Trop de radicalité tue le féminisme

Pour une fois, sortons des sentiers battus de ce blog pour aborder un sujet d’actualité – à propos d’actualité je note que ma tortue est sortie de terre il y a deux semaines, encore plus tôt que les années précédentes, mais… revenons au sujet : « Aucune accusation n’est jamais la preuve de rien, il suffirait sinon d’asséner sa seule vérité pour prouver et condamner »
J’ai sévi trois fois comme juré en cours d’assise, dont deux fois pour viol. Peut-être est-ce pour quoi j’ai été particulièrement sensible à cette tribune de 114 avocates pénalistes sur ce sujet parue dans Le Monde d’aujourd’hui :

Tribune.

La véhémence polémique qui a suivi la 45e cérémonie des Césars nous oblige, nous qui sommes tout à la fois femmes, avocates et pénalistes : femmes évoluant dans un milieu où se bousculent nombre de ténors pour qui l’adage « pas de sexe sous la robe » n’a guère plus d’effets qu’un vœu pieux ; avocates viscéralement attachées aux principes qui fondent notre droit, à commencer par la présomption d’innocence et la prescription ; pénalistes confrontées chaque jour à la douleur des victimes mais aussi, et tout autant, à la violence de l’accusation.

Présumer de la bonne foi de toute femme se déclarant victime de violences sexuelles reviendrait à sacraliser arbitrairement sa parole, en aucun cas à la « libérer ».

Nous ne sommes donc pas les plus mal placées pour savoir combien le désolant spectacle de la surenchère oratoire, et la déraison dont elle témoigne, ne peuvent conduire qu’au discrédit de justes causes.

On se pique d’avoir à le rappeler, mais aucune accusation n’est jamais la preuve de rien : il suffirait sinon d’asséner sa seule vérité pour prouver et condamner. Il ne s’agit pas tant de croire ou de ne pas croire une plaignante que de s’astreindre à refuser toute force probatoire à la seule accusation : présumer de la bonne foi de toute femme se déclarant victime de violences sexuelles reviendrait à sacraliser arbitrairement sa parole, en aucun cas à la « libérer ».
Roman Polanski a fait l’objet de plusieurs accusations publiques, parmi lesquelles une seule plainte judiciaire qui n’a donné lieu à aucune poursuite : il n’est donc pas coupable. Quant à Samantha Geimer, seule victime judiciairement reconnue, elle n’a de cesse d’appeler à cesser d’instrumentaliser son histoire, jusqu’à affirmer : « Lorsque vous refusez qu’une victime pardonne et tourne la page pour satisfaire un besoin égoïste de haine et de punition, vous ne faites que la blesser plus profondément. »
La pire des aliénations n’est donc pas l’amour mais bien la haine

Et d’ajouter dans cette interview sur Slate que « la médiatisation autour de tout cela a été si traumatisante que ce que Roman Polanski m’a fait semble pâlir en comparaison ». Au nom de quelle libération de la parole devrait-on confisquer et répudier la sienne ?

Cette cérémonie en hommage à la « grande famille du cinéma », lors de laquelle Roman Polanski fut finalement plus humilié que césarisé, contribuera donc à blesser un peu plus celle qui, en vain et depuis plus de quarante ans, tente de tourner la page d’une histoire qui, de fait, n’est plus la sienne. Au nom de quel impératif, voire de quel idéal victimaire, cette victime est-elle sacrifiée ?

Il est urgent de cesser de considérer la prescription et le respect de la présomption d’innocence comme des instruments d’impunité : en réalité, ils constituent les seuls remparts efficaces contre un arbitraire dont chacun peut, en ces temps délétères, être à tout moment la victime. Il n’est pas de postulat plus dangereux que celui selon lequel toute mémoire serait vertueuse et tout oubli condamnable. Homère le savait bien, pour qui « la prescription interdit à l’homme mortel de conserver une haine immortelle ».  La pire des aliénations n’est donc pas l’amour mais bien la haine, et nous autres, avocates pénalistes, connaissons trop bien les ravages qu’elle produit sur des parties civiles qui, espérant surmonter leur traumatisme en s’arrimant à leur identité de victime, ne font en réalité que retarder un apaisement qui ne vient jamais qu’avec le temps.

Il est faux d’affirmer que l’ordre judiciaire ferait montre aujourd’hui de violence systémique à l’endroit des femmes, ou qu’il ne prendrait pas suffisamment en considération leur parole.

