Le saviez-vous ? Christian Binet, le célêbre dessinateur et scénariste des Bidochons est également compositeur de musique classique ! La musique est depuis toujours une de ses grandes passions. En voici la preuve: sa nouvelle BD « Haut de gamme, Bas de gamme, volume 1 » (éd. Dargaud) qui met en scêne des personnages sortis tout droit de l’univers des Bidochons, tous demandeurs de musique (élêves, professeur, solistes, chambristes, parents d’élêves, public). C’est certainement la BD que les mélomanes, apprentis musiciens et professeurs de musique auront plaisir à lire.
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Archives de catégorie : Musiques classiques et jazz
Yvonne Loriod
Les obsêques d’Yvonne Loriod, immense pianiste, interprête et fidêle compagne du grand Compositeur Olivier Messiaen auront lieu demain 25 mai à Paris en l’église de La Trinité, à 15 h. C’est en principe Olivier Latry qui tient les Grandes Orgues selon la volonté de Mme Yvonne Loriod.
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La Leçon de musique de Jean-François Zygel au Théâtre du Châtelet Paris 2010, Pelléas et Mélisande de Debussy
Ce Lundi 10 mai 2010, Pelléas et Mélisande s’invitaient au Châtelet. Claude-Achille Debussy était donc à l’honneur. Nous connaissons déjà bien ce drame lyrique, en cinq actes que Debussy composa entre 1893 et 1902 d’après la pièce de théâtre éponyme de Maurice Maeterlinck. Il est si rare
d’entendre une leçon entière sur cet opéra-culte du début du XX e siècle… Quelle aubaine de ré-écouter cette pièce musicale d’une oreille nouvelle, surtout présentée par un Jean-François Zygel au meilleur de sa forme !
Comme prévu, la soirée lyrique fut agrémentée de nombreux commentaires et musicalement illustrée par les chanteurs solistes et les musiciens conviés pour la circonstance :
Ivan Geissler, baryton, dans le rôle de Pelléas
Judith Gauthier, soprano, dans le rôle de Mélisande
Frédéric Goncalves, baryton, dans celui de Golaud
Jean-Vincent Blot, basse, dans le rôle d’ Arkel
Michel Moraguès, à la flûte traversière,
et Jean-François Zygel au piano. Une soirée divertissante, comme le sujet (plutôt austère) de Pelléas et Mélisande ne l’indiquait pas forcément.
De cette leçon, en voici quelques brides qui me sont restées en mémoire :
20 h…Une longue sonnerie, retentit dans le théâtre entier, stridente, idéale pour imposer le silence et annoncer le début d’un spectacle. Une voix off, celle de Jean-François Zygel, se fait entendre depuis les coulisses. En guise de présentation, il annonce lui-même le thème de la soirée, puis donne les instructions habituelles, « ne point photographier, éteindre les téléphones portables, et…laisser, les coquillages en place. » (sic)
Le fond de scène n’est pas encore visible, un premier rideau sombre, faisant écran. La scène visible apparaît d’abord en deux plans distincts : un plan principal où le grand piano Steinway préside, et l’avant-scène, en contre bas, reliée au premier plan par deux escaliers sombres, sans rampe, de six ou sept marches. Escaliers symétriquement disposés à gauche et à droite. Les acteurs et même le narrateur, les emprunteront tour à tour, plus ou moins brièvement, au gré des épisodes évoqués.
Prélude, préludes
Les premières notes d’une musique envoûtante se font entendre, on reconnaît la mélodie Syrinx. Lentement, le flûtiste (Michel Moraguès) entre en scène, la mélodie s’allie à une lumière bleutée qui colore à cet instant tout l’espace, le drame lyrique rêvé par Debussy peut commencer.
(ne pouvant reprendre ici la superbe interprétation de Michel Moraguès, écoutons l’excellente version de Paula Robison )
« Syrinx est véritablement la première mélodie soliste écrite pour flûte traversière » commente Jean-François Zygel, à la fin du morceau. On peut l’entendre comme un prélude, on peut dire que chez Debussy, tout est prélude. Ce compositeur n’aime vraiment pas la rhétorique, il préfère l’inachevé, il préfère suggérer.Ainsi , procède t-il, en inscrivant les titres de ses préludes à la fin de chaque morceau, pour les laisser deviner au lecteur.
