Festival Estival Des Grandes Orgues

Nous l’attendions tous avec impatience ce concert annoncé pour le 19 juin 2007, couronnant la prestigieuse série des six concerts du 18 ême festival d’Orgue de Saint-Eustache à  Paris ! Et…nous en sommes témoins « La révolte des Orgues » a bien eu lieu !

Ce titre éclatant et intrigant, c’est celui de l’opus 69 composé par Jean Guillou, compositeur, et organiste titulaire des grandes Orgues de l’église Saint-Eustache. L’œuvre est conçue pour grand orgue, huit orgues positifs, percussions et un chef, et, comme l’explique son auteur dans le programme du concert: « La Révolte des Orgues » trouve son origine avec ma conception de l’orgue construit dans la nouvelle salle de concert de Tenerife. C’est en ayant décidé de sa composition, de la taille des tuyaux, de leur emplacement en huit buffets disposés autour du public et de la fourniture de huit claviers supplémentaires, que j’avais conçu le projet de cette composition. » La premiêre audition de l’œuvre a été donnée dans la basilique de Landsberg, prês de Mà¼nich, le 12 mai 2007. Et c’est au coeur de Paris en l’église Saint –Eustache, le 19 juin 2007 qu’assistaient à  sa création en France les nombreux privilégiés et grands amateurs de musique d’orgue. Ils s’en souviendront longtemps ! En effet, s’il nous arrive parfois d’entendre les grandes orgues dialoguer avec divers dispositifs orchestraux et vocaux, il est asez rare de voir cet instrument grandiose, associé à  huit autres orgues sous une seule et même nef, pour interpréter avec les percussions, sous la direction d’un chef, un « Poême symphonique » si éloquent, si singulier !


