Un requiem très politique

Il était ulcéré, Philippe Villin, petit marquis toujours en mal de publicité, banquier de son état, homme de droite revendiqué; ulcéré que son poulain, François Fillon ait voulu se maintenir à la présidentielle, quitte à faire élire l’ennemi intime, Emmanuel Macron.
Alors, «pour  soigner par une catharsis l’extrême peine que m’avaient infligée M. Fillon et sa clique », il a commandé, dixit le programme du concert, une «Création mondiale du Tenebrae, bref Requiem de Karol Beffa. Commande de Philippe Villin en hommage à une droite défunte. »
Le 6 mars, deux violonistes, un flûtiste et un violoncelliste ont donc pris place, devant le compositeur, Karol Beffa dans les salons du vaste duplex parisien pour un concert de dix minutes.
«Je voudrais que Fillon écoute ces tonalités crépusculaires en boucle pour mieux expier sa faute. »
La rumeur dit que les soixante invités, gratin du tout Paris des affaires, en ont surtout bien ri.
« C’est la commande privée la plus originale qui m’ait été passée », reconnaît le compositeur.

Dusapin, l’inconnu célèbre

Michel Guerin nous enjoint, dans Le Monde, d’aller écouter Pascal Dusapin, à la Philarmonie de Paris,ce WE. Helas, j’en suis trop loin. Mais ce serait dommage que les parisiens qui me lisent n’en profitent pas…

Dans le métro, entre une publicité pour une robe et une autre pour un bracelet, on est tombé sur le visage de Pascal Dusapin. Il s’affiche pour annoncer le week-end que la Philharmonie de Paris lui consacre, les 17 et 18 février. C’est un compositeur de musique contemporaine. Entendez : la musique classique d’aujourd’hui. Il a 62 ans. A son actif, près de cent cinquante œuvres, de la pièce pour piano à l’opéra. Une question nous est alors venue. Quel est son statut ? Pour un écrivain ou un cinéaste, on a une idée. Pour lui, non.

Ses œuvres ne passent pas sur les radios généralistes, son potentiel commercial est faible, son rôle social incertain. Les grands noms de cet art sont inconnus. Cela tient beaucoup au côté indocile de leur musique. Inaudible, disent les plus durs. Dans un monde où l’on rêve d’harmonie, comment entendre une voix dissonante ? Pascal Dusapin est bien placé pour répondre puisque la Philharmonie le présente comme « l’icône de la musique contemporaine ». Soit le compositeur français le plus connu et joué dans le monde.

On pensait tomber sur un écorché, Continuer la lecture de Dusapin, l’inconnu célèbre