"Je veux que ma musique surprenne, perturbe, émeuve l’auditeur. Le pire compliment qu’on puisse me faire est de la trouver « jolie »." Olivier Greif"Il est allé très loin dans le beau et dans le laid. Et il en était très fier!" Patrick Langot, Violoncelieste du quatuor Syntonia et créateur du 4e quatuor "Ulysses" d'Olivier Greif.
___________Biographie________________ Site d’Olivier Greif_______________
J’ai découvert une première fois la musique d’Olivier Greif (1950-2000) avec la Sonate de Requiem, une œuvre aigüe, particulièrement poignante lors d’un concert au Châtelet avec Henri Demarquette.
Un récent concert donné par l’association Les Musicales Guil Durance m’a permis d’approfondir la connaissance de cette musique singulière. Cette fois c’est l’Ensemble Syntonia, qui nous interprétait brillamment ULYSSES.
ULYSSES est le 4e et dernier quatuor de Greif (publication quelques mois avant sa mort à 50 ans, en 2000) – et le dernier du XXe siècle, dixit Stéphane Goldet.
Cette éminente musicologue nous présentait l’œuvre, en reprenant d’ailleurs peu ou prou son émission du 17 Nov. 2013, Plaisirs du Quatuor sur France Musique. Les extraits sonores qui sont dans ce billet sont issus de l’enregistrement que j’ai fait de cette émission avant qu’elle disparaisse.
La musique d’Olivier Greif
Très loin d’une musique convenue « à la française », on la situe généralement dans le sillage de Mahler ou de Chostakovitch. C’est en effet une musique qui mêle les passages sentimentaux, souvent funèbres, l’ humour grinçant (comme dans le premier mouvement avec ces fausses notes provocantes ou dans le 4e mouvement intitulé Bourbonnais), les fulgurances sonores (les « coups de griffe » que note Stéphane Goldet), et de curieux décalages rythmiques, sortes de déhanchements. Cette musique, généralement tonale, est singulière et novatrice dans sa conception; elle accumule les thèmes (plus de quarante dans ce 4e quatuor), des thèmes que le compositeur va souvent chercher sans vergogne, avec une appétence curieuse dans les musiques populaires et qu’il utilise comme les matériaux d’une alchimie savante.
Voici ce que Olivier Greif dit lui-même de sa musique :
Le quatuor « Ulysses »
L’œuvre qui fait 50 minutes est composé de 7 mouvements :
- The jew’s daugter, 10′, (la fille du juif, titre de la chanson que Greif a trouvé dans le Ulysse de Joyce et qui est l’un des thèmes ce ce 1er mouvement)
- … along the death, 6’30 »
- (Ghost) Langster Midang « le délégué de la population paré du costume de cour » 5’30 »
- Bourbonnais, 4’30 » (c’est à l’abbaye de La Prée en Bourbonnais que l’œuvre a été créée)
- Night hunt Paris, 13 septembre 1999, 6′
- Hoopsa, boyaboy, hoopsa ! 3’45 »
- Amarillis 16′ (thème principal : Amarilli mia belle de Caccini)
Dans ce quatuor, on reconnaitra quelques airs familiers, suites de notes telle: sol do, mi sol, do fa la do la sol. Et un clin d’oeil appuyé du compositeur à Joyce avec, dans le premier mouvement The jew’s daugter (La Fille du juif), une petite ritournelle irlandaise violemment antisémite (Greif était juif) extraite de l’ouvrage « Ulysse » de James Joyce, sa lointaine référence littéraire.
On notera surtout dans le dernier mouvement le célèbre Kaddisch, mélodie hébraïque, suivie de la belle cantate « Amarilli mia bella »de Giulio Caccini (1551-1618), ces deux thèmes étant « mixés » ensuite dans un entrelacs contrapuntique d’un suprême raffinement.
Merci d’avoir mis tous les liens ! Je vais aller regarder et écouter tout ça