Jean-François Zygel s’installe alors au piano et nous met au défi de deviner le titre du morceau qu’il va interpréter avec le flûtiste, Michel Moraguès. Le titre du prélude en question , « les bruyères »
nous sera révélé seulement à la fin. Puis le dialogue du vent et de la mer pré-enregistré, est commenté en direct, par Jean-François Zygel très investi, au fur et à mesure que les crescendo et arpèges signifient bourrasque et orage, vent ou vagues.
Les procédés techniques dans la musique de Debussy
Dans les pièces de Debussy, ce qui est vraiment marquant c’est le sentiment d’espace qui émane de chacune d’elles. Est-ce du à l’impression d’un temps suspendu ? Quels sont ces procédés techniques qui nous permettent d’affirmer cela ? Chez les romantiques, l’action prédomine, on va d’un endroit à un autre, la musique est liée au temps, et souvent elle procède par polarité.
Au contraire, le compositeur utilise souvent la gamme par ton, comme dans le prélude « Voiles » , par exemple, or il n’ y a pas plus démocratique que la gamme par ton, car il n’y a aucune hiérarchie entre les tons. Le temps est suspendu, et dépeint plus un état, un état d’âme, qu’une action.
Voiles Préludes I,2 interprété par Zimmerman
Dans Pelléas , Debussy use aussi de la répétition et Zygel d’affirmer : « Debussy répète, Debussy répète » Il continue ainsi sa démonstration en répétant systématiquement toutes ses phrases, ce qui provoque les rires de la salle. (Remarquons que dans la pièce de Maeterlinck également il y a de nombreuses répétitions)
D’autres procédés sont à remarquer:
L’écoute d’un extrait du prélude à l’après midi d’un faune, permet d’évoquer l’univers de la courbe chez Debussy, et les fréquents demi-tons gémissants qu’il aime employer. Non seulement Debussy fuit la rhétorique, mais aussi les formes établies . Il y a vraiment « une transformation organique de la matière », dans cette musique.
On observant de plus près la partition de Pelléas et Mélisande ,on constate que ces motifs et ces thèmes s’attachent à chacun des personnages. Ainsi, il y a le thème d’Arkel, et respectivement ceux de Mélisande, de Pelléas, de Golaud, il y aurait même un thème de la forêt et Jean-François Zygel souligne alors avec malice que la forêt est présente ici même, sur scène, en désignant d’un geste preste l’oranger en pot, placé en contre bas, côté jardin)… Le thème d’ Arkel contient de nombreuses neuvièmes de dominante, voluptueuses, et notre narrateur d’improviser au piano ce qu’il appelle du « faux Debussy », une suite de neuvièmes par-dessus laquelle il invente des paroles faussement tragiques à la Pelléas. (Il s’excuse tout à coup et très fort, de l’effet qu’il peut produire grâce à son micro, en regard des solistes présents chantant sans micro)
Continuité de la musique chez Debussy, musique quasi ininterrompue :
Dans la structure proprement dite, il n’y a pas de réelle division entre les scènes, la pièce semble d’un seul tenant. Le temps évoqué est insaisissable, c’est un temps légendaire. « Tous ces procédés ne rapprochent –ils pas Debussy de Wagner ? …Pelléas a été composé à l’ombre de Wagner », affirme Jean François Zygel, même s’il s’en défend. « Remarquons tout de même que le flux wagnérien nous sidère et nous cloue au fauteuil », poursuit-il, « on éprouve un certain écrasement, au contraire le flux debussyste, invite seulement… ». Debussy subissait certainement l’influence de Wagner puisqu’il affirmait « l’antidote à Wagner c’est le silence. »
Debussy et la prosodie, Debussy et ses pairs,
D’autres compositeurs se sont intéressés à Pelléas et Mélisande de Maeterlinck. Sibelius, surtout pour le décor ; Fauré : pour le sentiment ; Schoenberg pour l’instrumental, mais personne réellement comme Debussy, pour s’attaquer réellement à la prosodie. Debussy seul s’y est confronté. [Les musiques de Pelléas à cette époque peuvent se classer comme suit :
la musique de scène en cinq tableaux de Gabriel Fauré, en 1898 et dont la plus célèbre pièce est la sicilienne alors que la Chanson de Mélisande ,quatrième pièce, est rarement jouée ; le poème Symphonique d’Arnold Schoenberg en 1903 ;le drame lyrique en cinq actes de Debussy en 1902 ; La suite d’orchestre de William Wallace en 1903 ; la musique de scène de Jean Sibelius en 1905]
Et revenant à la prosodie, Jean-François Zygel s’interroge :Bartók a -t-il résolu totalement les questions de prosodie dans le château de Barbe bleu ?
