Chaque gamme majeure est dotée d’une gamme mineure comportant les mêmes sept notes, mais dont la tonique est située une tierce mineure au-dessous de la sienne.
Le ton de LA mineur (LA m) est dit relatif de celui de DO majeur (DOM).
En DOM: la tonique est DO. En LA m : La tonique est LA.Voici les accords de fondamentale en LA mineur (gamme relative de DO mineur):
(Fig. 1) Gamme relative de DO mineur
Le système tonal dispose donc pratiquement de vingt-quatre tonalités différentes, dont douze majeures et douze mineures.
Dans la Grèce antique, seize lettres représentaient deux octaves et un ton qui correspondent à peu près aux touches blanches du piano. On a donc repris les 7 noms d’origine grecque, appelés modes antiques pour désigner les modes de la gamme majeure. Chaque mode correspond à une octave décalée d’une note (cf. schéma ci-contre)
(Fig. 2) Gammes et modes anciens
Le mode ionien est considéré comme le mode majeur de référence. Le mode éolien est considéré comme le mode mineur de référence. C’est la gamme mineure naturelle.
Nous détaillerons l'étude de ces modes anciens au chapitre 17 (musiques modales).
Le mode de LA-mineur, naturel, tel qu'on vient de le décrire n'est pas celui qui a été employé par la musique classique, car il ne comporte pas la fonction de sensible.
En effet, le mode majeur avait chassé les vieux modes médiévaux en privilégiant la tonique, mais aussi en faisant toute sa place à la sensible et à la délicieuse tension qu'elle crée pour aller vers la tonique, dont elle n'est séparée que par un tout petit demi-ton. Rien de tel dans ce mode mineur, où la sensible est à un ton entier de la tonique.
Pour régler le problème de la sensible dans le mode mineur, la musique classique a réintroduit cette note sensible en utilisant deux stratagèmes:
- Soit par action directe sur le septième degré, et sur lui seul, en le montant d’un demi-ton, ce qui crée entre le FA et le SOL# un intervalle d’un ton et demi, d’aspect vaguement oriental et suspect; c'est le mode harmonique.
- Soit en diésant la sixte ( FA) et la septième ( SOL) lorsqu’on monte la gamme et que l’attraction se fait sentir vers l’octave de la tonique, et en leur retirant leurs dièses à la descente. C'est le mode mineur mélodique que nous étudirons dans le chapitre suivant.
C’est donc ici le mode mineur avec la septième altérée d’un demi ton chromatique ascendant qui est utilisé.
La 7e devient sensible comme dans le mode majeur.
Nb: La 7e est altérée (on est en LA mineur)
C'est une erreur qui se produit quand on place une note altérée et la même note naturelle dans 2 voies différentes, en même temps ou de façon consécutive.
(Fig. 3) Exemple de fausses relations
On peut mélanger dans la même phrase musicale mode naturel et mode harmonique.
Mais on passe en général des modes:
L'harmonique crée la tension. Exemple:
(Fig. 4) Passage des modes naturel vers harmonique et résolution des tensions :
C'est l’enchaînement : II – I à 4 notes sur le mode majeur harmonique ou sa variante : VIIm – I.
(On reconnaît le "Amen" des chants d’église)
(Fig. 5) Cadence plagale spéciale
On attribut classiquement des couleurs différentes aux divers tons et modes.
Ceci se justifie en grande partie par les dissonances liées au tempérament utilisé, tempérament tempéré de J.S. Bach ou tempérament égal de l'accord moderne des instruments à notes fixes: pianos, orgues, etc. C'est une notion éminemment subjective, et très dépendante des époques.
Au 17e siècle, M.A. Charpentier a qualifié ainsi l'énergie tonale des modes dans son traité des Règles de composition :
|
Mode majeur |
Mode mineur |
DO |
Gai et guerrier |
Obscur et triste |
RE |
Joyeux et très guerrier |
Grave et dévot |
MIb |
Cruel et dur |
Horrible, affreux |
MI |
Querelleur et criard |
Efféminé, amoureux et plaintif |
FA |
Furieux et emporté |
Obscur et plaintif |
SOL |
Doucement joyeux |
Sérieux et magnifique |
LA |
Joyeux et champêtre |
Tendre et plaintif |
SIb |
Magnifique et joyeux |
Obscur et terrible |
SI |
Dur et plaintif |
Solitaire et mélancolique |