Invasion de hongrois à  la Cité de la musique

O๠il est prouvé que si nous repoussà¢mes les sarrasins à  Poitiers, les hongrois réussirent quant à  eux à  s’installer à  la Porte de Pantin
Concert du jeudi 19/11/09. Billet rédigé le 25/11/09.

Bonjour à  tous, Pour changer un peu, j’étais la semaine derniêre à  la Cité de la Musique, pour un concert dans le cadre du cycle Identités hongroises.
J’ai croisé JAM ce soir là , mais n’ayant pu le convaincre de faire un compte-rendu, me revoici avec ma plus belle plume, pour vous narrer cette soirée. Les hongrois, donc. Au programme, dans l’ordre d’exécution, messieurs Peter Eà¶tvà¶s, Gyà¶rgy Kurtà¡g, Mà¡rton Illés et Gyà¶rgy Ligeti.
Et ne me demandez pas comment je sors tous ses accents avec mon clavier L’Ensemble Intercontemporain était dirigé par Susanna Mà¤lkki. Les Séquences du vent de Peter Eà¶tvà¶s ont été écrites pour un effectif réduit de 9 personnes, composé principalement de vents justement (flà»te/flà»te piccolo/flà»te en sol, hautbois/cor anglais, 2 clarinettes en sib, clarinette basse, tuba, accordéon), ainsi qu’un percussionniste et une contrebasse. Il semble que le vent, et la nature en général, soient à  la source de l’inspiration de l’auteur, même si sa musique n’est pas bruitiste ou bêtement figuraliste. Le souffle y est bien sà»r três présent. Il m’a semblé qu’avant la huitiême et derniêre séquence, l’accordéon était três peu présent. Sur cette derniêre séquence en revanche, il est particuliêrement mis en avant. On oscille entre des séquences avec de longues tenues calmes, d’autres qui envoient comme des rafales sonores, avec des impressions de tonnerre, d’autres encore plus agitées, voire bondissantes.
La contrebasse sera mise en avant dans une partie soliste (passages acrobatiques tout en harmoniques, pizz ), sinon bien que tumultueuse, la musique n’est pas virtuose, sauf peut-être aux percussions.
La grosse caisse est jouée à  la paume de la main, les cymbales du bout des doigts, quelques modes de jeux inhabituels sont à  noter. Bref tout ça est plutôt subtil, mais pas franchement emballant. Les Quatre caprices de Gyà¶rgy Kurtà¡g, pour soprano et orchestre sont basés sur des textes de Istvà¡n Bà¡lin. La musique dégage pas mal d’énergie, et on pourrait penser de loin à  des lieder de Berg. Le chant quant à  lui est écrit de façon fort moderne (cris, rafales verbales et autres traitements à  la Aperghis). On note la présence forte du cymbalum, qui ressort avec sa sonorité três particuliêre. Tout ça reste néanmoins abscons, sans parler des textes, en hongrois, et d’ailleurs tout aussi incompréhensibles en français 😉
(Le chat,
Qu’il griffe ou qu’il crie,
Tu l’arraches du tapis,
Et tu le jettes dans l’ombre de mon parapluie ouvert,
The cat is under the umbrella,
Que le parapluie crie,
Ou que le tapis griffe,
Tu le jettes sur son ombre ouverte,
Le chat est sous le parapluie) Gottferdam ! Sautons l’entracte et l’inévitable passage à  la boutique de la Cité (toujours pleine à  craquer d’ouvrages, disques et autres posters de Miles Davis), puis passons directement à  Torso III de Mà¡rton Illés. Cette œuvre a été composée en 2007. Une musique un peu difficile à  décrire, avec un effectif décidément fréquent dans les œuvres actuelles, organisée autour de 2 pianos se faisant face de chaque côté de la scêne, et deux percussionnistes aux commandes d’un assez gros attirail, dont ce que j’ai pensé être un gros marimba 5 octaves, et un métallophone au moins aussi long (un de chaque pour chaque percussionniste !). On oscille entre des passages aux rythmes et à  l’orchestration que je qualifierais de pointillistes, et des passages avec de grand tutti assénés fff, sur fond de bordel pianistique. Tout à  coup, un magnifique silence (là  aussi assez typique), puis re- les tutti rageurs, puis silence, puis 3 fois de suite (pfffffou). J’ai entendu prononcer « Sacre du Printemps » pendant un de ces passages plutôt violents, je ne sais pas trop En revanche mes voisins dans la salle et moi-même avons tous convenu que le monsieur était un jeune fou furieux. Sympathique, mais fou furieux. Last but not least, le Concerto pour violon et orchestre de Gyà¶rgy Ligeti. Une bonne occasion pour l’Intercontemporain, de nous ressortir sa nouvelle machine de guerre, à  savoir le jeune Diego Tosi. Je ne suis pas três bon critique (entre autres parce que três bon public), mais il semble quand-même que nous avons affaire à  quelqu’un de três fort. Ajoutez à  cela sa tête de jeune premier und voila. Bon, le concerto. Une œuvre assez tardive (1990-1992), pour qui s’est intéressé à  son premier quatuor (1954), Lux Aeterna (1966), ou son Poême symphonique pour 100 métronomes (1962). On y constate un traitement finalement assez mélodique (pas de grands clusters en quarts de ton), mais aussi des choses assez typiques de l’auteur :

  • Accordage particulier des cordes
  • Structures rythmiques complexes et enchevêtrées
  • Surgissement de surprises assez corsées

Pour ce qui est des surprises, la plus forte arrive aprês un passage três lent et poétique au violon, avec le surgissement d’un trio d’ocarinas. Bien entendu, ces instruments ne sont ni accordables, ni tempérés de façon « classique », le résultat est vraiment déconcertant. Sans parler de l’inédit au niveau des timbres. La seconde fois que ce trio apparaîtra, ce sera accompagné par les deux percussionnistes, armés de flà»tes à  coulisses. Une cadence assez exigeante pour clore le tout, et au final un excellent moment musical. Courons tous (ré)écouter G. Ligeti. Voila pour ce petit compte-rendu, votre serviteur devrait vous laisser tranquille pour quelques temps, n’ayant pas de concert programmé avant mi-janvier 2010. Salutations cordiales et bien tempérées —
Arthur P.S. Heu non pas de P.S. aujourd’hui

Une réflexion sur « Invasion de hongrois à  la Cité de la musique »

  1. Je confirme : les Séquences du vent de Peter Eà¶tvos, c’est vraiment du vent.
    Les Quatre caprices de Gyà¶rgy Kurtag étaient à  peine mieux.

    Torso III de Mà¡rton Illés est nettement plus intéressant. Un détail remarquable (parmi d’autres) dans cette pièce : la durée des silences, vraiment très longs. Pour l’un d’entre eux, quand j’en ai eu assez d’attendre j’ai commencé à  compter les secondes dans ma tête, et il s’est écoulé douze secondes de silence en plus de tout ce que l’on avait déjà  attendu !

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