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Paul Klee et la musique contemporaine

Dans un article du 14 janvier 2007, j’écris que le peintre Paul Klee, excellent violoniste  n’aimait pas la musique Contemporaine. Détresse du pianiste enchainé à la musique contemporaineC’est le dessin ci-contre, caricature montrant toute la détresse du pianiste jouant de la musique contemporaine enchainé à  son piano qui m’inspirait ce sentiment.

Un article du journal Le Monde m’incite à revoir ma copie. Marie-Aude Roux nous y apprend qu’il suivait ses contemporains (Pelléas et Mélisande de Debussy, le Pierrot lunaire de Schoenberg), en fréquentait même quelques-uns – Busoni, Stravinsky, Bartok, Hindemith.

Et elle ajoute « La musique le lui a bien rendu »  en nous donnant de nombreux exemples de compositeurs contemporains que les oeuvres de Klee ont inspiré : Boulez, Mantovani, Sandor Veress, Tan Dun, Hans Werner Henze, Edison Denisov, François Bayle, Krzysztof Penderecki, Harrison Birtwistle, Georges Aperghis… Et d’autres comme le compositeur et pianiste japonais Takashi Kako (Klee : suite pour piano, sorti en 1986) et les Mauvaises nouvelles des étoiles (Bad News from the Stars) de Serge Gainsbourg en 1981, titré comme le dessin de Klee qu’il possédait.

Pour en savoir plus, je recommande la lecture de cet article du Monde.

 

 

Paul Klee, musicien

Tout le monde sait que Paul Klee, fils d’un professeur de musique et d’une mère cantatrice était lui-même un excellent musicien, au point qu’il se faisait de l’argent de poche comme violoniste aux concerts de la Société de Musique de Berne quand il était Lycéen. Il épousa plus tard une pianiste grace à  laquelle il pu survivre quand la peinture ne le nourrissait pas encore en ses débuts à  Munich.
Mais savez-vous que ses goûts musicaux étaient ceux d’un infâme conservateur?

Portant Mozart au pinacle, il considérait que les Bruckner, Mahler et tout particulièrement Strauss marquaient le déclin de la créativité artistique. Mis à  part Paul Hindemith, l’un de ses amis, il considérait que ses contemporains, sous l’influence des théories sclérosantes d’un Schoenberg faisaient une musique très académique. Son dessin montrant toute la détresse du pianiste jouant de la musique contemporaine, enchainé à  son piano témoigne de ses sentiments. A moins que ce ne soient ceux de sa femme obligée de faire bouillir la marmite familiale ? 😉 (from : Paul Klee, Painting music, de Hajo Düchting, éditions Prestel)

Ligeti sur Arte

Beau film sur Ligeti, hier soir sur Arte. L’homme se présente avec pudeur et gentillesse et beaucoup d’urbanité, « bien que je sois terriblement agressif, au fond de moi » nous dit-il.
La raison? Les terribles évênements personnels qu’il a vécu.
Le nazisme d’abord, en 1944-45 à  Bucarest, la déportation et la mort à  Matahausen de son pêre et de son frêre (sa mêre reviendra, miraculée); les « terroristes » communistes ensuite, qu’il subit à  Budapest où¹ il est allé étudié à  l’Académie Franz-Liszt, une école de rigueur, avec l’espoir (forcément contrarié!) de rencontrer son Dieu, Bartok. « Trouver un chemin qui venait de Bartà³k et conduisait vers »… Vers il ne sait pas quoi, et il ne le saura jamais car c’est la quête qui l’intéresse finalement plus que le systême de composition. Je ne sais jamais où¹ je vais quand je commence une nouvelle œuvre nous dit-il.
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Albert Einstein, Paul Klee, deux artistes unis par le violon.

Nous voici donc de retour après un agréable séjour en Suisse centrale, à  Berne, Interlaken et Lucerne. Nous pourrions parler longuement de ce pays de cocagne pour gens riches qui concentre la chlorophylle et les neiges éternelles, les breaks Audi noirs, les troupeaux de touristes japonais et indiens; qui cumule aussi les témoignages d’un goût très sûr en matière d’architecture (mais nous y reviendrons).
Aujourd’hui nous parlerons de deux citoyens suisses célèbres, Albert Einstein et Paul Klee.

Le musée historique de Berne présente en effet pour quelques mois encore une exposition temporaire très complète sur la vie et l’œuvre scientifique d’Einstein, ce génie excentrique et cet humaniste qui vécut à  Berne ses premières années professionnelles dans les années 1900. Le Zentrum Paul Klee présente quant à  lui les quelques 300 tableaux que la famille de ce grand peintre a légués à  diverses fondations de sa ville natale, Berne, avant que l’ensemble ne soit réuni et exposé dans cet espace architectural magnifique crée par Renzo Piano.

Einstein et Klee ont beaucoup de points communs. D’abord le siècle : Nés tous deux en 1879, l’un est mort en 1955, l’autre en 1940. Nés de parents allemands, ils ont menés des études en Suisse et en Allemagne, ont développé très jeune un grand talent pour la musique et pratiqué assidument le violon au point que la question se posera pour l’un et l’autre d’entreprendre une carrière de musicien; Paul Klee s’engagera d’ailleurs comme violoniste à  la société bernoise de musique pour subvenir aux besoins de sa famille, avant de devenir un peintre reconnu. Tous deux deviendront professeurs et exerceront notamment à  Berlin au début des années 20, Einstein à  l’université, Klee au Bauhaus. Après leur engagement politique dans la république de Weimar, l’essor du nazisme les conduira à  fuir l’Allemagne en 1933, Einstein étant juif et Klee considéré comme un artiste « dégénéré ». L’un se réfugiera en Suisse, dans sa ville natale, l’autre aux Etats Unis. Se sont-ils connus? Sûrement à  Berne, grâce à  la musique. Mais l’histoire ne le dit pas. 😉