Tous ces procédés musicaux prouvent en tous cas que Debussy veut le naturel de la langue, il écrivait:
« La mélodie est anti lyrique Elle est impuissante à traduire la mobilité des âmes et de la vie. Elle convient essentiellement à la chanson qui confirme un sentiment fixe. » (1902)
Caractères des personnages principaux dans l’opéra Pelléas et Mélisande
Etranges personnages aux caractères indéfinissables, Golaud et Mélisande sont deux personnages perdus, qui se trouvent en forêt, et vont finir par s’épouser…sans savoir où vraiment aller (incohérence de la situation) Mélisande ne répond jamais aux questions… Golaud questionne constamment. Au deuxième acte, Mélisande perd son anneau à la fontaine, le fait-elle exprès ? Pelléas, baryton martin, est en général tout de suite aimé du public, mais c’est plus encore Golaud, le personnage le plus humain et le plus naturel, qui semble le plus proche du public, et certainement le plus proche de Debussy.
Une réplique inoubliable de Mélisande qui la définit assez bien ajoute Jean-François Zygel :
« Je ne comprends pas non plus tout ce que je dis, voyez-vous…je ne sais pas ce que je dis…Je ne sais pas ce que je sais…je ne dis plus ce que je veux… » (Mélisande, Scène 2 Acte 5 ) (Notons que la réponse d’Arkel est tout aussi surprenante « je suis tout heureux de t’entendre parler ainsi… »)
– Ecoutons une des plus jolies voix de Mélisande : Isabelle Rey (Mes longs cheveux ):
Scènes d’opéra :
Nous assistons successivement à plusieurs scènes chantées et ingénieusement mises en espace, celle de la rencontre de Mélisande et de Golaud, celle du dialogue de Mélisande et de Pelléas, Mélisande chantant du haut de la tour, (du premier balcon dans ce théâtre du Châtelet, côté cour, en l’occurrence), la mort brutale de Pelléas, le dernier dialogue de Golaud et de Mélisande, et enfin à la mort de Mélisande.
Puis vient un passage purement instrumental, que Zygel tient pour être la voix même de Debussy. Le moment où le compositeur prend la parole et donne son avis sur ce qu’il vient de se dérouler.
D’autres passages instrumentaux, les interludes laissent à penser qu’ils étaient une commande supplémentaire, faite par le directeur de l’opéra, il manquait des musiques de scène, Debussy aurait répondu plus ou moins dans l’urgence avec des moyens de compositeur, car on trouve plus de « pathos », des accords et des effets harmoniques particuliers dans ces interludes. Ces morceaux ne sont pas tout à fait de la même veine que le reste de la pièce.
Rappelons aussi que Debussy a composé toute l’œuvre pour le piano avant de l’orchestrer. « Il a probablement posé le récitatif dessus » conclut Zygel.
Les moments-clés de l’opéra
Le sommet de l’opéra est le moment de déclaration d’amour de Pelléas à Mélisande. Il est rare d’entendre hurler quelqu’un une déclaration d’amour, surtout par-dessus tout un orchestre (pourtant c’est courant à l’opéra).
L’aveu de Pelléas se fera dans un presque silence, on entend à peine la réponse de Mélisande, seul moment où les deux protagonistes chantent en même temps.
Aussitôt Golaud arrive pour se venger de Pelléas, dans cette mise en scène sobre et suggestive Golaud ne possèdait qu’un petit poignard, pourtant son geste bref et brutal évoqua parfaitement le meurtre de Pelléas. Golaud était solidement campé sur la scène-haute, loin de Pelléas, en contrebas, et ce crime commis à distance était volontairement plus suggéré que représenté.