Nous constatons au contraire, quelle que soit notre place à l’audience, qu’une inquiétante et redoutable présomption de culpabilité s’invite trop souvent en matière d’infractions sexuelles. Ainsi devient-il de plus en plus difficile de faire respecter le principe, pourtant fondamental, selon lequel le doute doit obstinément profiter à l’accusé. Continuer la lecture de Trop de radicalité tue le féminisme

Musique POP: un algorithme met 68 milliards de mélodies dans le domaine public

Article du Monde du 27 février 2020 ( Billet de blog de Pierre Bouvier )

Face au « champ de mine mélodique » où chaque artiste risque une poursuite pour plagiat, deux musiciens développeurs ont généré toutes les mélodies possibles dans la musique pop.

Les accusations de plagiat et les procès qui s’ensuivent sont l’une des plaies de l’industrie musicale. Le phénomène ne date pas d’hier et personne ne semble y échapper.

Alors Damien Riehl, avocat spécialiste du droit d’auteur, musicien et développeur à ses heures, et son compère Noah Rubin ont créé un algorithme pour générer… toutes les mélodies possibles, avant de les protéger par des droits d’auteur, rapportent le site américain Vice. Pas pour avoir l’opportunité de poursuivre des musiciens en justice, bien au contraire.

Dans une présentation TedxTalk, Damien Riehl explique que la musique, finalement, ce ne sont que des mathématiques. Il évoque la chanson My Sweet Lord composée et écrite par George Harrison, parue en 1970 sur son triple album All Things Must Pass. Une querelle juridique émergea peu après la parution de la chanson, basée sur des ressemblances harmoniques entre My Sweet Lord et la chanson des Chiffons He’s So Fine (1963). La décision rendue en 1976 par un tribunal de New York a conclu que l’ancien membre des Beatles aurait involontairement plagié He’s So Fine et le condamna à verser près de 1,6 million de dollars à la maison de disque Bright Tune, propriétaire des droits de ce titre.

Voir le billet complet ICI

Le coronavirus? Un coup du Mossad, probablement

Article extrait de Slate.fr [BLOG You Will Never Hate Alone] sous-titré : Par son extrême sophistication et son ingéniosité retorse, le nouveau virus porte le sceau des services secrets israéliens 😀
Depuis l’apparition du coronavirus, ma vie est devenue un véritable enfer. Trouillard comme je le suis, je suis en proie à tous les délires possibles. Je vérifie ma température douze fois par jour, je me lave les mains d’une manière convulsive et quand il m’arrive de sortir, ce que j’évite au maximum, je m’enfile une double paire de masques qui me mangent la moitié du visage.

D’ailleurs, même à la maison, je porte un masque la plupart du temps. On ne sait jamais. J’ai beau avoir condamné mes fenêtres, je me méfie d’un courant d’air qui, se faufilant par les conduits d’aération, déposerait dans mon salon ce connard de virus. Même mon chat doit en porter un. Quant à ma femme, voilà des jours que je ne l’ai vue. Jusqu’à nouvel ordre, elle a l’obligation de dormir chez l’une de ses collègues de travail. Qu’elles s’empoisonnent donc les unes les autres.
Ma devise se résume en quelques mots: ne prendre aucun risque. Aucun. Même sous la douche, je continue à porter un masque. Après tout, rien ne nous dit que le virus n’a pas déjà contaminé les eaux de la ville.

Mes journées se passent à regarder une carte qui recense en temps réel les cas avérés. À chaque nouveau décès enregistré, je pâlis encore un peu plus et vérifie la bonne tenue de mon masque que je tends à son maximum, maintenu si serré que c’est à peine si je parviens à respirer (ce qui n’est pas plus mal).

De Wuhan, bucolique bourgade chinoise de onze millions d’habitants dont hier encore j’ignorais jusqu’à l’existence, je sais tout: le nom des hôpitaux, le nombre d’autoroutes, le numéro d’urgence à appeler en cas d’apparition de troubles suspects –le 120.
J’ai beau habiter à plusieurs milliers de kilomètres, j’ai l’impression de vivre parmi cette population à qui l’on interdit désormais tout déplacement, et je redoute le jour où les autorités m’emmèneront d’office dans l’une de leurs cliniques qu’elles bâtissent nuit et jour.

J’ai jeté toutes mes boîtes de riz. Sur internet, j’ai lu l’interview très instructive d’un chercheur vénézuélien diplômé d’une université bosniaque qui prétendait qu’elles auraient pu être contaminées sans que l’on n’en sache rien. Il aurait suffi qu’une chauve-souris se soit servie d’une rizière comme terrain d’atterrissage, et c’était plié. Pareil pour tout ce qui vient de Chine.

