Le boléro d’Arvieux en Queyras

Oh, magie de l’œuvre universellement connue de Monsieur Ravel… 🙂
Ecoutez ce dialogue :
Que fais-tu demain?
Demain, je vais au Boléro, à  Arvieux ! Tu y vas?

C’est ainsi que les Queyrassins s’interpellaient pour se donner rendez-vous, là -haut, dans les alpages de « Pra-Premier » en ce samedi 14 juillet 2007, la veille de l’évênement.


Avant le plus haut concert d’Europe

(En bas à  gauche, le violoncelliste, petit fils d’André Bourgues grâce auquel le concert fut organisé : merci à  lui !)

Car, en Queyras, l’évènement n’était pas le 14 juillet, mais le 15… Le concert le plus haut d’Europe!
Pensez, réunir plus de 2000 personnes dans un pays qui n’en compte guère plus de 3000 ! Et surtout en pleine montagne, à  2050 m d’altitude, dans un grand amphithéâtre naturel accessible par un sentier et une mauvaise route forestière de quelques kilomètres, dans le seul terrain plat de cette commune d’Arvieux, bien connue du Tour de France puisqu’elle compte le Col de l’Izoard dans son paysage.

« Tout a commencé par un rêve » nous dira l’organisateur, dans un brillant et émouvant discours d’ouverture, un rêve auquel les technocrates en charge du financement de la culture dans les Hautes Alpes ne croyaient pas vraiment. C’était le rêve d’un vieux Monsieur nommé André Bourgues, poète et paysan du QUEYRAS, passant par là  et s’adressant à  son petit fils, futur violoncelliste. Voici ce rêve, en forme de programme :

Nous avons rêvé des Cors des Alpes se répondant en écho, nous avons rêvé de l’Orchestre Lyrique de région Avignon Provence, dirigé par un chef prestigieux de renom international Hikotaro Yazaki, et accompagné des professeurs et élèves du Conservatoire du Grand Avignon. Nous avons rêvé d’un public nombreux, dans un prairie éclaboussée de soleil, de marmottes s’abstenant de siffler, de chamois médusés cessant un instant de brouter, d’aigles suspendant leur vol pour mieux entendre les échos des cuivres et des bois. Nous avons rêvé de Ravel et de Fauré, de boléro valsé et de pavane élégiaque…

Pensez, déplacer un orchestre symphonique entier et surtout organiser un rassemblement de plus de 2000 personnes en pleine montagne, il fallait y croire !
Ils y ont cru , et ils ont eu raison. Nous avons même vu trois aigles planer au dessus de nos têtes pendant que l’orchestre nous jouait l’Elégie pour violoncelle et orchestre de Gabriel Fauré !
Voici deux petites vidéos sans prétention de cet événement qui enchanta nos vacances cette année, en Queyras.

Bolero par gilleslf


Cors des Alpes par J-Louis Foucart

Extrait du concert « le plus haut d’Europe 15 juillet 2007 à  Arvieux en Queyras

Le Festival de Verbier en Suisse, en direct sur le net !

Coup de chapeau aux organisateurs!
L’un des plus grands festivals de musique classique s’expose en direct sur internet, au nez et à  la barbe des maisons de disque (mais avec l’assentiment de toutes les « pointures » qui s’y produisent, du genre Martha Algeritch, Lang Lang, etc…). Et c’est de l’excellente qualité (son et image). Même avec mon petit ADSL… 🙂 Vous ne partez pas en vacances? Alors….
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Connaissez-vous « MIRRA » d ‘ALALEONA ?

(Notre rédacteur invité Yves Rinaldi signe cette chronique). « Mirra » est l’unique opéra du compositeur critique musical italien Domenico Alaleona (1881-1928). Créé le 30 mars 1920 à Rome, il fut salué comme un authentique chef d’œuvre par Puccini et Mascagni qui assistèrent à la représentation.

Myrrha poursuivie par son père est transformée en Myrthe

Injustement oublié depuis, cet opéra en deux actes a été ressuscité par un remarquable enregistrement public de Radio France en 2003.   Il a fait l’objet d’une édition (Chœur et Maîtrise de Radio France, Orchestre National de France sous la direction de Juraj Valcuha, Collection Radio France éditée chez Naïve).

Domenico Alaleona

LE DRAME D’UN AMOUR INCESTUEUX

Le livret de « Mirra » est tiré d’une pièce du dramaturge Vittorio Alfieri qui s’inspire de la légende grecque de la princesse crétoise Mirra coupable d’un amour incestueux pour son père et qui renonce au mariage à cause de cela. Suscitant opprobre et malheur autour d’elle, à l’aveu de sa passion incestueuse, elle se suicide avec l’épée de son père. Les dieux apitoyés (pour une fois !) la métamorphosent en un végétal qui porte son nom : la myrrhe.

UNE MUSIQUE A LA CONFLUENCE DE COURANTS DIVERS

L’intérêt musical de cet opéra assez court (1 heure 20) réside dans un style marqué par l’héritage vériste tempéré de Wagnérisme et de Debussysme. Loin d’être un patchwork hétéroclite, « Mirra » établit une synthèse authentique et surtout créative de ces esthétiques à priori antithétiques et difficilement conciliables. Alaleona adopte la trame de la mélodie continue instituée par Wagner et y insère, au gré de la dramaturgie du livret, des amorces d’arias tout à fait bien intégrées. Les trouvailles orchestrales sont nombreuses, l’orchestre jouant un rôle aussi important que le chant, comme le montrent la longueur de l’ouverture du Second Acte, ainsi que les plages instrumentales qui ponctuent l’œuvre. De nombreux motifs, véritables leitmotivs, structurent l’opéra de bout en bout. L’enregistrement de Radio France en 2003 révèle le talent de la soprano italienne Denia Mazzola dans le rôle titre. Sa voix intensément dramatique et puissante peut aussi se métamorphoser en plainte d’une douceur indicible lorsque son personnage ne peut avouer l’inavouable. Cette interprète se double d’une authentique tragédienne et le timbre chaleureux de sa voix laisse troublé quiconque écoutera cet opéra digne d’être hissé au rang des chefs d’œuvres lyriques d’un siècle qui n’en fut pourtant pas avare. Voici quatre courts extraits de cet opéra : Scène 1 de l’acte 1 : Scène 5 de l’acte 1 : Intermezzo : Scène finale acte 2 :

Penderecki par Penderecki (Festival de Ravenne 2007)

Lors de mon récent séjour en Emilia-Romagna, j’ai eu la chance d’assister au concert donné par Penderecki dans le Palacio Mauro de André, le « Palais des congrès » de Ravenne, un bâtiment à l’allure un peu futuriste construit récemment à la périphérie de la ville. Il dirigeait un excellent orchestre de jeunes musiciens de Piacenza dans l’une de ses œuvres récentes, le Concerto Grosso pour trois violoncelles et orchestre. Penderecki, vous trouverez ici sa biographie pour ceux qui ne le connaitraient pas. Voir un compositeur conduire lui-même une de ses œuvres était pour moi une première et c’est ce qui m’intéressait, au delà de l’œuvre elle-même, bien sûr. D’autant que l’homme, mal commode, est connu pour avoir refusé de diriger (ou de laisser jouer) les œuvres de son catalogue qu’il considère comme marginales ou alimentaires…!
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