Ce Samedi 17 mai 2008, un programme copieux, réparti sur quatre heures, de 21 h à 1 heure du matin, favorisait une belle et riche distribution musicale.* Une suite de divertimento servie en trois sets – trois entractes sans discontinuer, voilà le menu original de la soirée.
Trois sets ? Il ne s’agissait pourtant pas d’un match de tennis,
quoique le caractêre dynamique et soutenu de la soirée pouvait le faire croire ! C’est pourtant bien en ces termes, écrits en toutes lettres sur les petites fiches distribuées à chaque spectateur, que s’annonçait la soirée.
Vous avez dit entractes ? Oui ! mais entendez bien que les
entractes chez Jean -François Zygel ne sont jamais de vrais entractes mais toujours des moments musicaux particuliers, ceux là ne dérogeront pas à la rêgle. Ils seront plutôt des prétextes à se déplacer librement dans tout le théà¢tre pour écouter les artistes de plus prês. O๠ça ? au Grand foyer central ou encore plus haut perché au foyer Nijinski ! On y retrouve pendant quelques vingt minutes, les mêmes musiciens que l’on vient d’applaudir dans la grande Salle, et qui ici différemment regroupés, rivalisent d’imagination, sur d’autres thêmes musicaux, en duo, trio ou en un plus grand ensemble encore…Certainement, ils ont fait le pari que vous ne sortirez plus de ce merveilleux rêve improvisé … Encore sous le charme de ces mélodies et autres rythmes impromptus, vous vous avancerez peut-être sur le grand balcon Nijinski ouvert justement à votre intention pour y admirer « Paris-lumiêre », l’aîle de la cité, ses quais, la SeineAh ! ( vous serez sà»rement surpris de voir tant d’autres mélomanes suivre le même itinéraire, ayant eu la même idée que vous !) Une musique diversifiée : Non, ce n’est pas la pagaà¯e à bord ! même si cette nuit là une brise légêre et insouciante rafraîchit tout le théà¢tre du Chà¢telet ! Le public habituellement sage et immobile, joue le jeu et circule librement, quand » c’est à son tour de se lever » , empruntant volontiers les itinéraires suggérés par le maestro. La musique elle –même libérée de toutes partitions, emprunte aux styles des plus divers, et enchaîne savamment les différents thêmes avec insolence et malice, on dirait bien un conte sans fin écrit pour la musique dans tous ses états : variété, classique, jazz, baroque, romantique, contemporain. Jean-François Zygel avait d’ailleurs donné le « la » en commençant la soirée par ces mots : « Enfant, j’ai été trop malheureux de devoir toujours lire
des partitions ce soir je réalise un rêve que j’ai fait depuis
longtemps déjà : jouer un concert entiêrement improvisé
avec plusieurs artistes, donc sans aucune note écrite !
Nous ne savons pas ce que nous allons jouer ! » Sous la baguette magique et invisible de JFZ, on entendra
pendant ces trois sets, interprétés depuis la Grande Salle, successivement en solo, duo, trio, quatuor, ou ensemble à effectif variable, une suite de tableaux improvisés par : -la clarinette et la clarinette basse, les pianos, le célesta, l’harmonica de verre, les ondes Martenot, l’orgue, les percussions, les cloches suisses, le cristal Baschet, (ce drôle d’instrument à résonateurs ), le cornet de poche, les chants d’oiseaux, la bombarde, le biniou, les embouchures, l’ accordéon, le célesta, le jeu de timbres, la batterie, les saxophones ténor et baryton.
