Giovanni Anselmo : « un gris qui s’allège vers l’outremer »

Giovanni Anselmo à l’époque d’ARTE POVERA

Réédition du 6 juillet 2010, un billet d’ Yves Rinaldi

Artiste italien, né en 1934 à Borgofranco d’Ivrea (Piémont), Giovanni Anselmo est une des figures de proue de l’ARTE POVERA, principal mouvement d’avant-garde conceptuel italien apparu au début des années 1960.

ARTE POVERA : UN RETOUR VERS UNE MATIÈRE SIGNIFIANTE
Plus qu’un simple « mouvement » artistique né de la contestation d’une société marchande alors sûre de son éternelle prospérité, ARTE POVERA se veut plutôt une « attitude » de certains jeunes artistes italiens qui s’interrogent, comme tant d’autres de leurs collègues français du NOUVEAU RÉALISME ou encore américains du POP ART, sur les dérives consuméristes d’un société erratique, semblant avoir égaré la notion de sens, au détour d’une allée d’un de ces supermarchés, présentés alors comme les nouveaux temples de cités devenues tentaculaires. En ce sens, ARTE POVERA s’inscrit tout à fait dans l’émergence simultanée de deux courants clés de l’art de l’après-guerre : le HAPPENING (ou art « événementiel ») et l’Art CONCEPTUEL, dont les « Ready Made » des années 1910-1920, de Marcel Duchamp constituent les prototypes « historiques ».

Marcel Duchamp, Roue de bicyclette, 1913, Paris, Musée National d’Art Moderne.

Alors que les américains du POP ART, tel Andy Warhol, détournent l’imagerie publicitaire pour la tourner en dérision et « fabriquer » de nouvelles icônes comme on fabrique des boite de soupe en usine et que les Français du NOUVEAU RÉALISME recyclent les ordures ménagères et autres carcasses de voitures pour en faire des œuvres d’art livrées aux mannes du marché, les Italiens d’ARTE POVERA optent pour un recours systématique à des matières « pauvres », de préférence naturelles (Giovanni Anselmo, Giuseppe Penone) ou encore industrielles mais « brutes » (Mario Merz, Luciano Fabro). Continuer la lecture de Giovanni Anselmo : « un gris qui s’allège vers l’outremer »