Lundi soir, Lorin Maazel officiait avec son orchestre, le New York Symphonic Orchestra à la salle Pleyel (Paris).
J’avais envie depuis longtemps de faire connaissance en concert avec cet orchestre mythique. Mythique, quand on sait qu’il s’agit de la plus ancienne formation symphonique américaine, fondée en 1842, et qu’elle a connu des chefs prestigieux comme Gustav Mahler, Arturo Toscanini, Bruno Walter, Leonard Bernstein, Pierre Boulez ou Kurt Mazur (tiens, que des chefs européens!) Lundi soir était l’avant derniêre journée d’une tournée européenne de 15 concerts en 16 jours. C’était aussi la derniêre visite de cet orchestre avec Lorin Maazel à sa tête, puisque, à 80 ans, ce grand chef le quitte pour prendre une (fausse) retraite. Ecoutez sur Europe 1 son interview, três intéressante, notamment sur ce qui caractérise selon lui les orchestres européens et américains.
Au programme, donc, trois œuvres dont une création. Qui a dit que Paris est devenu un désert en matiêre de création musicale ? 🙂
Les Rhapsodies pour orchestre, création française (commande du NYP) de Steven Stucky ouvraient donc le concert. Belle œuvre de musique contemporaine, três lisible dans sa facture.
Le compositeur avoue s’être précipité sur son dictionnaire quand Maazel lui a commandé quelque chose de « rhapsodique ». Et, dit-il, elle est doublement rhapsodique : par son caractêre faussement improvisé, d’abord (il est vrai qu’il multiplie les thêmes); ensuite parce que chaque thême est d’abord joué par un instrument solo qui petit à petit « recrute » les autres instruments. J’ai bien aimé.
La deuxiême œuvre du répertoire était le Concerto en Fa de Gershwin, amérique oblige. Au piano, Jean-Yves Thibaudet. Avec une nonchalance et une modestie três professionnelles que soulignait le sobre costume gris dissimulant à peine le collier de diamants sous-jacent et la ceinture également diamantée, cet élégant quadragénaire (?) nous a démontré un grand talent avec l’air de ne pas y toucher dans une partition qui n’est pas réputée pour sa facilité. Gros succês !
Pour ma part, j’ai trouvé que le son de l’orchestre manquait de clarté dans l’allegro du début. J’ai été un peu déçu.
Enfin, après un entracte que les musiciens de l’orchestre ont mis à profit pour répéter et encore répéter dans une cacophonie invraisemblable, comme ils l’avaient d’ailleurs fait avant le début du concert (manquaient-ils de répétitions?) , nous avons eu droit au morceau de choix, celui qui nous avait fait venir et dépenser une somme royale (de 45 à 130 Euros la place!) : Le Sacre du Printemps, d’Igor Stravinski.
Il me faut bien reconnaître, malgré ma ladrerie et quoiqu’en disent les détracteurs (qui parlent du « massacre des tympans ») que cette interprétation là fut magnifique et valait le déplacement. C’était d’ailleurs la seule pièce que Maazel a conduite sans la partition, preuve qu’il l’a souvent dirigé avec cet orchestre. La salle leur a fait une triomphe mérité et, reconnaissants, ils ont bien voulu nous donner en rappel deux petites œuvres de musique du 19e siêcle dont je serai bien incapable de donner le nom, bien que la deuxiême me soit familiêre… :-/
Finalement, ce fut une bonne soirée, mais cet orchestre mythique m’a paru finalement bien lisse, sans grande personnalité. Nos orchestres européens , qu’ils soient Français, Britannique, Néerlandais ou allemand supportent parfaitement la comparaison.
Rien de tel qu’un concert pour chasser les mythes !
> Rien de tel qu’un concert pour chasser les mythes !
Oui c’est vrai. Et rien de tel pour différencier CDs et performance live.
J’adorerais voir cet orchestre cependant. Et le programme est des plus alléchants !