contre, dans nos enveloppes rouges, nous avions un très joli texte de Nathalie Sarraute sur une leçon de récitation et comment dire un texte, avec le ton juste…… Zygel nous a demandé de le sortir et de le lire (seulement avec les yeux) pendant qu’il faisait une impro. Je m’étais déjà  débarrassée de cette enveloppe rouge très "bruissante" et, quand les spectateurs ont cherché le fameux texte dans leur enveloppe, il y a eu une "musique" de bruissements/ froissements, qui a duré quelques très longues secondes et qui a ravi Zygel ! Nous avons fait une impro de bruissements/ froissements de papier pour lui !
    2° Les abonnés à  la leçon se sont vu distrubuer un coupon pour ce concert. Il fallait le renvoyer avec un chèque de 7Euros50 pour participer à  cette soirée, ce que j’ai fait le soir même !
    3° Pour le quart de ton, c’est grà¢ce à  notre chef – Pierre Calmelet – que nous le réussissions. Je disais à  Pierre qu’il avait des poils-antennes dans les oreilles qui lui indiquaient les différents commas. Ca le faisait rire. Il était très exigeant et avait une oreille exceptionnelle. C’est avec lui que je me suis rendue compte qu’il nous manipulait à  sa guise pour donner à  son choeur la couleur, la justesse, l’atmosphère qu’il souhaitait, en fonction du répertoire ! Eh oui ! Le chef est extrêmement important – il "dirige" véritablement le choeur. J’ai eu cette même impression avec le génial John Nelson et avec Ian Eck Tulve (estonien, chef de choeur grégorien). C’est très difficile à  expliquer comme ça mais j’ai vécu des moments "magiques" avec ces chefs et je me suis prêtée à  leur "pouvoir" avec délices. Nous avons vécu des moments extraordinaires qui resteront à  jamais gravés dans ma mémoire et dans mon corps !
    Enfin, j’ai toujours été fan de Bianca Castafiore et – comme je pensais ne pas pouvoir prendre son nom (droits d’auteurs) – je lui ai ajouté un a final, plus conforme à  ses origines.
    Merci encore – dans tes écrits, il y a un humour et une vitalité qui me mettent en joie ! PS : demain je serai aux Blancs Manteaux pour la Passion selon St Matthieu de Schutz (Akademia) et jeudi je retrouverai mon cher Denis Raisin Dadre pour des madrigaux spirituels d’Agostini encore aux Blancs Manteaux. Nous sommes dans une période riche en concerts et je suis fidèle à  Philippe Maillard qui produit des concerts spécialement bon marché et de grande qualité ! Caramba, le captcha ! Encore raté ! 3me tentative

  2. Mille excuses j’ai écorché bien involontairement ton nom Bianca Castafiora, pourtant j’ai de l’estime pour la grande artiste si présente dans " Tintin et Milou", dit le rossignol milanais ! Je rectifie tout de suite le nom, "Castafiora",donc, même si JLF peut le faire ensuite. Encore merci pour ton billet sur JFZ.
    Mazurka.