Les moments « clés« : Voici ceux que j’ai retenus : Le trio des pianistes, avec quelques touches de jazz alternant avec des plongées dans la musique… baroque,(!) les solos brillants aux percussions et aux différents instruments à vents, la prestation des musiciens bretons, le plaidoyer des saxos flamboyants, les clarinettes moqueuses, la poésie des chants d’oiseaux, celle des ondes et de l’harmonica de verre, les dialogues pianistiques remarqués de JFZ et d’Antoine Hervé, l’utilisation du piano-percussion ( sonné, pincé, griffé, tambouriné ), l’improvisation que j’appellerais bien à thêmes-devinettes parce que jouée à l’intention du public três réactif et signée Zygel-Hervé, on y cueillait au vol, par exemple, des comptines éternelles, l’air de la Marseillaise, ou le três mozartien « Ah ! vous-dirai- je maman »). Il serait facile d’évoquer bien d’autres moments savoureux encore ! On pouvait voir sur scêne, au deuxiême set de la soirée, les deux grands pianos de concert s’affronter côte à côte, le grand couvercle de l’un des deux pianos complêtement retiré, pour permettre sans doute une visibilité totale du jeu moderne et percussif des pianistes, ces derniers jouant le plus souvent debout et autant sur les cordes du piano que sur le clavier. Outre la grande diversité des genres musicaux et les nombreux musiciens présents , on pouvait admirer avec quel tact et quelle attention, Jean-François Zygel s’ingéniait à présenter et à mettre en valeur chacun des artistes invités, de telle façon que chacune de leur
intervention devenait un moment unique.
Ce n’est pas étonnant qu’à la fin de chaque spectacle nous ayons envie d’en savoir plus sur chacun d’eux et de les réentendre ! S’émerveiller des talents d’autrui est une qualité bien rare dans ce monde artistique, et c’est aussi, d’aprês la sagesse populaire, la marque indubitable des savants. Un petit bémol à tout cela, l’absence (regrettée) de musique vocale improvisée, (hormis les chants d’oiseaux et le chant du cornettiste agrémentant sa musique d’onomatopées ) n’y avait-il aucun improvisateur disponible parmi les chanteurs ? J’imagine bien un artiste comme le musicien-chanteur Bobby McFerrin improviser dans une telle soirée ! Il n’est pas interdit de rêver ! Un autre bémol : bien qu’il ne s’agissait pas d’un son et lumiêre, le jeu de lumiêres était succinct, presque minimaliste, sur fond
d’ écran géant, tantôt bleu nuit étoilé de tà¢ches blanches, tantôt alternant dans les tons orangés et rosés, au gré des musiques improvisées. Aprês une telle soirée, que souhaiter de mieux à tous les mordus de l’impro, sinon de vivre d’autres moments aussi divertissants et d’improviser à leur tour, un peu, beaucoup, à la folie…ad libitum ! © Emilie A. pour Musique.Harmonie.fr ( * voici la distribution musicale : clarinette et clarinette basse : Philippe Berrod
ondes Martenot, harmonica de verre, cristal Baschet : Thomas Bloch
cornet de poche:Médéric Collignon
percussions: Joù«l Grare
piano:Antoine Hervé
orgue de cinéma:Jean-Philippe le Trévou
piano, orgue électrique, célesta, jeu de timbres: Pierre Mancinelli
batterie: Louis Moutin
chant d’oiseaux : Johny Rasse et Jean Boucault
saxophone soprano et saxophone baryton: Jean-Charles Richard
contrebasse:Daniel Yvinec
Vallégant Noz Unnit:
bombarde, saxophones: Jean-Louis Le Vallégant
biniou , embouchures: Youenn le Cam
accordéon: Yann Le Corre
piano, célesta, jeu de timbres, orgue électrique et direction artistique:Jean-François Zygel)
> Il y aura bien quelques jaloux…
Oui oui 🙂
Que dire, Mazurka, sinon, que tu as eu de la chance de pouvoir être présente et prendre autant de plaisir (et nous d’en profiter un peu – trop peu – en lisant ton billet…)
Il y aura bien quelques jaloux… 😉
toujours à propos de l’improvisation on peut relire ce billet :
http://www.foucart.net/?2007/06/...
et écouter Bobby MacFerrin improviser vocalement …d’après Bach :
fr.youtube.com/watch?v=du…