E-Turner: Roi des diapasons

Connaissez-vous le E-Turner ? Ce n’est ni un tableau du peintre William, premier du nom, ni même un blues de la belle chanteuse Tina, mais un outil exceptionnel devenu indispensable aux musiciens passionnés de musique contemporaine.

Chanter juste, jouer juste reste l’un des premiers soucis de tout interprête. Si ces difficultés de technique auditive, vocale et instrumentale, sont aisément surmontées dans le répertoire de musique dite savante et classique, les choses se compliquent sensiblement dans le répertoire de la musique contemporaine.
Plusieurs raisons à  cela dont une principale, le choix délibéré que font certains compositeurs à  utiliser les micro-intervalles dans leurs piêces musicales. Certes, cela n’est pas nouveau, les Charles Ives, Maurice Ohana, et Ligeti, pour ne citer qu’eux, aimaient utiliser de tels intervalles, plus petits que le demi-ton. Bien avant eux et avant même tout systême tonal établi, les musiciens des contrées extra- européennes ou encore les musiciens de la Grêce antique faisaient de même. Quant aux œuvres musicales actuelles, radicalement micro-tonales ou incorporant parcimonieusement quelques mirco-intervalles, le problême est bien de savoir émettre n’importe quel son au gré de la partition, c’est à  dire passer naturellement du ton au demi-ton, au tiers de ton ou au quart de ton.
Pour remédier à  ces exigences, Laurence Equilbey, chef d’orchestre et fondatrice du choeur Accentus, a imaginé un diapason « intelligent » , nommé E-Turner réalisé depuis quelques années déjà , par un groupe d’ experts, Alciom. Ce diapason électronique possêde des fonctions bien plus étendues que celles des diapasons les plus modernes et déjà  connus. Pour comprendre son fonctionnement voir sa description Toutefois, si la microtonalité a séduit plus d’un compositeur dans le passé (proche), cet enthousiasme s’est sensiblement calmé depuis.

A lire toutes les partitions qui fleurissent ça et là , tous répertoires confondus, rares sont les compositeurs qui se soucient d’investir dans la microtonalité, hormis les musiques dites extra européennes utilisant naturellement les micro-intervalles, est-il si naturel d’utiliser de tels intervalles ? Une musique actuelle nécessitant de tels outils aussi discrets qu’efficaces qu’un E-turner,n’est-elle la preuve irréfutable qu’une certaine limite est désormais atteinte en matiêre d’écriture musicale humainement jouable ? Techniquement et seulement techniquement, la voix humaine (qui curieusement est aussi le nom d’un jeu d’orgue) et de même l’instrumentiste en chair et en os, peuvent difficilement concurrencer robots et ordinateurs en artifices et exploits sonores.
La brillante élaboration des œuvres dites microtonales n’appartient-elle pas plus au geste mathématique du constructeur savant et ne vient-elle pas contredire le naturel du geste artistique du compositeur, créateur-improvisateur résolument imprévisible ? On serait tenter de répondre par l’affirmative, et aprês cela ?…Et qu’importe !! Si l’émotion demeure ? A l’écoute de certaines œuvres incorporant de tels micro-intervalles, on se demande si le souci de monnayer le ton et le demi-ton, ainsi que la volonté d’extrême précision dans la justesse ne produisent pas tout compte fait, l’effet inverse, c’est à  dire un rendu trouble et … troublant, plutôt que simplement approximatif, (on est bien loin de l’aléatoire) un désordre sonore parfaitement organisé. Tout en cherchant fébrilement la stricte exactitude, le résultat sonore donne parfois l’illusion de son exact contraire. Et quel public assez exercé pourrait être à  même de distinguer à  « l’oreille nue » jusqu’au seiziême de ton, comme certains compositeurs se sont risqués à  l’écrire ?
Toujours est-il que ce diapason électronique E -turner, du haut de son mini-clavier à  13 touches, et de ses mille astuces fait plus d’un heureux parmi les étudiants, professionnels, chanteurs et compositeurs. Vous sont proposées à  l’écoute, et à  votre appréciation, des œuvres instrumentales de Claude Ballif, Charles Ives, Scott Crothers :

Claude Ballif


Charles Ives


Scott Crothers

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