D’ailleurs, j’ai mis au rebut tout ce qui provenait d’Asie, si bien que j’écris cette chronique nu comme un ver, à même le parquet, qui lui vient du Brésil –j’ai vérifié auprès de la propriétaire.
Tout le reste, poubelle.
Je n’ai aucune confiance dans la parole publique, tous ces beaux discours dont on nous abreuve à longueur de temps. «Le risque de propagation demeure extrêmement faible, la situation est sous contrôle, la dangerosité du virus n’est pas avérée.» À d’autres. Mensonges, affabulations, balivernes!

Évidemment, si nos dirigeants nous disaient la vérité, que d’ici quelques jours, deux semaines au plus tard, nous allons tous crever dans d’atroces souffrances, ce serait la débâcle généralisée. Mieux vaut nous endormir et espérer un miracle. Un miracle!

De toutes les façons, cette histoire de virus est encore un coup du Mossad. Nul besoin d’avoir vu tous les épisodes du Bureau des légendes pour en être convaincu. Quel est le seul pays au monde où l’on ne compte à ce jour aucune manifestation du virus, aucune hospitalisation, aucun cas suspect? Je vous le donne en mille: Israël!

Oui mes amis, à l’heure où j’écris ces lignes, cul nul sur mon parquet brésilien, le virus s’est répandu sur toute la surface du globe à l’exception d’une seule contrée –comme si, arrivé aux portes du royaume hébreu, il passait son tour et enjambait le Jourdain en sifflotant.

Depuis les dix plaies d’Égypte on n’avait assisté à pareil exploit.

Et pendant que le monde entier s’alarmait de la propagation du virus, que croyez-vous que faisaient les dirigeants de cette infâme nation? Ni vus, ni connus, avec leurs alliés américains, ils vous concotaient un plan de paix dont même le fantôme d’Ariel Sharon n’aurait jamais rêvé.

Vous avez vu la nouvelle carte dessinée par les deux administrations, israélienne et américaine? Ce n’est plus un partage, c’est un simple carnage. Comme si découpant un poulet, on offrait à manger aux malheureux Palestiniens pas même une aile, encore moins une cuisse ou un morceau de blanc, mais tout juste les restes d’un croupion qui aurait eu à subir une coloscopie ravageuse.

Évidemment, le plan était tellement outrancier que pour passer sans encombre, largement au-dessous du radar des chancelleries occidentales, il fallait des circonstances extraordinaires, lesquelles se comptaient au nombre de trois: l’arrivée imminente du Messie, la collision prochaine d’une météorite avec la Terre ou l’avènement d’un virus meurtrier capable de se multiplier à la vitesse de la lumière. Le Messie était occupé, la météorite avait la tête ailleurs, restait le virus.

Pesé, emballé.

Toujours pas convaincu?

Vous savez quel film, depuis l’apparition du coronavirus, est en train d’être acheté en nombre sur les plateformes de téléchargement? Contagion. Nom du réalisateur: Steven Soderbergh. Cela ne s’invente pas. Soderbergh. Pas Soderali ou Sodermichrilopolis. Non, Soderbergh.

Comment cela, il n’est pas juif, Soderbergh?

Ah ben c’est bien ce que je disais: de nos jours, on ne peut plus faire confiance à personne.

Personne, je vous dis.

Pour suivre l’actualité du blog, c’est par ici: Facebook-Un Juif en cavale

(JLF : Trop drôle cet article ! 😀 )

Les Schumann par Cyrielle Golin et Antoine Mourlas

J’ai pu apprécier le grand talent de  Cyrielle Golin lors du concert donné cet été par le quatuor AKOS, au cours duquel ont été joués les deux premiers mouvements de mon 2e quatuor (Op.34).

Depuis, avec le pianiste Antoine Mourlas elle a enregistré un disque « Un moment musical chez les Schumann » d’œuvres de la famille Schumann – famille légèrement recomposée pour l’occasion 😉  – dont fait partie la Sonate pour violoncelle Op. 59 n°1 [extrait]

Ce duo est tout simplement éblouissant :

Je profite de ce billet pour présenter tous mes vœux à mes fidèles lecteurs. Et n’hésitez pas à vous abonner à ce blog par e-mail – voir la rubrique d’inscription en bas de page.  😉