________
L'accord de septième comporte 4 notes à intervalle d'une tierce. L'accord de 7e de dominante, historiquement le premier utilisé (dès la pré-renaissance) est construit sur la dominante, avec la sensible à la tierce et une septième située à un ½ ton[1] sous la dominante à l'octave.
L’accord de septième de dominante contient le FA naturel; ainsi, avec deux accords seulement, ceux de septième de dominante et de tonique, on dispose de toutes les notes de la tonalité, excepté le LA naturel. C'est pourquoi le langage harmonique classique a rapidement adopté cet accord pour lui-même, et abandonné les exigences de "préparation" ou de "résolution", (cf. définitions au Chap. 12), même si tensions, attractions, répulsions entre les sons associés restent "sensibles"…
Triton et accord de septième de dominante
Lorsque la quarte de la tonalité se trouve en présence de la sensible, elle devient aussi sensible. On parle alors de sensible ascendante et sensible descendante.
L’accord de septième de dominante se caractérise par la présence des deux sensibles. L’intervalle ainsi formé est un intervalle de quarte augmentée comportant donc trois tons entiers. C'est le célèbre triton, le diabolus in musica des musiciens romantiques[2], qui crée une tension exigeant une résolution immédiate comme indiqué ci-contre.
(Fig. 1) Le triton
Conduite des voix (schéma mnémonique):
Deux sortes d'enchaînements sont possibles suivant que l’accord de septième de dominante V7 est complet ou incomplet:
- L'accord de 7e s’enchaîne quand il est complet:
Avec l’accord de tonique I incomplet (sans la quinte mais avec la fondamentale triplée).
Ou avec l’accord de VI, dont on doublera la tierce (tierce de l’accord de VI).
- Il s’enchaîne avec l’accord de tonique complet lorsqu’il est incomplet.
(Fig. 2) Enchaînements de l'accord de 7e
La septième, note de passage
La septième peut être utilisée comme note de passage entre l’accord V normal et l’accord qui le suit.
Cette pratique est ancienne dans l'harmonie classique et a contribué à banaliser très tôt l'utilisation de l'accord de septième de dominante, après les accords de quinte.
Exemple:
(Fig. 3) Début du choral en MIb majeur de Bach.
Les 3 renversements possibles s’enchaînent toujours avec l’accord de premier degré, comme indiqué ci-dessous:
(Fig. 4 ) Renversements de l’accord de septième de dominante
Notation: Prenons l'exemple du 1er renversement:
Il est dénommé accord de quinte et sixte.
Le 5 (qui positionne la basse par rapport à la 4e note de l'accord normal indique qu'il faut jouer la quinte de la fondamentale. Le 6 (qui positionne la basse par rapport à la fondamentale) indique qu'il faut jouer également la sixte. Par défaut le 3 de la tierce n'est pas noté bien qu'elle soit également jouée.
Exercice (en forme de petit jeu): réaliser l'arrangement d'Au clair de la lune en y plaçant le maximum d'accords et notes de passage de septième de dominante[3].
(Fig. 5) Au clair de la lune
- Fin du Chapitre 6 -
[1] Nous verrons qu'il s'agit d'une septième mineure. Cf. infra, modes mineurs.
[2] From Gérard Condé, Le Monde du 8/10/2003:" L'expression diabolus in musica fleure bon son moyen âge, où l'on parlait latin et où les tritons comme les salamandres avaient une réputation sulfureuse. Malheureusement, aucun document n'atteste une utilisation de la formule latine antérieurement au XIXe siècle. Ainsi, même les théoriciens de la musique de l'époque romantique auraient succombé à la mode gothique et réinventé le diable pour faire peur aux apprentis harmonistes".
[3] Ce qui limite évidemment les possibilités d'arrangement.