Archives de catégorie : Lu, entendu

Zygel et la cinquième

Cela faisait longtemps que je n’avais vu Jean-François Zygel dans son émission Les clefs de l’Orchestre. Sur la 5e chaîne, vendredi 17 septembre, il nous expliquait donc la 5e symphonie de Beethoven.
A vrai dire, cette 5e symphonie m’insupporte un peu par sa démesure, sa grandiloquence, peut-être aussi pour l’avoir trop écoutée et analysée. Je préfère les 6e et 9e. Et pourtant vendredi dernier, je me suis laissé tenter et je n’en ai pas de regret.

La 5e symphonie de Beethoven nous dit Zygel est l’œuvre la plus communément connue de la musique classique, avec l’ouverture sur ces quatre notes : sol sol sol mib (tonalité de mi bémol),   et pour illustrer le propos, il nous raconte l’anecdote : J’étais dans le métro, un groupe de lycéennes conversait bruyamment et tout à coup l’une d’elle dit « Papapapam : le Proviseur » !

Ces notes si célèbres de la 5e constitue le principal motif du premier mouvement. Zygel en a compté plus de 230 occurrences dans les différents développements de ce mouvement et même quelques autres encore dans le scherzo, sous une forme plus ou moins camouflée par le rythme ou la tonalité.

La première de cette œuvre eut lieu le 22 décembre 1808 à Vienne. Beethoven était au piano et à la baguette pour un concert de quatre heures, l’un des derniers avant qu’il ne devienne tout à fait sourd, avec au programme, (excusez du peu !):

  • La 6e symphonie (également une première)
  • « Ah Perfido » aria pour soprano et orchestre
  • Le Gloria de la Messe en ut majeur
  • Le concerto pour piano N°4, joué par Beethoven

Et après l’entracte :

  • La 5e symphonie
  • Le Sanctus et le Benedictus de la messe  e n ut majeur
  • Une improvisation au piano par Beethoven
  • La Fantaisie Choral pou piano, solistes chœur et orchestre en do mineur.

Difficile d’imaginer organiser aujourd’hui un concert de quatre heures avec autant de chefs d’œuvres de musique classique au programme, avec le compositeur lui-même au piano ou à la baguette !

L’émission peut être (re)vue ICI et l’intégralité de la 5e sur YouTube à écouter LA.

 

 

La notation musicale colonialiste ?

(Rectifications)

Des professeurs de  l’Université d’Oxford déclarent que la notation musicale est «colonialiste ».  Le répertoire actuel est axé sur « la musique européenne blanche »; les compétences musicales comme jouer du piano (*) ou diriger un orchestre (** ) ne devraient plus être obligatoires. La notation musicale serait en effet l’objet d’une « grande détresse pour les élèves de couleur ».    L’ensemble des programmes de musique serait « complice de la suprématie blanche ». 

Cette affirmation, c’est du grand n’importe quoi.

On remarque en effet l’absence d’un « public de couleur »  dans les concerts classiques. N’est-ce pas une affaire de goût, autant que le résultat d’une  éducation familiale, d’un héritage culturel?  Les concerts de jazz  auxquels j’ai assisté mélangeaient les populations.  Toutes les musiques s’apprennent désormais dans les écoles de musique.

Pour ma part, le premier disque que je me suis acheté, adolescent, était d’Errol Garner, un noir américain qui n’a jamais su lire la musique. Un génie du piano. La preuve avec cette vidéo sur YT : (https://youtu.be/O1kZSkNBU9Q)

___________
* sur les touches noires?  😀 

** de jazz? 🙂

Lise de la Salle – When Do We Dance?

Je n’ai pas l’habitude de me faire l’écho des promos de disques que l’on m’envoie, mais là, j’ai craqué avec ce mail de Naïve pour ce nouveau CD de Lise de la Salle qui paraitra en début juin .

Ces enregistrements de pièces dansantes  du répertoire classique interprétée par cette excellente pianiste sont de vrais petits bijoux.  Il vaut le coup de les redécouvrir même si on les connait déjà par cœur.

Bravo à Lise de la Salle (que je connaissais déjà grâce à Florentine Mulsant) pour ces interprétations toutes en finesse et légèreté : elles respirent la joie de vivre, et par les temps qui courent, cela fait du bien !

A écouter d’urgence sur son site  ICI.

L’électronique musicale classique en déshérence

En 2021, les plus grands violonistes du monde se réjouissent de pouvoir jouer sur les 500 stradivarius que les siècles nous ont légués. Ils jouent la musique ancienne mais aussi la plus contemporaine.

En 1970, quelques petits génies sous la houlette de Pierre Boulez à l’IRCAM ont voulu révolutionner l’instrumentation musicale avec une musique dite « mixte ». Elle mélangeait des sons analogiques puis numériques à ceux des stradivarius et autres instruments classiques de l’orchestre contemporain. Mathématiciens devenus informaticiens autant que compositeurs, ils ont inventé de nouvelles machines à l’IRCAM, des synthétiseurs « à leur sauce », fabriquées à l’unité, soucieux de trouver « leur son » et d’interpréter eux-mêmes leurs œuvres, lors de rares concerts. Non contents, ils inventaient aussi, chacun dans son coin de nouvelles notations musicales aux graphismes plus ou moins abscons, soucieux que ces musiques soient jouées plus tard au plus prés de l’interprétation initiale. Ces partitions sont autant d’œuvres d’art accompagnées de modes d’emploi complexes, œuvres difficiles d’accès, comme souvent dans l’art abstrait.

Hélas, ces compositeurs et interprètes du siècle dernier ont vieillis pendant que leurs machines hors d’usage prenaient la poussière dans les caves de l’IRCAM. Trop peu d’enregistrements de certaines de ces œuvres permettent aujourd’hui d’en prendre connaissance. Leurs partitions parfois éditées à l’époque sont devenues introuvables ou inexploitables au grand désespoir de leurs auteurs, de leurs ayant droits et des éditeurs.  Tel est l’impitoyable destin de cette musique classique électronique, inventée par des apprentis sorciers insouciants de l’avenir.(*)
Autant de soucis que l’usage des stradivarius épargnent aux musiciens et mélomanes de notre 21e siècle.

(*) Voir l’enquête de Pierre Gervasoni dans Le Monde du 7 mai.