  3. Fête au Théà¢tre de la colline ou Bianca aux pays des merveilles zygéliennes

    Merci pour ton billet chère Bianca Castafiora, qui nous relate à  la fois le bel anniversaire des leçons de musique et le non-anniversaire de Maître Zygel. Vraiment bravo, on a l’impression d’y être
    Question extra-musicale : Mais en combien de temps avez-vous donc évacué la salle ? 600 personnes , ce n’est pas rien ? Cela a du faire du bruit « musical » très concret non ? et a du inspirer JFZ pour une future improvisation ( dans le style « Farandole ou panique à  bord », je pense au film « le rideau déchiré » d’Alfred Hitchcock, dans la fameuse scène où¹ le héros, assis parmi les spectateurs, et apparemment cerné, provoque lui-même la panique dans la grande salle d’un opéra en criant « au feu » pour échapper à  ses ennemis, mais tout le monde se souvient bien de cela )
    Sinon, c’est incroyable qu’il y ait encore des "privilégiés "dans notre quasi "septième république", pour assister à  de tels spectacles-concerts, non mais ne crois-tu pas ? ( je plaisante) C’est bien que la maison Naà¯ve ait pensé à  offrir des cadeaux, des cd, à  mon avis on peut espérer aussi un DVD Zygel, « anniversaire » ( non, ne chantez surtout pas : j’ai dix ans,j’ai dix ans) pour nous l’offrir aux prochains récitals d’impro de JFZ, AH ! On peut rêver non ?Je trouve dommage qu’il n’existe pas un site JFZ avec un journal de bord clair et lisible résumant un peu ses interventions, interviews, tous ses concerts et autres leçons ! On ne sait jamais où¹ le trouver, tellement il a de prestations à  honorer, comme le furet, "il court , il court…" Et quand on a fixé une date, et trouver le lieu, c’est déjà  complet ! Tout le monde ne bénéficie pas d’abonnements…
    La revue « Pianiste » (différente de « Piano ») a réservé un beau portrait à  JFZ sous la plume de Frédéric Gaussin et un interview mené par Matthieu Papadiamandis. Il s’agit du numéro paru en novembre- décembre derniers.) On y apprend en tout cas que JFZ préfère parler d’ « initiation » à  la musique plutôt que de « vulgarisation » de la musique, il est un « passeur », l’auteur ( F. Gaussin) a même titré magnifiquement son portrait : « Jean-François Zygel, la transmission du sensible ». On ne peut guère dire mieux. Il suffit d’écouter JFZ ne serait-ce que quelques instants pour s’apercevoir en effet qu’il est bien incapable de "vulgariser "quoique ce soit, ( ce mot a pris une certaine connation péjorative, même si le sens au départ était tout autre) Zygel lui, procède plutôt a contrario, rehaussant et clarifiant tous les thèmes abordés, et tous azimuthsBref !
    Juste une question, hors sujet, Bianca Casatafoira. mais relative à  tes précédentes interventions sur le chant : comment faire pour penser et chanter juste « un quart de ton » ? Sans l’aide d’un instrument, évidemment, de tête, je veux dire.
    Mazurka.

  4. Envoie-moi ton adresse et je te le ferai parvenir mardi au plus tard avec – en prime – la cassette des zoizeaux ! La poste n’est pas loin de chez moi – métro Volontaires – Paris 15me 😉
    Allez, je replonge dans tes hiéroglyphes ; pourtant, je lis couramment depuis longtems déjà . Tu sais, je me demande si ça ne décourage pas les lecteurs de mettre des com’s avec tes captchi-captcha !!!!! Bon, j’y vais…. 2me fois

  5. T’es repartie avec un CD d’extraits d’improvisations de Zygel….!!!!

    Veinarde ! On ne peut pas en profiter un peu, écouter quelques extraits, nous autres qui n’étions pas présents? Je n’ai jamais entendu de compos de zygel (de vrais compos je veux dire)

  6. C’était une superbe soirée ! Merci encore à  tous !
    Mandrake ? je ne comprends pas ton com’ – quel rapport avec le concert ?

  7. "ton résumé est fidèle à  ton image, passionnée. Je suis admirative devant ce talent. "
    Un peu trop "fofolles", ces… dames (?)… non?

  8. Mea culpa : j’ai oublié de citer NAIVE ! La maison de disque de Jean-François Zygel et de bien d’autres de mes idoles (Doulce Mémoire, Christina Pluhar, Laurence Equilbey) !!!! NAIVE qui a distribué à  chacun d’entre nous un dossier avec un CD d’extraits d’improvisations de Zygel. NAIVE qui édite les "Leçons de Musique" sur DVD ! Pardon à  NAIVE mais vous m’avez mis la tête dans les étoiles pour vous avoir ainsi négligé(s) !

  9. Chère Kasta-chroniqueuse, ton résumé est fidèle à  ton image, passionnée. Je suis admirative devant ce talent. Cet enthousiasme me fait regretter d’être aussi loin pour partager ces moments de délice.
    Tu peux être fière!
    mille bises.

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