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Wayne Shorter

 C’était un  géant, une légende du jazz : le saxophoniste (ténor et soprano) et compositeur,  Monsieur Wayne Shorter, né à Newark (New Jersey) le 25 août 1933 est mort, jeudi 2 mars, à l’hôpital de Los Angeles. Il avait 89 ans.

Je ne compte plus les disques que j’ai de lui. Je l’ai connu et aimé dès ses  premiers temps, quand il faisait partie  des Jazz Messengers du batteur Art Blakey (dont il deviendra le directeur musical). Il migra ensuite dans le fameux  quintette de Miles Davis, le second (1964-1968), le plus innovateur, dont il fut l’âme,  le véritable concepteur – dixit Miles –. Enfin il fonda en 1970 le groupe Weather Report, avec Joe Zawinul et Miroslav Vitous. Le musicien reçut toute sa vie une foultitude de Grammy Awards, de disques d’or et autres récompenses, tout en restant un homme simple, attachant, une sorte de poète de la musique. 

RIP, Wayne.

-Quatuor II : Betsy Jolas par Joan Mitchell

Lors de la visite de l’exposition Claude Monet – Joan Mitchell (Fondation Louis Vuitton), je suis tombé en arrêt sur un quadriptyque de Joan Mitchell intitulé Quatuor II for Betsy Jolas. « Le quadriptyque  est dédié à la compositrice dont il évoque le deuxième quatuor. Joan  Mitchell admire le talent et le lyrisme de son répertoire »  nous dit le sous-titre.

Voici donc d’abord ce tableau de 1976 (dimension: 279,4 x 680,7 cm, également visible normalement au Centre Pompidou):

Quatuor II for Betsy Jolas.
Joan Mitchell: Quatuor II for Betsy Jolas.

Et maintenant l’oeuvre de Betsy Jolas (Quatuor II pour soprano, violon, alto et violoncelle (Remasterisé en 1989) · Mady Mesplé – Gérard Jarry – Michel Tournus – Serge Collot – Trio à Cordes Français :

« Quadriptyque  dédié à la compositrice dont il évoque le deuxième quatuor » : Qu’il  soit dédié est historiquement incontestable. Qu’il évoque cette musique… je laisse mes lecteurs en juger !  🙂

 

La servante écarlate

C’est une belle jeune femme de 34 ans, brune, grande 1,70 m, sensible, très féminine. Elle est mère d’une petite fille qui avait 4 ans quand  le gouvernement de son pays a été renversé et remplacé par une affreuse dictature , le pire régime politique qu’on puisse imaginer. Son enfant lui a été immédiatement enlevé, elle ne l’a plus jamais revue.

Sous prétexte d’augmenter une natalité défaillante, le régime a séquestré  toutes les femmes comme elle et les a réduites en esclavage. Leur seul destin :  le sexe pour procréer. Après un lavage de cerveau adéquat, elle a été mis au service exclusif d’un couple de hauts dignitaires du régime qui en ont fait leur « servante ». Elle n’a plus de nom, on la désigne  par son appartenance à son maître. Elle nous raconte sobrement sa peur permanente face aux exactions du régime, sa vie d’esclave sexuelle avec sa dramaturgie ritualisée,  ses interdits, l’ignominie des lois et moeurs de cette autocratie  à la fois très rigoriste et dépravée.

La servante écarlate est un thriller  dystopique puissant écrit dans un  style  sobre, sensible,  très fluide, (excellente traduction de Michèle Alabret-Maatsch))  avec des pointes d’humour noir et des réflexions sur la condition de la femme face au mâle phallocrate et prédateur, toutes choses qui ne sont pas sans nous rappeler  une brûlante actualité.

A la lecture de ce livre, on comprend pourquoi Annie Ernaux s’est étonné que le prix Nobel lui échoit  plutôt qu’à cette autre octogénaire, Margaret Atwood.  En matière de réflexions et de témoignages sur la condition féminine dans nos sociétés humaines, Les années  de la nobélisée ne font pas le poids face à cette Servante écarlate, un best seller dont l’auteure nous dit notamment, dans une postface  très éclairante :

Margaret Atwood
Margaret Atwood

Certains romans hantent l’esprit du lecteur, d’autres celui de l’auteur. La Servante écarlate a fait les deux.
Ce roman n’a jamais cessé d’être publié depuis sa première parution en 1985. I1 s’en est vendu des millions d’exemplaires à travers le monde, dans une variété étourdissante d’éditions et de traductions. Il est devenu une sorte de référence pour ceux qui écrivent a propos d’évolutions politiques visant à prendre le contrôle des femmes, particulièrement celui de leur corps et de leurs fonctions reproductrices : « Un peu dans le genre de La Servante écarlate » et « On  pense à La Servante écarlate » sont devenues des expressions familières. Le roman a été banni de certains lycées, et il a inspiré d’étranges blogs sur le Web où l‘on discute de ses descriptions de la répression des femmes comme s’il s’agissait de recettes de cuisine.

Philippe Deleplace : Quatuor de bois – II- Analyse

Cher Philippe,

J’ai écouté attentivement le 2e mouvement de ton dernier ouvrage intitulé «  Jeux  de quartes » pour quatuor de bois et l’ai trouvé très intéressant, bien que d’un abord difficile  en première écoute.

La rythmique à quatre temps fait l’unité de la pièce, avec un caractère primesautier délibéré qui évoque  la légèreté et l’insouciance d’une jeunesse joueuse.

Sans partition, je me suis amusé à rechercher (c’est une gageure !) les tonalités utilisées dans cette pièce largement atonale. Le début en fa  enchaîne rapidement les modulations pendant les 30 premières secondes, plus ou moins à la quarte  (d’où le nom de la pièce ?). Mais à partir de 29′ , la tonalité reste globalement en sib, ce que confirme la pirouette tonale de la fin.

Je me suis demandé comment tu composes (chacun a son style, sa méthode…). Ecris- tu  sans te poser trop de question sur la forme, comme un Dusapin, dans la foulée d’une inspiration qui dicte le style ? Ou au contraire,  écris-tu « sous contrainte »,  comme Messiaen ou Boulez (chacun avec sa méthode) ? Essaies-tu d’éviter  les consonances, les idées mélodiques,  les résonances lointaines des musiques néo-classique que l’on trouve chez un Karol Beffa ? La question se pose, à l’écoute de ta musique.

Je profite de ce billet pour présenter tous mes voeux à mes fidèles lecteurs : que cette année soit plus riche d’oeuvres musicales et artistiques, avec moins des  problèmes que nous vivons malheureusement au quotidien.

Jean-Louis Foucart