Au déroulement de l’histoire, Zygel y ajouta bientôt son grain de sel, et descendant vers Pelléas, gisant à terre, lui lança guoguenard, « Allons, tu es mort, tu peux partir, à présent ! » et l’autre de s’enfuir à toutes jambes. Comment rester sérieux après de telles répliques ? Nous venions pourtant d’entendre la voix plaintive de Mélisande, murmurant : « je n’ai pas de courage »…
Dans cette mise en scène à la fois sobre et originale, les personnages observent systématiquement un arrêt sur image net, dès que Jean-François Zygel prend la parole. On se souvient particulièrement de la scène entre Golaud et Mélisande, pleurant son anneau perdu, scène particulièrement bien chantée et bien «arrêtée». Golaud a bien retenu un mouvement durant cinq minutes, demeurant immobile dans une même position inconfortable, avant de s’appuyer enfin sur l’estrade.
Le dernier tableau la mort de Mélisande est l’autre sommet de la pièce. Golaud se plaint auprès de Mélisande, il la veille, elle va mourir, il la supplie : « Dis moi la vérité ». Que veut-il savoir ? La nature de son amour pour Pelléas bien sûr, Golaud enrage. La mort est omni présente dans ce drame : au début de la pièce un ami de Pelléas, Marcellus est sur le point de mourir, Pelléas, lui est déjà mort à ce moment de l’action, Mélisande se meurt, Golaud dit qu’il va mourir, reste Arkel mais qui est déjà très vieux… Ces personnages étranges, dont personne ne saisit vraiment d’où ils viennent, continuent à nous hanter. On n’est beaucoup moins intrigué par les personnages de Figaro ou ceux de Carmen, après tout ces personnages ne nous échappent guère. « L’inachèvement dont parle Baudelaire favorise l’imaginaire.» Il y a également une signification cachée de cette œuvre symboliste. L’irréalité des personnages confirme bien cette impression.
Réception de l’œuvre, succès, parodies
A propos de ses œuvres, Debussy avait déjà reçu quelques jugements grinçants, On aurait rapporté ce mot d’un de ses amis ( ?) à propos du recueil des Préludes qu’il aurait retourné à l’auteur, « j’ai peu de goût pour les essuyages de clavier» (Nul doute que les nombreux glissendi et arpèges ont du faire de l’effet).
– Son opéra Pelléas et Mélisande eut plus de succès, aux dires du violoniste Joachim, car on donna plus de 300 représentations dont certaines jusqu’en Argentine.
– Marcel Proust dans ses célèbres pastiches n’oublie pas Pelléas (et ne pense t-il pas autant à Debussy qu’à Maeterlinck ?) – Le public non plus n’est pas en reste, lors des premières représentations, et lorsque Mélisande se mit à chanter « je ne suis pas heureuse », le public septique, depuis le poulailler s’était écrié « nous non plus! ».
– L’impact de cette pièce fut tel qu’à l’époque certains jeunes gens furent surnommés les «Pelléastres», terme qui voulait souligner leur manière de parler évasive, leurs voix langoureuses et traînantes. On disait alors volontiers : « je vais boire quelque chooose, quelque paaart » au lieu d’énoncer clairement « je vais prendre un café au Procope »
De grands compositeurs donnèrent même leur avis, parfois très opposés, ainsi Richard Strauss écrit à propos de cet opéra :
– « Il n’y a rien …pas de musique…cela ne suit pas…pas de phrases musicales. Pas de développement… ce n’est rien du tout. Je trouve que ce n’est pas plus que le drame de Maeterlinck, tout seul, sans musique.» (1907)
-(Il n’a rien compris …commente Zygel, dans un sourire)
Plus enthousiaste, le jugement de Rimsky-Korsakov : « Il est mieux de ne pas écouter cette musique. On s’expose sinon au danger de s’y habituer, voire de l’aimer.»
