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L’électronique musicale classique en déshérence

En 2021, les plus grands violonistes du monde se réjouissent de pouvoir jouer sur les 500 stradivarius que les siècles nous ont légués. Ils jouent la musique ancienne mais aussi la plus contemporaine.

En 1970, quelques petits génies sous la houlette de Pierre Boulez à l’IRCAM ont voulu révolutionner l’instrumentation musicale avec une musique dite « mixte ». Elle mélangeait des sons analogiques puis numériques à ceux des stradivarius et autres instruments classiques de l’orchestre contemporain. Mathématiciens devenus informaticiens autant que compositeurs, ils ont inventé de nouvelles machines à l’IRCAM, des synthétiseurs « à leur sauce », fabriquées à l’unité, soucieux de trouver « leur son » et d’interpréter eux-mêmes leurs œuvres, lors de rares concerts. Non contents, ils inventaient aussi, chacun dans son coin de nouvelles notations musicales aux graphismes plus ou moins abscons, soucieux que ces musiques soient jouées plus tard au plus prés de l’interprétation initiale. Ces partitions sont autant d’œuvres d’art accompagnées de modes d’emploi complexes, œuvres difficiles d’accès, comme souvent dans l’art abstrait.

Hélas, ces compositeurs et interprètes du siècle dernier ont vieillis pendant que leurs machines hors d’usage prenaient la poussière dans les caves de l’IRCAM. Trop peu d’enregistrements de certaines de ces œuvres permettent aujourd’hui d’en prendre connaissance. Leurs partitions parfois éditées à l’époque sont devenues introuvables ou inexploitables au grand désespoir de leurs auteurs, de leurs ayant droits et des éditeurs.  Tel est l’impitoyable destin de cette musique classique électronique, inventée par des apprentis sorciers insouciants de l’avenir.(*)
Autant de soucis que l’usage des stradivarius épargnent aux musiciens et mélomanes de notre 21e siècle.

(*) Voir l’enquête de Pierre Gervasoni dans Le Monde du 7 mai.

Néologismes 2021

Ça y est, elle vient de sortir… la liste de mots candidats à l’inclusion au dictionnaire en 2021:
Airgasme n. m. : jouissance ressentie lorsqu’on retire son masque.
Attestarder v. i. : remplir son attestation alors qu’on est déjà dans la rue.
S’autobuer v. i. : quand les lunettes sont embuées à cause du masque.
Clubster n. m. : endroit cosy pour retrouver sa team ou faire des rencontres et revenir avec un covichinel * dans le réservoir. (* covichinel : se dit d’un virus invasif des voies respiratoires.)
Cobidité n. f. : embonpoint simultané de plusieurs personnes vivant des situations de confinement.
Déconcerté adj.: individu dont le concert réservé un an en avance a été annulé.
Facultatoire adj. : se dit facultatif mais devient obligatoire.
Gelouser v. t. : envier son prochain qui s’enduit les mains de gel alors qu’on est soi-même en rupture de stock.
Hydroalcoolisme n. m. : tendance à s’enduire de gel hydroalcoolique plutôt que se laver les paluches.
Agité-du-pipeau adj. :  musicien qui revendique 
Mascarpogne n. m. : tenir son masque à la main.
Partochialer v. i. : réviser ses partitions dans l’attente d’un concert déjà annulé deux fois
Pénuriz n. f. : disparition éclair des denrées alimentaires à l’annonce d’un confinement probable.
Solimasquer v. i. : se rendre compte que l’on a conservé son masque alors que l’on est tout seul chez soi.
Téléventiler v. i. : brasser du vent en télétravail


Réponse à la devinette du 20 février (post précédent ) : « Madame Pylinska et le secret de Chopin » de Eric-Emmanuel Schmitt chez Albin Michel 

« Pour chanter ça, il faut placer la voix derrière les yeux. »

Les confidences de Pascal Dusapin   sur sa musique sont finalement assez rares; son art de composer, sa recherche de la forme restent un mystère pour bien des musicologues.  Aujourd’hui Il  nous  fait quelques révélations. Loin de composer « à l’instinct » comme on lui en prête parfois la démarche,  « au crayon », « à la table » comme il l’affiche habituellement  (voir ici quelques exemples), il parle de « logiciel », « structure », « étais », « contraintes » dans un interview de Pierre Gervasoni au journal Le Monde. En voici quelques extraits.

L’installation sonore pour la  panthéonisation de Maurice Genevoix  Continuer la lecture de « Pour chanter ça, il faut placer la voix derrière les yeux. »

Faciliter la lecture des partitions sur tablette

France Inter et Radio France nous offre des articles très intéressant dans le domaine musical, par exemple celui sur l’ Histoire de la musique oublieuse des nombreuses compositrices, depuis trois siècles. Aujourd’hui nous reprenons un article de  Ludovic Piedtenu et Julien Baldacchino publié le 26 novembre 2020 concernant une invention qui va révolutionner la vie des musiciens.

Créer la première (et la plus grande) bibliothèque de partitions numériques du monde : c’est le défi que s’est lancé une entreprise basée à Berlin, « Enote », alliance d’un chef d’orchestre et d’un informaticien. Leur objectif : faciliter la vie des musiciens et des musiciennes du monde entier avec la « partition du 21e siècle ».

 

L'application doit permettre aux musiciens de lire plus facilement des partitions sur l'écran de leur tablette ou smartphone
L’application doit permettre aux musiciens de lire plus facilement des partitions sur l’écran de leur tablette ou smartphone © Daniel Wetzel / Enote

 

L’idée de cette nouvelle application (téléchargeable ici) est de se baser sur une intelligence artificielle capable de lire une partition dans les moindres détails, quels que soient l’instrument, la taille de l’orchestre, et de la retranscrire sous un format plus adapté aux écrans. C’est là que réside la principale innovation : en convertissant une partition papier dans un format natif, il devient possible de la transformer directement dans l’application : « Vous pouvez changer la taille du texte, mais aussi le style de partition : certains musiciens aiment voir la musique dans un certain style. La partition peut être personnalisée, ou transposée dans une autre tonalité, en un clic – ce qui, avant, pouvait prendre des heures, voire des jours, à la main« , explique Boian Videnoff.   

 

Jusqu’à 150 000 partitions dans l’application ? 

 

Même avantage pour les chanteurs, ou les pianistes qui parfois les accompagnent : gagner du temps et éviter du stress. « Chaque musicien, dans une partition d’orchestre, peut retrouver sa partie. On a une bibliothèque de métadonnées qui permet de naviguer dans un mouvement, voire à une mesure en particulier », détaille le chef d’orchestre, qui note aussi que cette bibliothèque numérique devrait permettre aux musiciens et aux musiciennes de retrouver des partitions rares, des éditions anciennes, sans prendre le risque de les abîmer.   

 

À l’heure actuelle, l’application, qui est en version beta publique (et sur liste d’attente), propose 3 500 œuvres, et pratiquement autant sont ajoutées chaque semaine. D’ici à la fin de l’année prochaine, les concepteurs de l’application promettent qu’elle en contiendra plus de 150 000.