Pour l’auditeur qui pénétrait dans cette immense église, déjà  comble, juste quelques instants avant le début du concert, il fallait de toute façon, se glisser tout au fond du choeur, ou vers les bas côtés, là  où¹ finalement ne restaient que quelques places Au centre, et au bout de la nef, attendait dans sa majesté, la console du grand orgue, un peu plus à  droite, les percussions, et enfin les huit orgues positifs,(tous transportés d’Allemagne), disposés dans la nef autour du public, le « cernant » en quelque sorte à  sa grande surprise. L’évênement est bien celui-ci : innover en réunissant une telle formation, jamais encore entendue, et renouer en même temps avec la tradition, celle de l’orgue antique qui jouait « à  proximité du public » comme aime à  le rappeler le compositeur. A cela on peut ajouter une autre approche « spatiale » de la musique La dispostion ingénieuse des instruments, le son évoluant par conséquent de façon différente dans l’espace, les interprêtes eux-mêmes se déplaçant d’un instrument à  l’autre, tout cela confère un aspect três dynamique et plutôt inhabituel, à  la soirée musicale…Le public cerné par les orgues se trouve en quelque sorte au centre d’un nouvel orgue gigantesque, puissant, démultiplié et mêlé aux percussions et donc quasi « percussif » en quelque sorte… Comme on peut l’être au milieu des tuyaux lorsque l’orgue joue de tous ses jeux. Il y aurait beaucoup à  dire sur le mot révolte, et l’étymologie nous serait d’un grand recours, l’auteur, lui, fait référence aux étymologies, latine mais aussi italienne, d’où¹ les notions différentes qu’il suggêre comme « revenir », « dérouler un manuscrit », « bouleverser ». En outre il explique : Intérieurement je déroule le manuscrit des mille épisodes de l’orgue cultuel à  travers les siêcles, celui aussi de la petite histoire três confuse secrête et souvent tourmentée, mais également glorieuse ou héroù¯que des organistes d’église. Je feuillette et fais s’envoler les mille rencontres et les ballottements intriqués d’un titulaire au milieu de sociétés que ni la religion, ni l’art, n’auront policées; je consulte les Mà¢nes de Monsieur Ktesibios pour essayer de raconter à  ma maniêre les Flà»tes et les Chalumeaux des origines et celles de Pan, et retourner aux aprês-midi du Faune (extraits du programme du Concert « Révolte des Orgues », 19 juin 2007) Venus des différentes villes européennes, Cologne, Landsberg, Vérone, Nuremberg, Padoue, Munich, Palerme, Porto, Rome, Leipzig, Westminster, Paris, de prestigieux musiciens se sont « insurgés » ensemble pour célébrer un hymne à  la beauté, tout à  tour murmurant et fracassant, parfois mystérieux ou mélancolique. Se sont mêlés de maniêre inattendue à  cette fête musicale, l’éclair et les grondements du tonnerre, mais cet orage qui voulait jouer… de concert, fut bref ! C’est aussi sur un crescendo, que les œuvres nous furent servies et …quel programme ! Allant du jeu du soliste, au duo, puis s’amplifiant jusqu’au quintet (d’organistes) pour finir en apothéose en ensemble orchestral pour huit orgues positifs, percussions, grand orgue et un chef. Les œuvres jouées en solo par l’organiste titulaire des Grandes Orgues de Saint-Eustache étaient: trois sonates de Scarlatti et le concerto pour violon en ré Majeur de Vivaldi,(transcription de Jean Guillou) L’œuvre en duo choisie était le Concerto pour 2 claviers de Wilhelm Friedemann Bach, joués sur 2 positifs. Le quintet des organistes interpréta le concerto pour 4 claviers et orchestre de Jean-Sébastien Bach, joué par 4 positifs et le grand orgue dans le rôle de l’orchestre . Et enfin l’ensemble des onze musiciens interpréta « La révolte des Orgues ». ( Avec les organistes : Jean Guillou, Paris – Winfried Bonig, Cologne – Roberto Bonetto, Verone – Bernhard Buttmann, Nuremberg, – Silvio Celeghin, Padoue, -Jurgen Geiger, Munich, – Anton Phibes, Palerme, – Gianpaolo Di rosa, Porto, Rome, – Jurgen Wolf, Leipzig, – Johannes Skudlik, Landsberg, et aux percussions: Hélêne Colombotti, Paris, sous la direction de : Johannes Skudlik, Landsberg) Mais comment mettre un point final à  un tel concert, si ce n’est par une improvisation magistrale comme Jean Guillou en connaît le secret ? Esquissée en des traits fulgurants, celle-ci permit d’achever la soirée musicale « con fuoco »… L’opus 69 de Jean Guillou, semble bien nous suggèrer avec grà¢ce et éclat qu’il n’est pas vain de se pencher sur les manuscrits du passé, creusets de science et de sagesse, prétextes en tous cas à  toutes réflexions et prospections créatrices. Cette fois-ci le mot de la fin serait-il italien : « rivolgimento » ? C’est-à  dire bouleversement… intégral (!) Pour tout auditeur de ce concert exceptionnel ! Certes, oui. Et « bouleverser » n’est-ce pas aussi déjà  émouvoir et composer l’avenir ? Emilie A.

6 réflexions sur « Festival Estival Des Grandes Orgues »

  1.  »on peut espérer revivre cette soirée assez vite sur une des chaînes musicales télévisuelles ou en DVD. »
    Merci de nous le signaler !

  2. C’est vrai qu’un concert symphonique d’orgues n’est pas commun, mais même au plus fort du tutti, orgues et percussions comprises, la puissance de la musique était tout à  fait audible et en rien assourdissante ! Elle fut dirigée de telle façon
    que l’auditoire pu en saisir les nuances les plus fines, dans ses pianissimo comme les plus accentuées dans les crescendo et diminuendo, on peut parler d’ une musique très architecturée, pensée dans l’espace justement…D’ailleurs imagine le vaste vaisseau d’une cathédrale, on ne peut espérer "une auguste caisse de résonance" plus appropriée pour ce genre plutôt grandiose ! D’autre part l’œuvre est construite de telle façon que tous les instruments dialoguent et s’expriment à  tour de rôle les uns avec les autres ou ensemble, les orgues "positifs", d’une part avec le grand orgue mais aussi avec les percussions, les " tutti fff " même si il y en a, sont aussi limités dans le temps ! …Les mélomanes curieux pourront d’ailleurs consulter la partition éditée déjà  chez Schott…et vu le nombre de preneurs de son, de cameramen "pro" , qui étaient présents ce soir là , on peut espérer revivre cette soirée assez vite sur une des chaînes musicales télévisuelles ou en DVD.

    M.

  3. Moi ce qui m’impressionne, c’est ce concert symphonique d’orgues…le tutti doit etre grandiose, mais bonjour les oreilles !
    Pire qu’un concert de rock, pour ce qui est des decibels !

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