Debussy lui-même s’est risqué à expliquer sa démarche artistique à propos de son opéra :
« A l’audition d’une œuvre le spectateur est accoutumé à éprouver deux sortes d’émotions bien distinctes : l’émotion musicale d’une part , l’émotion du personnage de l’autre. Généralement, il les ressent successivement. J’ai essayé que ces deux émotions fussent parfaitement fondues et simultanées.» (Claude Debussy 1902)
Scène de la fontaine
Détails de mise en espace et de mise en scène
(Assistant : Yohann Recoules, Mise en espace : Jean-Christophe Mast)
A la fin de notre leçon d’opéra, entre le flûtiste. L’arrière-scène est maintenant dégagée, un fond de scène, blanc lavis et bleu azur élargit encore plus l’espace. Nous l’avons vu, la scène a été bien exploitée, en trois plans. Chacun des personnages, selon sa position sociale et familiale, utilisait judicieusement l’espace, particulièrement dans leur chute : Mélisande insaisissable, soumise et rebelle à la fois, se meurt appuyée sur un oreiller blanc posé à même l’escalier, côté cour. Pelléas, lui, s’écroule dans la fosse d’orchestre, au centre et au plus bas. Golaud s’en tient à une chute et se blesse, sur la scène principale et au plus près du narrateur – Debussy.
Et comme elle avait si bien commencé, c’est à la flûte à présent de conclure, comme pour « emporter l’âme de Mélisande ».
Déjà le rideau s’abaisse et le rêve de Pelléas s’achève tandis que solistes, musiciens, metteur en scène, assistants, viennent tous ensemble saluer leur public, enthousiaste et reconnaissant.
Maurice Maeterlinck n’a que trente ans lorsqu’il termine d’écrire sa pièce Pelléas et Mélisande, certes l’œuvre contient de nombreuses réminiscences littéraires (Shakespeare, les contes médievaux, les personnages mythiques tels que Tristan et Yseult, et bien d’autres) Ce chef d’œuvre de la littérature symboliste, ne pouvait que plaire à Debussy, au moment où tant de théâtres préféraient mettre à l’affiche des comédies (Feydeau, Courteline). Rien de nouvellement traité pourtant dans ce théâtre singulier (si ce n’est la manière ), les thèmes principaux y sont éternels : mort, passion, amour impossible, jalousie…L’originalité de l’œuvre tient justement à ses incohérences, à ses non-dits, aux contours volontairement indéfinis de chaque personnage. Une œuvre remplie de silence et de questionnement, de clair-obscur et d’émotion, un univers idéal qui appelait irrésistiblement la musique de… Debussy.
Pelléas et Melisande par Edmund Blair Leitghton
« Il y a toujours un silence extraordinaire, on entendrait dormir l’eau » dit Pelléas dans la première scène du second acte, (la fontaine dans le parc)
Ne croyez-vous pas qu’un écrivain qui réussit à nous faire entendre le silence soit probablement aussi musicien ? On laissera au philosophe-poète Bachelard le soin de conclure :
« Il semble que pour bien comprendre le silence, notre âme ait besoin de voir quelque chose qui se taise ; pour être sûre du repos, elle a besoin de sentir près d’elle un grand être naturel qui dorme. Maeterlinck a travaillé aux confins de la poésie et du silence, au minimum de la voix, dans la sonorité des eaux dormantes.» (L’Eau et les rêves)
Emilie A. MusiComposer.
Henri Demarquette et Giovanni Bellucci en récital au Théâtre des Champs Elysées le 6 mai 2010 à 20h00
J’étais ce soir au concert d’Henri Demarquette et du pianiste Giovanni Bellucci.
Magnifique concert dans un théâtre de Champs Élysées bien rempli.
Au programme :
– Beethoven : Sonate n° 3 pour violoncelle et piano en la majeur op. 69
– Olivier Greif : Sonate de Requiem pour violoncelle et piano
– Franck : Sonate pour violoncelle et piano en la majeur
Deux interprètes en pleine possession de leur art, Demarquette bien sûr, la vedette, mais aussi Giovanni Bellucci, brillant pianiste trop peu connu en France « une force de la nature déchaînée », a t-on dit de lui, l’un des dix meilleurs pianistes contemporains, grand spécialiste de Liszt, très célèbre dans son pays.
La sonate de requiem d’Olivier Greif était particulièrement poignante, elle générait un stress tel qu’une personne s’est plus ou moins trouvée mal au 2e balcon, à l’issue de l’œuvre, c’est dire !
Outre le programme, nos deux artistes nous ont gâtés avec deux « bis », un scherzo de sonate de Rachmaninov et un mouvement (adagio) de la 5e sonate de Beethoven.
Deux heures de musique de chambre « quatre étoiles », comme le dit Télérama .
Le voici dans un enregistrement de la Sonate Pour Violoncelle, opus 27 (2e mouvement) de Florentine Mulsant.